| FRINGANT, ANTE, adj. A.− [En parlant d'un cheval] Vif, alerte, plein de vigueur; qui se plaît à gambader. Et au premier détour j'aperçus Yvonne De Galais, montée en amazone sur son vieux cheval blanc si fringant ce matin-là qu'elle était obligée de tirer sur les rênes pour l'empêcher de trotter (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 261).Ils sont très habiles maquignons, ils arrivent à faire d'un vieux roussin une bête fringante, au moins pendant les heures du marché (T'Serstevens, Itinér. espagnol,1963, p. 95). ♦ P. anal. Je voyais des biches et un fringant broquart dresser l'oreille en me regardant, prêt à détaler, une patte en l'air (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 394). − P. méton. [En parlant d'une voiture attelée] Je reconduis la charmante rosse, qu'attend à la porte une fringante voiture découverte, attelée de deux chevaux aux floquets de rubans et conduits par un cocher aux bottes à revers (Goncourt, Journal,1893, p. 394). ♦ P. anal. La fringante locomotive du « Pittsburg-Fort-Wayne-Chicago-rail-road » partit à toute vitesse, comme si elle eût compris que l'honorable gentleman n'avait pas de temps à perdre (Verne, Tour monde,1873, p. 188). B.− [En parlant d'une pers., de sa manière d'être] Vif, alerte, élégant, plein d'allant et de vigueur. Synon. pétulant, sémillant.Andréa, tenant sous son bras un des plus fringants dandys de l'Opéra, lui expliquait assez impertinemment (...) ses projets de vie à venir (Dumas père, Comte Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 510).En juillet, si le soleil brille, Avec tout un peuple fringant, Je vais reprendre la Bastille... (Ponchon, Muse cabaret,1920, p. 75): Sa souplesse était provocante; mais il restait toujours, sous ses gestes fringants, quelque chose d'un peu sec, où se trahissait une violente opiniâtreté, corrigée, assouplie par une longue habitude de séduire, et de séduire par la douceur.
Martin du G., Thib.,Consult., 1928, p. 1077. − Emploi subst. Le café de Djeridi est le cercle le mieux fréquenté d'El-Aghouat, ou, si tu veux, celui des jeunes, des parfumés et des fringants (Fromentin, Été Sahara,1857, p. 178).Ce que nous en disons est, espérons-nous, pour dissuader de nous répondre les spécialistes du « plaisir », les collectionneurs d'aventures, les fringants de la volupté (Breton, Manif. Surréal.,2eManif., 1930, p. 173). ♦ Faire le fringant. Faire preuve de vitalité, d'élégance, de pétulance. Aujourd'hui que personne ne veut être vieillard, que personne ne l'est et que l'on fait le fringant à 70 ans, est-il encore de tels pères [que ceux de l'antique Rome]? (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 9, 1864, p. 196). − P. ext. Qui manifeste, évoque la vivacité, l'élégance. ♦ [En parlant d'un attribut de la pers.] Ce terrible garçon (...) qui s'en allait dans la vie le nez en l'air, la moustache hérissée, portant avec crânerie (...) son nom bizarre et fringant de Heurtebise (A. Daudet, Femmes d'artistes,1874, p. 25).Oui, j'avais su préserver en moi (...) jusqu'aux approches de ma quatre-vingtième année, une sorte de curiosité, d'allégresse presque fringante, que j'ai peinte du mieux que j'ai pu dans mes livres (Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1168). ♦ [En parlant d'un produit, d'une œuvre] M'ennuyant de ne pouvoir avaler ce clair et fringant vin de Sauterne avec lequel cette abeille au corsage coupé, la vicomtesse de Saint-M., aimait à envoyer promener son rouge de toilette (Barb. d'Aurev., Memor. 2,1838, p. 297).Un allegro fringant (...) permet (...) d'introduire pour l'entrée de la reine du bal un pas de mazurka (Levinson, Visages danse,1933, p. 113). Prononc. et Orth. : [fʀ
ε
̃gɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. V. fringuer. Fréq. abs. littér. : 100. Bbg. Duch. Beauté. 1960, p. 175. − Lew. 1960, p. 13, 157, 252. |