| FRELATER, verbe trans. A.− Altérer la pureté de denrées alimentaires, en particulier de boissons, en y incorporant des substances étrangères. Frelater des vins. Les marchands craindraient de se faire montrer au doigt, s'ils vendaient quelque denrée sans la frelater (About, Grèce,1854, p. 116): 1. ... ils s'en prennent aussi (...) aux laitiers, qui frelatent le lait et trempent leurs fromages dans du bouillon gras pour leur donner un aspect onctueux...
Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 76. − Emploi pronom. S'altérer. Le vin se frelate (Queneau, Si tu t'imagines,1952, p. 334). B.− Au fig. Faire perdre à une chose ce qu'elle a de pur et de naturel. À chaque instant, ce sont de vives et spirituelles allusions à ces gens « qui frelatent la parole de Dieu »... (Renan, St-Paul,1869, p. 445): 2. Tout ce qui procure une griserie artificielle, tout ce qui frelate, déprave et vicie la nature, je m'en suis toujours farouchement détourné.
Gide, Journal,1935, p. 1222. Prononc. et Orth. : [fʀ
əlate], (il) frelate [fʀ
əlat]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 2emoitié du xives. « transvaser (un liquide) » (Archives du Nord, B 3328, fo25 ds IGLF); 1515 « transvaser (du vin) » (G. Cretin,
Œuvres poétiques, éd. Kathleen Chesney, p. 286, 140); 2. a) 1546 fig. « altérer la nature de quelque chose (la vie, le cœur, etc.) » (Rabelais, Tiers Livre, XXVIII, éd. M. A. Screech, p. 199); b) 1660 « mêler de substances étrangères, altérer, falsifier » (Oudin). Empr. au m. néerl. verlaten « transvaser » (Verdam) (Romania t. 59, 1933, p. 567); cf. FEW, t. 17, p. 423. Fréq. abs. littér. : 59. DÉR. Frelatage, subst. masc.Action de frelater; résultat de cette action. À M. le Chevalier de Rossi. − (...) une bouteille de vin de Champagne ou de Bordeaux coûte jusqu'à huit roubles (...). Dans les plus riches maisons même, je bois avec une extrême prudence, car on commence à sentir le frelatage (J. de Maistre, Corresp.,1808-10, p. 226).Rem. On dit aussi frelaterie, subst. fém.Aujourd'hui, cette frelaterie des produits, cette adultération criminelle a gagné le commerce intérieur et le commerce des choses les plus nécessaires à la vie (Balzac,
Œuvres div.,t. 3, 1836-48, p. 549). − [fʀ
əlata:ʒ]. Ds Ac. 1835-1932. − 1resattest. a) 1655 fralatage « action de transvaser » (N. de Bonnefons, Les délices de la campagne, 52 ds Fr. mod. t. 42, p. 280), b) 1684 frelatage « action d'altérer (du vin) » (Jardin. franç., II, 45 ds DG); de frelater, suff. -age*. |