| FREDAINE, subst. fém. Gén. ds le domaine sentimental ou sexuel.Écart de conduite. Faire une fredaine, ses fredaines; fredaine amoureuse, de jeunesse. (Quasi-)synon. aventure, folie, frasque(s).Il [Saint-Just] eut des amourettes, il fit quelques fredaines (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 5, 1851-62, p. 335).Ma mère (...) la plaignait de son infortune − suite des fredaines de son père ruiné par la duchesse de X... − infortune qui la forçait à vivre presque toute l'année à Combray (Proust, Fugit.,1922, p. 596).J'avoue n'avoir pas votre indulgence et tout à l'heure encore, je reprochais à Olivier de me parler sans cesse des fredaines de sa femme (Aymé, Quatre vérités,1954, p. 147):« Mon cher Édouard,
Je veux bien tout oublier. En te quittant, j'ai su ta fredaine, et que ton manteau y est resté. J'ai aussitôt agi auprès de qui de droit, et étouffé le bruit qui commençait à se répandre vigoureusement. Le plus pressé était d'amadouer monsieur le pasteur Latour, parent de ta future, et j'y suis parvenu. Rien n'est gâté. Une fois que tu as avili cette fille, je pense que tout est dit de ce côté. Tu leur dois quelque dédommagement, et je m'en charge. Mais plus d'incertitude ni de délais. Nous terminons demain, et à ce prix (tu n'es pas bien à plaindre) tu retrouves l'héritage et l'amitié de ton affectionné parrain. »
Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 323. Rem. L'emploi de fredaine implique une idée de condamnation légère et/ou indulgente. Prononc. et Orth. : [fʀ
ədεn]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. [1. Début du xives. [f]ridainne « chose sans importance » (Pamphile et Galatée, éd. J. de Morawski, 1017 [ms. : tridainne])]; 2. 1420 faire des fredaines « se comporter avec arrogance, faire l'important » (Doc. ds Du Cange, s.v. fredare); 3. 1547 « mauvais tour, mauvaise façon d'agir » (N. du Fail, Propos rustiques ds
Œuvres facétieuses, éd. J. Assézat, t. 1, p. 100). Prob. empr., avec affaiblissement du sens, à l'a. prov. fradin subst. « scélérat » (ca 1060, Ste Foy, éd. E. Hœpffner, 11), issu du got. *fra-aitheis « téméraire, rebelle », que l'on restitue d'après l'a. h. all. freidic « id. » (Graff t. 3, col. 792; Schützeichel2); cf. également, en a. prov., fradel subst. « pauvre, misérable » (Ste Foy, 99) et « scélérat » (cf. M. Pfister, Lexikalische Untersuchungen zu Girart de Roussillon, p. 478), de même orig. que fradin (xiies. ds Rayn.). Fréq. abs. littér. : 71. Bbg. Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 420; t. 2 1972 [1925], p. 11. − Spitzer (L.). Frz. fredaine. Z. rom. Philol. 1936, t. 56, pp. 72-77. |