| FRANGIN, INE, subst. A.− Familier 1. Copain, camarade. − Tu peux causer devant Mélanie. Il n'y a pas de danger; c'est une frangine (Bruant1901, p. 20).Il (...) flanque sur l'épaule de Prosper une tape à assommer un bœuf. « Ce vieux frangin! » L'autre reste un instant abasourdi, puis rigole. C'est vrai, Kenel, c'est comme un frère (Dabit, Hôtel Nord,1929, p. 120). 2. Frère, sœur. Celui qui la regarde, ça doit être sûrement son frangin, il lui ressemble avec de la barbe (Céline, Mort à crédit,1936, p. 253). B.− Arg., au fém., ,,Maîtresse`` (Esn. 1966). ,,Religieuse, sœur`` (Esn. 1966). Femme en général (d'apr. Simonin, Pt Simonin ill. par l'ex., Paris, Gallimard, 1968). − Arg. milit. ,,Infirmière`` (Dict. termes milit., 1916). Prononc. : [fʀ
ɑ
̃
ʒ
ε
̃], fém. [-in]. Étymol. et Hist. 1. 1821 frangin « copain, camarade » (Ansiaume, Arg. Bagne Brest, fo9 ro, § 180); 1833 « frère » (Moreau-Christophe, Article « Argot » du Dict. de la conversation, t. 3, p. 60); 2. 1821 frangine (Ansiaume, op. cit., § 181). Orig. obsc. Un empr. à l'arg. piémontais franzino « id. » (Bl.-W.5) n'est pas prouvé, le mot piémontais ayant aussi bien pu être empr. à l'arg. fr. (v. Dauzat Ling. fr., p. 290). Il en est de même pour un empr. au canut lyonnais, où le mot serait dér. de frange* (frangin signifiant proprement « ouvrier qui fait des franges »), hyp. de Dauzat loc. cit. : Du Puitsp. voit dans le mot canut un empr. à l'arg. fr. Un dér. de frange*, suff. -in*, à cause de la tradition qui aurait voulu que les enfants français d'une même famille aient la même coupe de cheveux (L. Spitzer ds Rom. R. t. 32, pp. 296-299) n'est pas convaincant. Il s'agit prob. d'un mot issu d'un croisement de frère* avec franc3*, le suff. étant inexpliqué (FEW t. 3, p. 764a et 768a, n. 3), les mots d'arg. signifiant « frère » ayant subi beaucoup de déformations dans toutes les lang. (cf. Esn., s.v. frangin). Fréq. abs. littér. : 18. Bbg. Chautard (É). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 642. − Gebhardt (K.). Les Francoprovençalismes de la lang. fr. R. Ling. rom. 1974, t. 38, p. 194. − Hope, 1971, p. 446. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 151, 254, 264, 293. |