| FRACAS, subst. masc. A.− Bruit résultant d'un choc ou d'une rupture violente. Dès qu'il [Péguy] sentait la résistance, tout éclatait comme un cristal, et l'on entend tout au long de sa vie ce fracas de verre qui se brise (Tharaud, Péguy,1926, p. 210).Laisse-moi seul... (le cendrier lui échappe des doigts et tombe sur la tasse vide, qui se brise avec fracas.) (Martin du G., Taciturne,1932, III, 9, p. 1348). − P. ext. Grand bruit comparable à celui que fait quelque chose en se cassant. Avec le bruit du tonnerre et le fracas de l'orage (Bonald, Essai analyt.,1800, p. 70).Les portes s'ouvrirent avec fracas (About, Nez notaire,1862, p. 141). − P. métaph. Confusion d'objets et de couleurs : 1. Au cruel fracas des trop vives couleurs [de l'art Japonais],
Dieux, héros, combats, et touffus gynécées,
Je préférerais, d'entre les œuvres leurs,
Telles scènes d'un bref pinceau retracées.
Verlaine,
Œuvres compl.,t. 3, Épigr., 1894, p. 223. B.− Au fig. Tout ce qui ressortit au tumulte et à l'agitation. À grand fracas; faire (du) fracas; sans fracas. Ma vie, c'est la vôtre; car, vous qui me lisez, vous n'êtes point lancés dans le fracas des intérêts de ce monde (Sand, Hist. vie,t. 1, 1855, p. 28).Michel-Ange, Rubens, Delacroix et Van Gogh sont, certes, de beaux orages dont les éclats font écho, admirablement, au fracas de l'époque actuelle (Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 158).Le fracas des actions qui s'accomplissent au grand jour les couvre ou les arrête (Sarraute, Ère soupçon,1956, p. 86). − P. ext. Bruit ou éclat que fait une personne pour attirer l'attention : 2. ... au bal masqué, l'on entre avec fracas,
La curiosité de tous hâte les pas :
Les hommes viennent voir; les femmes, au contraire
D'un spectacle gratis régalent le parterre.
Nerval, Faust,1840, p. 27. ♦ Expr. fam. Sans pertes ni fracas. Un coup de téléphone, et hop! le perturbateur est expulsé sans pertes ni fracas (Queneau, Pierrot,1942, p. 54). Rem. On emploie souvent le mot fracas pour désigner un retentissement fâcheux. Crois-moi : le calme heureux d'une ame irréprochable, Vaut bien tout le fracas d'une gloire coupable (Delille,
Œuvres posth., 1813, p. 193). L'ignoble article de Sanier, que la Voix du Peuple avait publié le matin, ces révélations fangeuses, ne comptait même plus, n'obtenait que des haussements d'épaules, tellement le public, nourri de boue, saturé de dénonciations et de calomnies, était las de ces scandales à fracas (Zola, Paris, t. 2, 1897, p. 202). Prononc. et Orth. : [fʀaka]. Mais [ɑ] à la finale ds Fér. Crit. t. 2 1787, Land. 1834, Gattel 1841, Besch. 1845, Littré, DG, Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930. [a] ds Dub., Pt Rob., Warn. 1968 et Lar. Lang. fr. Cf. -as. Enq. : /fʀaka, (D)/. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1611 « action de briser; grand bruit » (Cotgr.). Déverbal de fracasser* plutôt qu'empr. à l'ital. fracasso (Bl.-W.5; EWFS2) : cf. tracasser/tracas. Fréq. abs. littér. : 854. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 096, b) 1 301; xxes. : a) 1 208, b) 1 272. |