| * Dans l'article "FOUTRE1,, verbe trans." FOUTRE1, verbe trans. A.− Trivial. Posséder charnellement. Synon. baiser (vulg.), enculer (trivial).La femme (...) est en rut et veut être foutue. Le beau mérite! (Baudel., Cœur nu,1867, p. 643).Je suis ce soir, au chemin de fer, à côté d'un ouvrier complètement saoul, qui répète à tout moment : « Non, je ne la foutrais pas, quand on me donnerait tout Paris... oui, tout Paris, non, je ne la foutrais pas! » (Goncourt, Journal,1872, p. 900). ♦ Emploi abs. Faire l'amour. Synon. baiser (vulg.).Plus l'homme cultive les arts, moins il bande (...). Foutre, c'est aspirer à entrer dans un autre, et l'artiste ne sort jamais de lui-même (Baudel., Cœur nu,1867p. 663): 1. M. de Lameth, qui avait conservé dans un âge très avancé la puissance ithyphallique, disait que, dans sa jeunesse, il bandait tous les jours, mais ne foutait que le dimanche.
Mérimée, Lettres F. Michel,1870, p. 46. − Au fig., vulg. ♦ Envoyer (qqn, qqc.) (se) faire foutre. Envoyer promener (qqn, qqc.). Le grec va marcher de nouveau et si, dans deux ans, je ne le lis pas, je l'envoie faire foutre définitivement (Flaub., Corresp.,1845, p. 182). ♦ Aller se faire foutre. [S'emploie pour signifier à qqn qu'on ne veut plus le voir, qu'on ne veut plus entendre parler de lui] Synon. aller se faire fiche/voir.L'infortunée Mars, dont on n'avait pu tirer une parole jusque-là, se retourne tout à coup et répond : Va te faire f...tre! (Delécluze, Journal,1825, p. 96).Avez-vous besoin de quelque chose? demande [le geôlier] (...) − Non. − En ce cas, allez vous faire f..., et il referme la porte ([L'Héritier],Suppl. Mém. Vidocq, t. 2,1830,p. 5). ♦ Va te faire foutre. [S'emploie pour présenter un fait ou une situation comme contraire à ce qui était attendu] . Synon. penses-tu, va te faire fiche (fam.).Si je retrouvais quand je prends la plume les choses qui me passent dans la tête et qui me font dire, à part moi : « Je lui écrirai ça », tu aurais vraiment peut-être des lettres amusantes. Mais, va te faire foutre, cela s'en va aussitôt que j'ouvre mon carton (Flaub., Corresp.,1850, p. 250). B.− Vulg. Emploi trans. sans compl. explicité. [Le compl. réfère à une activité] Faire. Qu'est-ce que tu fous? Synon. fabriquer, fiche/ficher (fam.).Vous v'là, eh! Salauds! Tas de cochons, qu'est-ce que vous venez foute ici? (Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 6etabl., III, p. 259).Qu'est-ce que tu veux que je foute d'un couteau, je suis jardinier, moi, dans le civil (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 180). − [Le compl. est explicité] Foutre la zizanie, la pagaille. Synon. fiche/ficher (fam.).Comme j'foutais plus d'ouvrages que les autres, j'm'ai vu en avant. Les autres élargissaient et consolidaient derrière (Barbusse, Feu,1916, p. 216).Après sept heures, pour rembobiner, c'est un monde! Y en a trop qui foutent le bordel (Céline, Mort à crédit,1936, p. 163). − Locutions ♦ Ne pas en foutre une datte, une rame, une secousse. Ne rien faire. Le boucher le regardait avec malice : − M'sieu est-il chargé d'la cuistance? − Un peu, dit Gaspard, les aut' veulent pas en foute une datte! (Benjamin, Gaspard,1915, p. 32). ♦ En foutre un coup. Travailler dur (cf. Bruant 1901, p. 425). ♦ Qu'est-ce que ça fout? Qu'importe! Qu'est-ce que ça fout, tout cela? il n'y a de défaites que celles que l'on a tout seul devant sa glace, dans sa conscience (Flaub., Corresp.,1853, p. 178). ♦ Qu'est-ce que j'ai/tu as, etc., à foutre (de qqc.)? En quoi cela me/te, etc., concerne? Tu as bien signé une feuille d'embauche (...) je m'en tape, moi, de leur feuille d'embauche. Qu'est-ce que j'ai à en foutre? Je l'ai jamais lue (Simonin, Bazin, Voilà taxi!1935, p. 14). ♦ N'avoir rien à foutre de (qqc., qqn). N'avoir cure de (quelque chose). Ces deux Espagnols, la barmaid m'en a dit deux mots, un soir, mais j'en avais rien à foutre, de ces mecs (Simonin, Touchez pas au grisbi,1953, p. 208). ♦ Foutre le camp S'en aller promptement. Foutez le camp d'ici. Synon. déguerpir, fiche/ficher le camp (fam.).Il a foutu le camp comme si le diable le fouaillait (Barbey d'Aurev., Memor. 2,1838, p. 285).Mes paquets sont faits et demain matin, je fous le camp, en attendant que je foute autre chose (Flaub., Corresp.,1878, p. 111).S'altérer, se dégrader, tomber en ruines. Tout fout le camp avec la république. Vous pensez bien qu'à mon âge, on ne peut plus recommencer à faire sa vie (Goncourt, Journal,1870, p. 651).Tu finiras par y laisser la peau. Regarde, tu as les yeux injectés, le teint jaune, le ventre qui fout le camp, les jambes molles et je ne dis rien de ton foie (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 44). C.− Vulg. [Accompagné d'un compl. prép. locatif; avec indication de mouvement] Envoyer, mettre (quelque chose, quelqu'un) quelque part; en partic. jeter brusquement, violemment. Foutre qqn à la porte; foutre en l'air, par terre. Synon. flanquer (fam.), fiche/ficher (fam.), jeter.− Voilà le dénoûment, dis-je. Brûlons! Je reste. − On me foutrait en prison, dit Antoine qui sort (Renard, Journal,1909, p. 1225): 2. − D'abord, toi, n'en faut plus, tu es trop laid. Dans la société future, il n'y aura plus de boscos. On les fout à l'eau en naissant.
Rolland, J.-Chr.,Buisson ard., 1911, p. 1306. − [Avec un datif éthique] Foutez-moi ça au feu. Fouts-moi toutes ces canailles-là à la porte quand ils se présentent (Flaub., Corresp.,1853, p. 241).Mais il recula devant la troisième [assiettée], que le fermier voulait lui faire manger de force, en répétant : « Allons fous-toi ça dans le ventre. T'engraisseras ou tu diras pourquoi, va, mon cochon! » (Maupass., Contes et nouv.,t. 2 St-Antoine, 1883, p. 195). − Loc. Foutre qqc. plein + compl. locatif avec ou sans prép. Mettre en grande quantité. Foutez-moi des grenades plein vos poches et en bas! (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 243).Emploi pronom. réfl. indir. S'en foutre plein la panse. − Les officiers ne disaient trop rien quand on chapardait? − I' s'en foutaient eux-mêmes plein la lampe, et comment! (Barbusse, Feu,1916, p. 37). ♦ Au fig. En foutre plein la vue à qqn. Épater quelqu'un. Foutre (qqn) dedans, se foutre dedans (cf. ce mot I B 3). Foutre (qqn) sur la paille*. − Emploi pronom. réfl. Synon. de s'envoyer, se flanquer (fam.), se fiche (fam.).Se foutre en bas d'une échelle. Ah, j'aurais donné dix francs pour être là à le surveiller quand il irait se foutre à l'eau, je l'aurais laissé faire, ah oui! (Giono, Baumugnes,1929, p. 199). D.− Vulg. [Avec un compl. prép. désignant un état phys. ou psychol.] 1. [Le compl. est un subst.] Mettre (quelqu'un) dans tel ou tel état. Il m'a foutu en boule; ça le fout en colère. − Et les Boches, ils n'en ont pas de canons, non? Tas de vieux jetons. Ça me fout en rogne d'entendre ça (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 173).Après, un coup de tonnerre sec qui me fout au garde à vous, raide comme la justice, et un bruit doux de soie froissée (Giono, Baumugnes,1929p. 112).Maman en plus, et sa guibole, ça le foutait à crans pour des riens (Céline, Mort à crédit,1936, p. 68). − Emploi pronom. Se mettre dans un état tel ou tel. Se foutre en colère, à poil*. − Loc. Ça la fout mal. Ça a mauvais aspect, c'est ennuyeux, regrettable. « Où que vous allez, vous autres? » − « Sais pas... le capiston attend des ordres. » − « Ça la fout mal, hein? » − « Oui, plutôt... paraît qu'on a signalé des Uhlans, au nord... » (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 750).Ça la fout mal, le dimanche, quand Fred sort avec ses copains. À propos de copains, Max Bartolomi ne vaut pas tripette (H. Bazin, Mort pt cheval,1949, p. 49). 2. [Le compl. est un inf.] Rare. Faire que quelqu'un se mette à faire quelque chose. Ça le fout à roter l'effort (Céline, Mort à crédit,1936, p. 329). − Emploi pronom., usuel. Se mettre à faire quelque chose. Se foutre à crier. « Je suis fâché avec une putain que j'adore et je viens de la chasse avec des amis... eh bien, quand un lapin partait, au lieu de tirer dessus, je me foutais à pleurer » (Goncourt, Journal,1883, p. 285). E.− Vulg. [Avec un compl. datif] 1. Donner. Je t'en fous mon billet*. Synon. fiche/ ficher (fam.).Un médecin y t'en foutrait pour quinze francs de drogue et puis de la diète, en veux-tu en voilà. Ça, c'est le médecin des pauvres (Giono, Colline,1929, p. 104).− Voilà que ça la reprend, foutez-lui à boire pour la faire taire et enfermez-la dans un placard! (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 88).Qu'est-ce qui m'a foutu des goinfres pareils, qu'ils sont toujours à sangloter dans mon gilet, ces cochons goitreux! (Aymé, Tête autres,1952, p. 215). − Locutions ♦ Je vous/t'en foutrai (de qqc.). [S'emploie, accompagnant une reprise partielle des propos de l'interlocuteur, pour marquer le désaccord, la désapprobation du locuteur] Il lui faut ses dix heures de pucier, tout comme à un mignard. Sans ça, monsieur a la cosse toute la journée. − J'ten foutrai, moi! gronde Lamuse (Barbusse, Feu,1916, p. 25).Une marque de fabrique! On t'en foutra des marques de fabrique! Ce n'est pas une marque de fabrique, c'est un garçon de café (Claudel, Lune,1949, p. 1284).Ils se disent : pauvre Paul n'a pas eu de veine, et ils se frottent en pensant à moi. Je leur en foutrai, tiens, du pauvre Paul (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 110). ♦ Je t'en fous. [S'emploie après une question rhétorique pour détromper le destinataire] Synon. penses-tu.Ils [les officiers] couchent les types sur la route et ils passent dessus avec des camions (...) Tu crois qu'ils achèveraient les types? Je t'en fous (Sartre, Mur,1939, p. 13). 2. [Le compl. désigne une action nuisible ou désagréable pour qqn] Donner. Foutre un coup de poing à qqn; il lui a foutu une torniole; foutre une volée; foutre son pied au cul* de qqn; foutre un procès, une contravention. Synon. flanquer, fiche/ficher (fam.).Je vais maintenant lui foutre une belle vérole! (Flaub., Corresp.,1878, p. 139).C'est une boule de pain en rab, elle est moisie. Si tu manges le bleu, ça te fout la chiasse... (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 235): 3. − Regardez-le-moi, toujours en train de faire des grimaces. Je te lui foutrais mon balai par le travers de la gueule quand je le vois s'amuser comme ça.
Queneau, Loin Rueil,1944, p. 56. − P. ell. Foutre sur la gueule (à qqn). Frapper quelqu'un, se battre avec quelqu'un. − Mon capitaine, dit Gaspard, j'demande à r'partir tout de suite foute su la gueule aux Boches! (Benjamin, Gaspard,1915, p. 128).Batiss' avait foutu sus l'gueule à un flic (M. Stéphane, Ceux du trimard,1928, p. 162). − Emploi pronom. réciproque. Se donner. Synon. se flanquer, se fiche/ficher (fam.).N'empêche qu'on s'abordait dans la tranchée, et qu'on se foutait de rudes coups de pelle sur la gueule (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 50).Eux-mêmes!... Ils se foutaient des raclées terribles (Céline, Mort à crédit,1936, p. 599). 3. [Le compl. désigne un état psychol. ou phys., une situation] Mettre (quelqu'un) dans tel ou tel état. Ça me fout la trouille, le trac. Synon. donner, flanquer, fiche/ficher (fam.).Que nous foutait à tous, que Dreyfus ait ou non trahi? (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1906, p. 153).Je voudrais vous contenter. Seulement j'ai pas l'habitude, c'est dur, ça me fout le cafard (Bernanos, Imposture,1927, p. 476).Il m'en foutait la berlue, tellement qu'il s'embarbouillait dans ses propres explications (Céline, Mort à crédit,1936p. 155). − Locutions ♦ Foutre la paix (à qqn). Laisser (quelqu'un) tranquille. Je vas vous démolir, moi, dans votre chalet!... Nom de Dieu! Voulez-vous me foutre la paix! (Zola, Assommoir,1877, p. 783).Et voilà ce jour du Seigneur, ce dimanche qui m'est dû. Elle me foutra une paix royale, la mégère! (H. Bazin, Vipère,1948, p. 250). ♦ Foutre un enfant à qqn. Faire un enfant à quelqu'un. Il lui jetait d'un bout de la table à l'autre : « Si tu continues, ce soir, je te fous un enfant » (Goncourt, Journal,1882, p. 185).La vierge Lorraine! Je lui fouterai un gosse de force (Montherl., Celles qu'on prend,1950, II, 6, p. 811). F.− Vulg. Emploi pronom. 1. [Avec un compl. introduit par de] Ne pas se soucier, se moquer (de quelque chose, de quelqu'un). On s'en fout; ils se foutent de nous. Synon. se fiche/ficher (fam.), se balancer de (fam.).Mon petit Mithoerg, nous nous en foutons inexprimablement, de Janotte... N'est-ce pas petite fille?... (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 29).− Qu'est-ce que nous allons devenir? il n'y eut aucune réponse; les types se foutaient de ce qu'ils allaient devenir (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 96).− M'en fous, Grégoire, m'en contrefous (Arnoux, Solde,1958, p. 39). − Loc. Se foutre de qqc./qqn comme de l'an* quarante, de colin-tampon*, de sa première chemise, d'une guigne*, d'une pomme (vx). N'avoir cure de quelque chose, de quelqu'un; n'en faire aucun cas. 2. [Avec un compl. propositionnel] Ne pas se soucier que. Maintenant on s'aperçoit que les Américains sont des brutes aussi racistes que les nazis et qu'ils se foutent qu'on continue à crever dans les camps (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 134). REM. Fouteur, subst. masc.,trivial, vx. Homme qui fout, qui aime foutre. Synon. baiseur (vulg.).Un fouteur sentant le sperme qui monte et la décharge qui s'apprête (Flaub., Corresp.,1866, p. 94).Et nous voilà dans la rue du Caire, où le soir, converge toute la curiosité libertine de Paris, dans cette rue du Caire aux âniers obscènes, aux grands Africains, dans des attitudes lascives, promenant des regards de fouteurs sur les femmes qui passent (...) la rue du Caire, une rue qu'on pourrait appeler la rue du rut (Goncourt, Journal,1889, p. 999). Prononc. et Orth. : [fu:tʀ
̥]. La prononc. relâchée se réduit à [fut] à l'inf.; on peut rencontrer la graph. foute (cf. Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, 6etabl., 3, p. 259 et Benjamin, Gaspard, 1915, p. 32, 128). Conjug. : ne s'emploie pas aux temps suiv. : passé ant., passé simple, cond. prés. et passé, subj. imp. et passé. Cf. ficher3, fiche2. Étymol. et Hist. 1. 1175-80 vulg. trans. « posséder charnellement » (Renart, éd. M. Roques, br. XVII, 1568); d'où 1731, avr. pop. se faire f... (cité ds Brunot t. 6, 1124 et note 2); 2. mil. xviies. pronom. « ne pas se soucier de quelque chose; se moquer de » (cité ds A. Adam, Les Libertins au XVIIes., 84 ds Quem. DDL t. 15); 3. a) 1751 vulg. je vous en fous (Vadé, Pip. cass., ch. II, p. 228 ds Brunot t. 10, p. 164 et note 1); b) 1789 trans. foutre son pied [quelque part] (Ibid., note 6); 1790 foutez lui la paix (P. Duch. Royal, pièce 18, ibid., p. 179 et note 5); 4. 1790 foutre le camp (ibid., ibid., p. 181); ca 1791 « mettre brusquement » foutre sur un trône (Nouveau te Deum, ibid., p. 172); 5. 1790, 10 oct. fam. « faire » (P. Duch., noVI, ibid., p. 179 et note 2 : continuez a bien aimer votre femme, elle est foutue pour ça); cf. 1853 (Flaub., Corresp., p. 178 : Qu'est-ce que ça fout tout cela? il n'y a de défaites que celles que l'on a tout seul); 6. 1790 foutant part. prés. adj. « fâcheux » J. Bart, no97 ds Quem. DDL t. 15 (s.v. foutant). Du lat. futuere « avoir des rapports avec une femme ». Bbg. Martinet (A.). Homon. et polysèmes. Linguistique. Paris. 1974, t. 10, p. 39. − Orr (J.). Qq. étymol. « douteuses ». In : Essais d'étymol. et de philol. fr. Paris, 1963, pp. 55-56. − Pauli 1921, p. 46. − Quem. DDL t. 2, 15. − Spitzer (L.). Fr. mod. 1935, t. 3, pp. 180-187. |