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FOURVOYER, verbe trans.
A.− Vieilli. Détourner de la voie. Un prêtre, que l'orage avait fourvoyé dans ces plaines désertes (Sand, Lélia,1833, p. 198).Aujourd'hui l'écueil des Hanois éclaire la navigation qu'il fourvoyait; le guet-apens a un flambeau à la main (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 153).
Emploi pronom. réfl. Se tromper de chemin, s'égarer. Nous [ma cousine et moi] errâmes longtemps sous la lumière des enseignes au néon : nous ne nous décidions pas à choisir. Nous nous fourvoyâmes dans deux bars, mornes comme des crèmeries et nous échouâmes rue Lepic, dans un atroce petit bouge où des garçons de mœurs légères attendaient le client (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 268).
B.− Au fig. Mettre hors de la (bonne) voie; égarer; tromper :
1. ... ces petites intrigues de coteries de théâtres, de salons et de boudoirs, qui ont pour but, et presque toujours pour résultat, de fourvoyer l'opinion publique aux dépens ou au profit de quelqu'un ou de quelque chose. Jouy, Hermite,t. 2, 1812, p. 192.
Emploi abs. Les disputes fourvoient (Sainte-Beuve, Volupté,t. 1, 1834, p. 5).
Être fourvoyé. On avait envoyé Yves dans ce collège de Madrid où il était fourvoyé parmi les fils d'aristocrates et de banquiers (Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1939, p. 269).
Cour., emploi pronom. réfl.
[Suivi ou non d'un compl. (introd. par la prép. dans)] S'engager dans une voie autre que celle normalement tracée ou décidée. Mon petit, le drame n'est pas ton affaire. Nous nous sommes fourvoyés. Essayons du vaudeville. Je crois que dans les comiques tu marcheras très bien (A. Daudet, Pt Chose,1868, p. 291):
2. Restons dans notre chemin, ne renions pas notre passé. Continuons de vivre parmi les gens qui nous estiment, et n'allons pas nous fourvoyer dans un monde où l'on se moquerait de nous. Sandeau, Sacs,1851, p. 2.
Employé absol. Faire fausse route. L'architecte (...) a voulu perfectionner, et il s'est grossièrement fourvoyé (Mérimée, Lettres Panizzi,t. 2, 1870, p. 45).Ce pauvre Jammes s'était complètement fourvoyé (Léautaud, Journal littér.,4, 1924, p. 401).
Rem. Qq. dict. gén. enregistrent le sens de se fourvoyer en vén. ,,S'écarter de la voie et courir un autre cerf que celui de la meute`` (Littré).
REM.
Fourvoyé, ée, part. passé et adj.a) [Correspond à fourvoyer A] Qui s'est égaré. Présumant que c'était quelque palefrenier fourvoyé, l'huissier l'arrêta (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 47).b) [Correspond à fourvoyer B] Une âme fourvoyée. Des hommes fourvoyés, comme Benjamin Constant (Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 597).L'amiral Cunningham tomba d'accord avec moi qu'il fallait tout de suite arrêter l'escadre de Vichy (...). Nous pensions bien, d'ailleurs, que la menace suffirait à faire virer de bord ces bâtiments fourvoyés (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 102).
Prononc. et Orth. : [fuʀvwaje], (il se) fourvoie [fuʀvwa]. Ds Ac. 1694-1932. Conjug. cf. aboyer. Étymol. et Hist. 1160-74 « écarter quelqu'un du bon chemin » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, IIepart., 2389); fin xiies. pronom. (Sermon St Gregoire sur Ezechiel, 123, 11 ds T.-L.). Composé de for-, four-, v. fors et de voie*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 138.
DÉR.
Fourvoiement, subst. masc.,rare. Action de (se) fourvoyer. Après quelques détours et fourvoiements (...) ils atteignirent le Mas d'Engane (L. Daudet, Médée,1935, p. 170).Rem. Les dict. enregistrent le sens fig. de
fourvoiement, au fig. synon. de erreur.Il est tombé dans un étrange fourvoiement (Ac.1835, 1878).
[fuʀvwamɑ ̃]. Ds Ac. 1694-1932; ds Ac. 1694 et 1718, s.v. fourvoyement; ds Ac. 1740-1932 sous la forme mod. Cf. aboiement. 1resattest. [xiiies. favoiement « action de s'égarer » ici fig. (Alexis, éd. Ch. E. Stebbins, 230)], apr. 1465 [ms.] erreur et forvoiement (L'Anonyme d'Angers, Pelerin. de la vie hum., Ars. 2319, fo152 rods Gdf. Compl.); du rad. de fourvoyer, suff. -(e)ment1*.