| FOURRIER, subst. masc. A.− HIST. ANC. Officier de la suite d'un prince chargé d'assurer vivres et logement de la Cour en déplacement. Fourrier envoyé en avant. Celui-ci rencontra un des fourriers du palais : le prince le faisait demander en toute hâte (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 289).Il n'était pas besoin d'envoyer des fourriers Pour leur dire : il convient de se mettre en campagne (Hugo, Légende,t. 6, 1883, p. 98). − Au fig., littér. Chose ou personne qui annonce, prépare l'arrivée de quelque chose ou l'avènement de quelqu'un. (Quasi-)synon. avant-coureur : Mais ses chères imaginations à elle, préfigurées, brossées de frais, sorties des tiroirs, étaient parties d'avance, en fourriers, sur toutes les routes espérées, ayant charge de lui préparer pour les résignations futures quelques semaines d'une magnifique et exceptionnelle vie.
Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 81. − Loc. fam., souvent péj. Être, se faire le fourrier de qqn, de qqc. En préparer, en faciliter l'arrivée. Et les Jeunes-Turcs, au lendemain de leur révolution, ne voudront pas laisser dire (...) qu'ils ont été les fourriers de l'ennemi, ou les fossoyeurs de la patrie turque (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 103).Mais c'est nos âmes que menacent les humanistes transfuges, éternels entremetteurs, fourriers de la future Barbarie (Bernanos, Gds cimet.,1938, p. 357). Rem. Emploi adj. Peut-être, un jour que la mort nous tâtera, que la maladie avant-courrière et fourrière nous tiendra fiévreux et douloureux (Verlaine,
Œuvres compl., t. 4, Mes hôp., 1891, p. 329). B.− Usuel 1. ART MILIT. Sous-officier chargé de la distribution des vivres et des équipements, du campement et du couchage des troupes. Le fourrier de la compagnie. Nous guettions le retour des fourriers qui nous cherchaient des cantonnements (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 59).Il entrait dans le bureau du maréchal des logis chef, suivi de l'adjudant et du fourrier (Proust, Guermantes 1,1920, p. 131). − En appos. [Dans l'infanterie] Sergent(-)fourrier. Dehors, sur une charrette, en plein soleil, un sergent-fourrier hurle dans le tumulte : « La 5edistribution!... » (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 746).[Dans l'artill. et la cavalerie] Maréchal des logis(-) fourrier. C'était en 1899. J'étais alors brigadier-fourrier, à Sfax, au 4espahis (Benoit, Atlant.,1919, p. 22). 2. MAR. Matelot chargé des appels, des écritures administratives et de la comptabilité à bord. Plusieurs pages manuscrites portant des noms de navire, avec des cachets bleus, des chiffres et des dates. Les fourriers, gens de goût, ont orné cette partie d'élégants parafes (Loti, Mon frères Yves,1883, p. 3).En appos. Quartier-maître fourrier. Prononc. et Orth. : [fuʀje]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1135 forier « soldat qui va au fourrage, au pillage » (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 2285); 2. a) ca 1280 fourier « officier de la cour chargé d'assurer le logement » (Ph. de Beaumanoir, Jehan et Blonde, éd. H. Suchier, 5193); b) 1452 milit. fourrier (G. Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. II, p. 323, 11); 3. 1268 forrier « avant coureur » (Cristal et Clarie, éd. H. Breuer, 5341); av. 1514 fém. fourrière (J. Lemaire de Belges, Illustrations de Gaule et singularités de Troie, p. 206-207). Dér. de fuerre « fourrage »; suff. -ier*. Fréq. abs. littér. : 108. |