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FOURMILLER, verbe intrans.
A.−
1. S'agiter en grand nombre, aller et venir en tous sens et continuellement à la façon des fourmis. Vers, insectes qui fourmillent. Synon. grouiller, pulluler.Je fus frappé de la quantité d'enfants que je vis fourmiller sur la route (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 72).Que d'hommes, de chevaux Qui fourmillent au loin sur les neiges muettes, Comme font en janvier les bandes d'alouettes! (Quinet, Napoléon,1836, p. 229):
1. Des nuées d'ablettes d'argent, vertes comme des épis, ou bleues comme des pierreries, fourmillaient, aux premières lueurs du jour; elles grouillaient, pareilles aux reptiles de la tête de Méduse, se jetant voracement sur le pain qu'on jetait... Rolland, J.-Chr.,Matin, 1904, p. 121.
P. ext. Proliférer, être en grande abondance. Fautes, erreurs, qui fourmillent dans un texte. Synon. abonder, foisonner.Tout aussitôt, sur la rive, fourmillaient des milliers de tonneaux, tous les trésors de Bercy (Duhamel, Terre promise,1934, p. 39).Les références fourmillaient, à côté de citations brèves (Magnane, Bête à concours,1941, p. 74):
2. Cerfs, daims, faisans, perdreaux, jamais on ne pourrait nombrer toutes les espèces de gibier qui fourmillent en Corse. Si vous aimez à tirer, allez en Corse, colonel; là, comme disait un de mes hôtes, vous pourrez tirer sur tous les gibiers possibles, depuis la grive jusqu'à l'homme. Mérimée, Colomba,1840, p. 5.
2. P. méton. Fourmiller de.Contenir en très grand nombre (sans idée d'agitation, de mouvement). Fourmiller d'erreurs, de contradictions. Synon. abonder en, regorger de.Les hôpitaux fourmillent d'infirmières plus habiles que moi (Curel, Nouv. idole,1899, I, 1, p. 162).Knock. − Votre propos, mon cher confrère, fourmille d'inexactitudes (Romains, Knock,1923, I, p. 4).
B.− Au fig. Être le siège d'une sensation de fourmillement, de picotement. Avoir les jambes qui fourmillent. Loc. synon. avoir des fourmis dans les jambes. Le sang qui fourmillait sous la peau (Pourrat, Gaspard,1931, p. 223).
P. ext. Avoir envie de bouger (les jambes), de marcher, de courir, de danser, etc.; éprouver de l'impatience pour quelque chose. Saint-Germain. − Tiens, une polka! Oh! ça vous fait fourmiller ... Je danserais sur la tête!... et toi?... Marie, pudiquement. − Sur la tête!... (Labiche, Fille bien gardée,1850, I, 2, p. 275).On croyait la revue terminée et des impatiences nous fourmillaient dans les genoux (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 67):
3. − (...) Anaïs et Marie ne tiennent pas en place, ne me répondent que par des oui et non distraits, − les jambes leur fourmillent. Allons, partons donc puisqu'elles en ont tant envie! ... Colette, Cl. école,1900, p. 306.
REM.
Frémiller, verbe intrans.,région. (nord de la Loire). Il s'est coupé la main avec un de ces croissants dont on se sert pour abattre les petites branches (...) ça s'est vite refermé. Des fois, pourtant, ça lui « frémille » encore dans les doigts (Renard, Journal,1903, p. 834).
Prononc. et Orth. : [fuʀmije], (il) fourmille [fuʀmij]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1575 « être le siège d'une sensation analogue au picotement des fourmis » (A. Paré, Introd. à la chirurgie, chap. 21 ds Œuvres, éd. J. F. Malgaigne, t. 1, p. 82); 2. 1587 « s'agiter en grand nombre à la façon des fourmis » (Lanoue, 356 ds Littré); 3. 1595 fourmiller de (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, livre III, chap. 13, p. 1199). Réfection à l'aide du suff. -iller* de l'a. fr. formiier [judéo-fr. fromier « s'agiter », fin xies. [imprimé xves.] Raschi, Gl, éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, no525], av. 1188 intrans. « être plein d'êtres qui s'agitent, grouiller » (Partonopeus de Blois, 513 ds T.-L.), du lat. imp. formicare « démanger »; reste encore à éclaircir l'orig. de fremillon/fremiller (v. T.-L. et en dernier lieu, Girart de Vienne, éd. W. Van Emden, gloss., s.v. fremillon). Fréq. abs. littér. : 251. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 332, b) 705; xxes. : a) 296, b) 225.