| FOURGONNER, verbe intrans. A.− Remuer avec un fourgon (cf. fourgon1), la braise ou la charge d'un four, d'une forge, d'un fourneau, pour entretenir, attiser le feu. Fourgonner dans un fourneau, dans un poêle avec un tisonnier. Elle fourgonnait avec une telle vigueur dans le poêle que tout l'édifice tremblait (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 61). ♦ Emploi trans. Fourgonner les tisons; fourgonner le coke avec les pincettes. Il retourna dans les autres pièces, fourgonna les feux (Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 239).Il se chauffait les jambes en fourgonnant le fagot d'un bâton (Pourrat, Gaspard,1922, p. 64): 1. M. de Feuerstein n'avait pas de cesse (...) il retardait les aiguilles de la pendule ou les avançait, fourgonnait la braise, faisait craquer ses jointures, ses phalanges et vibrer l'ongle de son pouce sous la dent...
Arnoux, Chiffre,1926, p. 102. P. anal. Vinca fourgonna terriblement le « quai » où habitait un congre (Colette, Blé en herbe,1923, p. 131).Grange avisa le petit, gîté sous la table, en compagnie d'un livre à images. Avec le bâton du colporteur, il fit mine de fourgonner pour le faire sortir (Pourrat, Gaspard,1931, p. 140).B.− P. ext. Fouiller (à la recherche de quelque chose) de façon désordonnée et maladroite, le plus souvent avec agitation et bruit, en remuant et dérangeant tout (cf. fourrager). Fourgonner dans ses bagages, dans les placards. Qu'est-ce que tu as à fourgonner comme ça dans mon armoire? (France, Hist. comique,1903, p. 293).Qu'est-ce que tu as fait toute la matinée à la chambre là-haut? Je t'ai entendue fourgonner (Giono, Femme boulanger,1943, I, 1, p. 200).Nous entendions la bonne fourgonner dans sa cuisine (Vialar, Carambouille,1949, p. 16): 2. Jamais il cherchait bien longtemps le livre qu'il voulait pingler... Il tapait là-dedans à coup sûr... en plein dans n'importe quel tas... Il faisait voler tous les débris, il fourgonnait ardemment à plein monticule, il piquait de précision à l'endroit juste du bouquin... Chaque fois c'était le miracle... Il se fourvoyait bien rarement... Il avait le sens du désordre...
Céline, Mort à crédit,1936, p. 413. − P. anal. Donner des coups désordonnés en cherchant à atteindre quelque chose ou quelqu'un. Le taureau fuyait droit devant lui, fourgonnant avec des coups de tête embrouillés, sans relever la tête. Et chaque fois qu'il tapait ainsi il grognait (Montherl., Bestiaires,1926, p. 537). REM. Fourgonnement, subst. masc.Action de fourgonner (supra emploi p. ext.). Ce fourgonnement et ce bouillottement traversaient à peine la paroi du taudis (Arnoux, Rossignol napol.,1937, p. 11). Prononc. et Orth. : [fuʀgɔne], (il) fourgonne [fuʀgɔn]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Début xives. (Un Ditté des choses qui faillent en menage ds U. Nyström, Poèmes sur les biens d'un ménage, p. 84). Dér. de fourgon1*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 16. |