| * Dans l'article "FOULE2,, subst. fém." FOULE2, subst. fém. A.− Presse qui résulte de la présence d'une multitude de personnes en un même lieu; la multitude elle-même. Bain* de foule; foule de spectateurs; se fondre, se perdre, disparaître dans la foule. (Quasi-)synon. affluence, attroupement, cohue.Je vois tout à coup une ruée, une nuée de peuple (...). Tout cela en un clin d'œil, cette foule amassée, accourue comme un grouillement sorti de terre (Goncourt, Journal,1864, p. 41).Le mouvement de la rue, où l'heure du déjeuner mettait un écrasement de foule extraordinaire (Zola, Assommoir,1877, p. 406).Cette foule qui se pressait, se bousculait pour voir un petit machin imperceptible dans le ciel (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1910, p. 238): 1. ... c'était, depuis le crépuscule, un long acheminement, un ruissellement d'ombres silencieuses, filant isolées, s'en allant par groupes, vers les futaies violâtres de la forêt. Chaque coron se vidait, les femmes et les enfants eux-mêmes partaient comme pour une promenade, sous le grand ciel clair. Maintenant, les chemins devenaient obscurs, on ne distinguait plus cette foule en marche, qui se glissait au même but, on la sentait seulement, piétinante, confuse, emportée d'une seule âme.
Zola, Germinal,1885, p. 1375. − Loc. et expr. 1. Loc. verb. ♦ Faire (la) foule (vieilli). Être en grand nombre. Le pain devenait chaque jour plus rare et plus cher; il fallait se lever la nuit pour aller faire foule à la porte des boulangers (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 4, 1821-24, p. 322).Avoir du succès, attirer la foule. (Ds Besch. 1845, Lar. 19e-Nouv. Lar. ill.). ♦ Il y a (aura, etc.) foule. Il y a (aura) beaucoup de monde. Il y avait foule dans la salle où était exposée la collection de lord Mansbury (Goncourt, R. Mauperin,1864, p. 170). 2. Loc. adv. En foule, à la foule (vieilli). En formant foule, en grande quantité, en grand nombre. Les images, les mots que le génie inspire (...) En foule en son cerveau se hâtent de courir (Chénier, Invention,1794, p. 22).Tout Paris se portait en foule à la fédération de 1790 (Staël, Consid. Révol. fr.,t. 1, 1817, p. 297). 3. Une foule de, la foule des. Un grand nombre, le plus grand nombre de. (Quasi-)synon. fam. floppée, ribambelle, tas; pop. tripotée. a) [Le compl. est une pers.] Une foule d'écrivains, pendant dix ans, n'ont cessé de commenter les ouvrages de Kant (Staël, Allemagne,t. 4, 1810, p. 165).Il est nécessaire de faire un choix parmi la foule des hommes civilisés (Carrel, L'Homme,1935, p. 359).Fam. Une foule de gens. Une foule de gens sans ressources et sans asile (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 4, 1821-24p. 307). ♦ P. méton. Cette foule compacte de visages au ras desquels elle voguait (Gracq, Syrtes,1951, p. 190). b) [Le compl. est une chose concr. ou abstr.] Une foule de défauts ou de qualités qu'il nous est impossible d'énumérer ici (Sue, Atar Gull,1831, p. 7).Un grand hurlement, composé d'une foule de cris discordants (Baudel., Poèmes prose,1867, p. 105).Une foule d'embarcations grouille entre les deux rives. Les caïques foisonnent, moins nombreux cependant que les barques vulgaires (Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 76). Rem. Foule ayant un sens collectif est suivi d'un verbe au sing. ou au plur. a) d'un sing. si la pensée s'arrête sur la totalité, l'ensemble des êtres ou choses rassemblés : la foule des manifestants s'est heurtée à un barrage de police; b) d'un plur. si la pensée retient la notion de pluralité, d'êtres, de choses particuliers : une foule d'auditeurs demandèrent des explications (d'apr. Dupré 1972). − Spéc., SOCIOL., souvent au plur. Groupe d'individus considéré comme un être collectif, ayant une unité psychologique et sociale, des caractères propres. Psychologie des foules. L'infirmité mentale des foules tolérera les lâchetés et les hontes dont nous sommes témoins (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 80).Le bon cœur impulsif des foules, la contagion, le faire-comme-les-autres (Duhamel, Journal Salav.,1927, p. 117): 2. ... les préjugés lentement enracinés dans les foules, débonnaires de nature, mais crédules et inflammables, engendreront à leur tour, dans les classes cultivées même, cet antisémitisme à prétentions scientifiques...
Weill, Judaïsme,1931, p. 51. B.− La masse humaine, le commun des hommes, pris collectivement par opposition à l'élite intellectuelle, morale ou sociale qui en émerge. La foule ignorante, inconstante; se mettre par ses talents au dessus de la foule. Se faire remarquer, se tirer de la foule, être confondu dans la foule (Ac.1835-1932).Si le sort m'a fait naître dans un rang peu élevé, avec une fortune médiocre, des facultés bornées (...) je ferai tout pour sortir de la foule, pour augmenter mon pouvoir, ma fortune, mes jouissances (Cousin, Hist. philos. mod.,t. 2, 1847, p. 248).Quant à flatter la foule, ô mon esprit, non pas, Ah! le peuple est en haut, mais la foule est en bas (Hugo, Année terr.,1872, p. 7).− L'homme de gauche (...) : son premier mouvement est toujours de protester, d'ameuter la foule, de la persuader de ses droits, de l'éveiller, de l'engager à la résistance (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 168): 3. ... c'est le monde à l'envers si le chef est moins raisonnable que la foule. À bien regarder l'honneur, qui porte si promptement les foules à l'action, est justement ce qui doit retenir le chef. Qu'il soit donc cérémonieux; et, si ses pensées ont des épines, qu'il ne pense pas trop. Le peuple n'estime certainement pas assez la majesté, même vide.
Alain, Propos,1930, p. 914. REM. Foultitude, subst. fém.,fam., plais. Grand nombre, grande quantité. Synon. multitude.Il [Banville] nous parle (...) d'une foultitude de gens et d'un tas de choses (Goncourt, Journal,1882, p. 209). Prononc. et Orth. Cf. foule1. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1690 « action de fouler (ici tissus et chapeaux) » (Fur.); 2. 1172 « multitude de gens qui se pressent » (Ch. de Troyes, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 1091); 1670 « le commun des hommes » (Racine, Bérénice, III, 1). Déverbal de fouler*. STAT. − Foule1 et 2. Fréq. abs. littér. : 10 202. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 16 833, b) 15 583; xxes. : a) 14 779, b) 11 784. BBG. − Jourjon (A.) Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1915/16, t. 29, pp. 225-226. |