| FOSSILE, adj. A.− GÉOLOGIE 1. Vx. [En parlant de certaines substances qui proviennent soit de la terre, soit d'une autre source] Qui est extrait du sein de la terre. Charbon, sel fossile. ♦ Emploi subst. Toute substance que l'on extrait de la terre : 1. Elle [la terre] renferme dans son sein une multitude de fossiles opaques, dont les couleurs et les formes sont d'une variété infinie. On y distingue surtout les métaux...
Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 260. 2. Mod. [En parlant de débris ou d'empreintes de végétaux ou d'animaux] Qui est resté enfoui dans des couches sédimentaires anciennes et s'est conservé, généralement, par pétrification. Bois, ivoire fossile; animaux, coquillages fossiles. Que de fois j'ai ramassé le buccin pétrifié et le corail fossile sur les hauteurs pierreuses de Saint-Joseph, ravinées par l'orage! (Bertrand, Gaspard,1841, p. 48): 2. ... parmi les débris fossiles qu'on trouve de tant d'animaux qui ont existé, il y en a un très-grand nombre qui appartiennent à des animaux dont les analogues vivans et parfaitement semblables ne sont pas connus...
Lamarck, Philos. zool.,t. 1, 1809, p. 77. ♦ Emploi subst. masc. Vestige de plante ou d'animal conservé à l'état fossile. Fossiles caractéristiques. L'étude des fossiles (Ac.). Il y eut (...) un grand livre à images, traitant du monde antédiluvien. Les fossiles avaient commencé de m'initier aux mystères des créations détruites (Loti, Rom. enf.,1890, p. 233). 3. ... l'être qui a une forme domine les millénaires. Toute forme garde une vie. Le fossile n'est plus simplement un être qui a vécu, c'est un être qui vit encore, endormi dans sa forme.
Bachelard, Poét. espace,1957, p. 112. − Spéc. Combustible fossile. Substance combustible provenant de la transformation de matières organiques à l'abri de l'air. La tourbe, la lignite, les charbons, les pétroles et le gaz naturel (...) sont des combustibles fossiles (LemaireEnvir.1975). − P. ext. Qui appartient aux époques géologiques antérieures. Espèce fossile. − L'homme fossile existe, répétait-il, et le voilà! Et il élevait d'un geste triomphant la mâchoire trouvée par Boucher de Perthes à Moulin-Quignon (France, Vie fleur,1922, p. 491): 4. Avec ce vieux monde de cratères affaissés et de volcans éteints, s'est enseveli un monde de nations perdues; race fossile, pour ainsi parler, dont la critique a exhumé et rapproché quelques ossemens. Cette race n'est pas moins que celle des fondateurs de la société italique.
Michelet, Hist. romaine,t. 1, 1831, p. 15. B.− Au fig., fam., péj. [En parlant d'une pers. ou d'une chose] Qui est démodé, dépassé. Littérature fossile; des idées fossiles. C'est une personne fossile (DG). Quelques théoriciens déjà fossiles, quelques idéologues desséchés (Du Bos, Journal,1922, p. 158).Du vieux landau fossile qui devait les reconduire, les deux dames les regardaient de loin (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 376). − Emploi subst. [En parlant d'une pers.] Dont les idées sont arriérées. M. Alexandre Duval (...) se plaint amèrement d'avoir été traité (...) de « fossile », de « perruque, d'épicier » et d'« académicien » (Musset dsRevue des Deux Mondes,1833, p. 328).C'est un homme moderne [Taine]; moi, je suis un fossile. Il est plein de calme et de raison. Moi, un rien me trouble et m'agite (Flaub., Corresp.,1868, p. 385). ♦ LING. Forme qui n'est plus vivante et n'est représentée dans la langue que sous l'aspect du fixé ou figé (d'apr. Mar. Lex. 1951). REM. 1. Fossilifère, adj.Qui renferme des fossiles. Calcaire, gisement, terrain fossilifère. Une couche n'est pas fossilifère sur toute son étendue (Combaluzier, Introd. géol.,1961, p. 113). 2. Fossilité, subst. fém.,géol. Caractère de ce qui est fossile. On ne s'entendra jamais sur la fossilité, tant qu'on en fera une question chimique au lieu d'une étude géologique (Boucher de P., Antiq. celt.,t. 3, 1847-64, p. 312). Prononc. et Orth. : [fosil] ou [fɔsil]. [o] ds Dub.; [ɔ] ds Littré, DG (qui transcrivent [ss]), Passy 1914 et Lar. Lang. fr. (cf. aussi Mart. Comment prononce 1913, p. 110); [o] ou [ɔ] ds Barbeau-Rodhe 1930, Pt Rob. et Warn. 1968. Cf. fosse. Le mot est admis ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. 1. 1556 adj. « qui peut être extrait de la terre, minéral » (Le Blanc, Trad. de Cardan, fo61 vods Gdf. Compl.); 2. 1713 géol. adj. et subst. (d'apr. Trév. 1732); 3. a) 1827 adj. fam. « vieux, suranné » (Eckstein, Le Catholique, no24, déc., 536 ds Quem. DDL t. 15); b) 1833 subst. désigne gén. une pers. (Musset, loc. cit.). Empr. au lat. class. fossilis « tiré de la terre » (lui-même du supin de fodere, fossum). Fréq. abs. littér. : 231. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 433, b) 468; xxes. : a) 219, b) 229. Bbg. Arickx (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, no3, p. 130. − Dauzat (A.). L'Attraction paron. ds le fr. pop. contemp. Archivum romanicum. 1937, t. 21, p. 20; Ling. fr. 1946, p. 255. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 76, 235. − Quem. DDL t. 3; 5, 12 (s.v. fossilifère). |