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FORMALISTE, adj. et subst.
A.− [Correspond à formalisme A; en parlant d'une pers., d'un groupe de pers., de sa/leur manière d'être] Qui respecte les formes. Le juge était formaliste avant tout. Les déclarations de Julien n'abrégeaient nullement les interrogatoires (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 461):
1. ... il me semble, à tout moment, reconnaître en elle [Mmede Gasparin], en la lisant, une Genevoise émancipée, une calviniste qui se met en fête et en frais d'imagination, une formaliste qui fait éclater son moule. Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 9, 1863-69, p. 259.
P. ext. Qui manifeste un certain attachement aux règles, aux apparences, aux usages. Froideur, gravité, serviabilité formaliste; un merci, un sourire formaliste. Madame (...) je ne suis pas, comme vous savez, grand formaliste, mais cette époque [le nouvel an] me cause toujours une vive émotion (J.-J. Ampère, Corresp.,1829, p. 10).Il avait eu pour Christine, en lui montrant un second fauteuil, l'inclination de déférence formaliste d'un homme bien élevé, infiniment superficielle (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 424).La société parisienne, formaliste et raffinée, du faubourg Saint-Germain du début de ce siècle (Sarraute, Ère soupçon,1956, p. 40):
2. L'uniformité de leurs habitudes, moins d'usage du monde, moins de frottements dans la société, joints au respect pour le rang et pour les lois, les [tous les peuples germaniques] rend formalistes, et leur donne le défaut qui caractérise toutes les races germaniques, celui d'une susceptibilité qui se choque de tout ce qui n'est pas dans les formes, ou dans les usages qu'on s'est donnés. Bonstetten, Homme Midi,1824, p. 88.
B.− [Correspond à formalisme B]
1. Qui adopte ou privilégie le point de vue de la forme. Le goût d'une symétrie artificielle ou d'une abstraction trop formaliste (Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 191).À l'opposé des définitions formalistes de la sociologie se situent les définitions « culturalistes » (Traité sociol.,1967, p. 7):
3. La pensée formaliste (mathématiques, logique, science financière, techniques abstraites), force l'esprit à dominer l'intuition et les promiscuités faciles avec les choses pour dominer un instrument construit par lui de toutes pièces, qui ne tient rien du dehors... Mounier, Traité caract.,1946, p. 341.
2. Qui adopte ou soutient le formalisme esthétique, littéraire, philosophique (logique et mathématique). Les vitalistes avides de se traduire passionnément et les formalistes, désireux d'élaborer des constructions (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 396):
4. Le principe du tiers exclu, dont précisément les formalistes maintiennent la validité contre leurs adversaires intuitionnistes, assure que de deux propositions contradictoires l'une est nécessairement vraie, même si nous ne pouvons savoir laquelle; il faut bien conclure qu'il y a, à l'intérieur d'une mathématique axiomatisée, du vrai non prouvable. R. Blanché, L'Axiomatique,Paris, P.U.F., 1959, p. 60.
Rem. Un sens partic. dans l'hist. de la litt., dans le domaine de la crit. littér. : doctrine, théorie formaliste. (Celui, celle) qui soutient cette doctrine. Les formalistes russes. V. formalisme B 1 remarque.
Prononc. et Orth. : [fɔ ʀmalist]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1585 « qui s'attache scrupuleusement aux formes » (N. du Fail, Contes d'Eutrapel, p. 310, éd. J. Assézat); 2. 1845 philos. (Besch.). Dér. sav. au moyen du suff. -iste*, du lat. formalis v. formel. Fréq. abs. littér. : 70.