| FORMALISER1(SE), verbe pronom. [Correspond à forme I C 3 c] Être personnellement choqué par un manquement aux formes, aux règles. Ce que l'on fait pour l'un mécontente l'autre; si l'on célèbre les louanges de celui-ci, celui-là se formalise; chaque vanité ministérielle se croit lésée de ce que l'on accorde à la vanité d'un collègue (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 125).Dans le parc, j'eus beau me dire que je m'étais formalisé mal à propos, que tout cela passerait, que c'était un grand bonheur pour moi d'avoir trouvé un éducateur de la valeur du P. Nivose, ma révolte continuait à gronder à la pensée que c'était cet homme à boutades qui avait réglé mon sort (Billy, Introïbo,1939, p. 99):1. Le jeune voyageur anglais, voyant Laudon considérer Lanze d'un air assez triomphant, lui dit avec douceur :
− Seriez-vous disposé à vous formaliser, si j'ajoutais à votre récit biographique un petit bout de commentaire? − Personne n'est moins susceptible que moi, et je me livre pieds et poings liés à vos piqûres.
Gobineau, Pléiades,1874, p. 89. ♦ Se formaliser de; se formaliser de ce que; s'en formaliser.Vous comprenez bien que, sous l'Empire, les deux gendres ne se sont pas trop formalisés d'avoir ce vieux quatre-vingt-treize chez eux; ça pouvait encore aller avec Buonaparte (Balzac, Goriot,1835, p. 91).Il n'est pas convenable, dit-elle, que ces dames viennent aussi souvent sans que vous leur rendiez leur politesse... à la fin, elles s'en formaliseraient (Champfl., Bourgeois Molinch.,1855, p. 288).Ce fut un être bien divertissant que ce Beyle, habité d'une grande envie de scandaliser, jointe à des ambitions plus exquises. Il manque rarement de faire observer que l'on doit se formaliser de ce qu'il dit. Il n'est pas sans y avoir assez bien réussi (Valéry, Variété II,1929, p. 124): 2. Quand nous fûmes seuls, le commissaire me dit : − Mon petit Serge, sais-tu que je ne suis pas fâché de te voir? Je te tutoie toujours, n'est-ce pas, tu ne te formaliseras pas de cette familiarité d'un vieil ami? ... Je t'ai presque vu naître...
Nizan, Conspir.,1938, p. 235. ♦ Fam. (Ne pas) se formaliser pour (autant, cela, si peu). Entre amis pas de gêne. Vous avez raison d'aller à vos affaires, que diable! je ne me formaliserai pas pour cela, bien au contraire; ça me met tout à fait à l'aise avec vous (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Ami Jos., 1883, p. 1267). Rem. 1. Qq. dict. gén. enregistrent a) Le sens anc. « prendre fait et cause pour quelqu'un ou quelque chose ». Se formaliser pour qqn ou qqc. b) L'emploi trans. dir. formaliser qqn « faire qu'il se formalise ». 2. Littré note l'emploi trans. dir. dans l'usage ordinaire : Il suffit d'un rien pour le formaliser. Ne craignez-vous pas que cela le formalise? Prononc. et Orth. : [fɔ
ʀmalize], (il se) formalise [fɔ
ʀmali:z]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1539 pronom. « être choqué d'un manquement aux règles » (Cl. Gruget, Dial. de P. Messie, 717, éd. de 1610 ds Hug.). Dér. sav. au moyen du suff. -iser*, du lat. formalis v. formel. |