| FORAIN1, AINE, adj. A.− [En parlant d'un inanimé concr. ou abstr.] Qui est (ou va) à l'extérieur, ou vient de l'extérieur; p. ext. qui est à l'écart. La croix foraine qui était plantée au carrefour des deux routes (Claudel, Otage,1911, I, 1, p. 229).Le couloir forain de l'hôtel du « Belvédère » (Peyré, Matterhorn,1939, p. 263). − Spécialement 1. BOUCH. Viandes foraines. Viandes provenant des abattoirs d'une commune autre que celle où on les commercialise. Ces viandes (...) consommées à la campagne, entrent en ville sous le nom de viandes foraines (Macaigne, Précis hyg.,1911, p. 226). 2. DROIT a) Traite foraine (vx). Taxe sur les marchandises entrant et sortant d'un territoire. ,,Traites foraines. Il y a presque autant de taxes pour les acquits qu'il y a de buralistes`` (Doc. hist. contemp., 1789, p. 35). b) Saisie foraine. Saisie des effets mobiliers d'un débiteur de passage, étranger à la commune. (Dict. xixeet xxes.). 3. MAR. Rade foraine. Rade ouverte, non protégée des vents du large. Une rade foraine, largement ouverte, que dessinait le littoral inférieur de cette terre si étrangement découpée (Verne, Île myst.,1874, p. 95): Il est unanimement reconnu qu'un navire mouillé dans une rade foraine à peu de distance de terre, ne se trouve pas fort à l'aise quand arrive une tempête. Comment le secourir dans sa détresse?
Reybaud, J. Paturot,1842, p. 269. B.− [En parlant d'une pers.] Qui est étrangère au pays. 1. DR. Vieilli. Propriétaire forain. ,,Propriétaire qui n'a pas son domicile dans le lieu où ses biens sont situés et où il est porté au rôle des contributions`` (Ac. 1835; dict. xixeet xxes.). 2. DR. CANON. Vicaire forain. Prêtre préposé par l'évêque à la charge d'un district comprenant plusieurs paroisses (ds Marcel 1938, Théol. cath. Tables. gén. t. 1, 1951; Besch. 1845, Quillet 1965). Prononc. et Orth. : [fɔ
ʀ
ε
̃], fém. [-εn]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1155 de forain adj. deforain « qui est dehors, à l'extérieur » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 9760, cf. note de F. Lecoy, ds Romania t. 86, p. 121, no3); 1. ca 1165 adj. « extérieur, situé en dehors » (B. de Ste-Maure, Troie, 8091 ds T.-L.); 2. a) ca 1170 adj. « étranger » (Rois, I, XXIX, 2, éd. E. R. Curtius, p. 57); d'où b) 1174-76 au fig. semblanz forains (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, 297 ds T.-L.); c) ca 1179 subst. « étranger » (Renart, éd. E. Martin, I, 392); 3. 1400-17 spéc. marchans forains « marchands étrangers, marchands venant d'ailleurs » (Nicolas de Baye, Journal, éd. Tuetey, I, 336); d'où, p. étymol. pop. à partir du mot foire* (cf. Encyclop. t. 7, p. 1757 : Les marchands forains sont ceux qui fréquentent les foires); 4. 1738 subst. « bateleur, amuseur (sur les foires) » (A. Piron, Métromanie, III, 7 ds Littré) et 5. 1836 adj. « de foire » théâtres forains (Quinet, All. Ital., p. 154). D'un lat. vulg. foranus, dér. de foris « dehors », et attesté d'abord en lat. tardif au sens de « qui dépasse à l'extérieur, du côté extérieur (en parlant des pierres d'un mur) » (ve-vies., TLL s.v. 1034, 66). Évincé de la lang. gén. dans son sens premier par étrange et étranger*, le mot a été rapproché de la famille de foire (cf. supra 3). |