| FONDATION, subst. fém. A.− Action de fonder. 1. [Correspond à fonder A 2 a] :
1. ... nous avons vu ensuite que cette religion les avait constitués en société; qu'y a-t-il d'étonnant après cela que la fondation d'une ville ait été aussi un acte sacré et que Romulus lui-même ait dû accomplir des rites qui étaient observés partout?
Fustel de Coul., Cité antique,1864, p. 168. − Loc. Cela est de fondation. ,,Cela est un usage traditionnel, une règle traditionnelle`` (Ac.). 2. Au fig. [Correspond à fonder A 2 b] Fondation d'une dynastie, d'un empire, d'une colonie; fondation d'un ordre religieux; fondation d'une société savante, d'un journal; la fondation de la médecine expérimentale : 2. ... l'élection de Heredia à l'Académie. Hervieu, qui vient de le voir, nous dit qu'il a très bien manœuvré, qu'il s'est montré un stratégiste très habile comme candidat. Ça ne fait rien, je crois que depuis la fondation de l'Académie, il n'y a pas d'académicien homme de lettres entré sous la coupole avec un si mince bagage!
Goncourt, Journal,1894, p. 523. 3. 4 décembre. Hier, Raïssa nous parlait du peu de temps qui s'est écoulé depuis la fondation du christianisme. Qu'est-ce que deux mille ans au regard de Dieu?
Green, Journal,1934, p. 244. − Spécialement a) ,,Création par voie de legs ou de donation d'un établissement d'intérêt public ou d'utilité sociale (...)`` (Cap. 1936). La fondation et l'entretien d'œuvres sociales, écoles, crèches et hôpitaux (Morand, Londres,1933, p. 282). ♦ P. méton. L'établissement lui-même. On eût dit une prison, si l'inscription philanthropique, gravée dans la pierre au-dessus du premier étage, ne se fût détachée en lettres d'or : Fondation Oscar Thibault (Martin du G., Thib.,Pénitenc., 1922, p. 682).La Fondation de France. b) Affectation perpétuelle d'une masse de biens à une œuvre d'intérêt général ou à un usage pieux déterminé par le donateur. Je t'en supplie, bénis-moi, et jure-moi d'établir à l'Hôtel-Dieu une fondation de deux lits (Balzac, Splend. et mis.,1844, p. 341).D'innombrables fondations de messe, de messe à perpétuité. Que de messes perpétuelles qui ne sont plus dites! (Guéhenno, Journal « Révol. », 1937, p. 62): 4. ... on accorda enfin la confession à tous ceux qu'on menait au supplice. Le sire de Craon fit une fondation aux cordeliers pour qu'ils se chargeassent de remplir ce pieux devoir...
Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 2, 1824, p. 225. B.− [Le plus souvent au plur.] 1. Travail que l'on fait pour asseoir les fondements (d'une construction); tranchée que l'on fait pour y placer les fondements. Commencer les fondations d'un bâtiment; les fondations ne sont pas encore achevées (Ac.). On venait de mettre au jour, en creusant les fondations d'une construction moderne, la base d'une petite tour faisant partie du château de Rouen (Barrès, Cahiers,t. 7, 1908-09, p. 132): 5. Lorsque Dagobert fit rebâtir Saint-Denis, il jeta dans les fondations de l'édifice ses joyaux et ce qu'il avoit de plus précieux : jetez ainsi la religion et la justice dans les fondations de votre nouveau temple.
Chateaubr., Mél. pol.,1816-24, p. 230. 2. Maçonnerie qui sert de base (à une construction). Des fondations solides, bâtir, poser les fondations d'un édifice. Synon. fondement(s).Ce bâtiment a quatre mètres de fondations (Ac.1932).Ces solides fondations en pierre de taille (Zola, Curée,1872, p. 464).La cuve [du cabestan électrique] est maçonnée solidement dans une fondation en béton (Champly, Nouv. encyclop. prat.,t. 4, 1927, p. 66): 6. Là s'élevèrent autrefois les pylônes du temple de Koum-Oumbou (Ombos); mais le Nil rongeait chaque jour son rivage, il entraîna la terre, désagrégea les bancs de sable, déracina les rochers et mina sourdement les fondations du monument, qui s'abattit tout entier la face contre le sol et la tête près du fleuve.
Du Camp, Nil,1854, p. 192. − P. métaph. Les notables de Coblentz et de Rhens se réunissent au même lieu sous prétexte de fête, et confèrent entre eux de certaines choses obscures; commencement de commune et de bourgeoisie faisant sourdement son trou dans les fondations du formidable édifice germanique déjà tout construit (Hugo, Rhin,1842, p. 118): 7. À tout ce qui s'appelle permanence, stabilité, fondées sur le sacrifice nécessaire, établies sur les fondations d'injustice dont ne se passent ni la nature ni la société, à ce qui est raison commune et loi permanente, la poésie et l'amour disent également anathème : Plus que tout votre règne et que ses splendeurs vaines J'aime la majesté des souffrances humaines...
Thibaudet, Réflex. litt.,1936, p. 37. Prononc. et Orth. : [fɔ
̃dasjɔ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. xiiies. « action de fonder, d'établir » (A. Champollion-Figeac, Doc. hist. inéd., t. 3, p. 450 ds R. Hist. litt. Fr. t. 12, p. 706 : la ditte carthe de la fundacion del eglize); 2. 1391 archit. « ensemble des travaux et ouvrages » (Chr. Dehaisnes, Hist. de l'art ds les Flandres, t. 2, p. 693 ds IGLF : adviser le fondasion de le porte saint-Sepulcre); 3. mil. xvies. « création d'un établissement d'intérêt général » (Amyot, Solon, 19 ds Littré). Empr. au lat. class. fundationes archit. « fondement, base, assise », lat. chrét. fundatio « action de fonder; stabilité, fermeté ». Fréq. abs. littér. : 636. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 946, b) 865; xxes. : a) 1 024, b) 816. Bbg. Archit. 1972, p. 66. |