| FONCIÈREMENT, adv. D'une manière foncière (cf. foncier B). A.− Relativement au fond du caractère d'une personne. Villemain, au milieu de toutes les grâces brillantes et mondaines dont il a su recouvrir sa nature première, reste foncièrement un esprit universitaire (Sand, Corresp., t. 5, 1868, p. 240).Deux frères (...) de tempéraments aussi différents (...) que possible, mais foncièrement marqués par les obscures similitudes que crée (...) un très puissant atavisme commun (Martin du G., Souv. autobiogr.,1955, p. lxxx). − Devant un adj. : synon. usuel extrêmement : 1. Le pervers (...) semble très tôt ne prendre plaisir qu'au mal (...). Foncièrement vicieux, il répand le vice autour de lui comme d'autres rayonnent le calme ou l'énergie. L'instinct de destruction précoce oriente sa motricité vers le bris, le morcellement et la dilacération des objets.
Mounier, Traité caract.,1946, p. 726. B.− Relativement au fond d'une chose. Il y a des idées impossibles (celles qui sont usées, par exemple, ou foncièrement mauvaises) (Flaub., Corresp.,1859, p. 315).La vie, (...) dans son essence, dans ce qu'elle a de foncièrement angoissant peut être définie comme la liberté de choisir (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 163): 2. Le relatif désarmement de l'Angleterre fait préférer à Mussolini de la rencontrer seule; son réarmement change foncièrement la politique italienne.
Malraux, Espoir,1937, p. 532. Rem. Le sens ,,de façon foncière`` (correspondant à foncier A) v. infra étymol., n'est pas attesté aux xixeet xxesiècles. Prononc. et Orth. : [fɔ
̃sjε
ʀmɑ
̃]. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1390 dr. « de façon foncière » (J. Bouteiller, Somme rurale, fo26 ro, éd. 1537 ds R. Hist. litt. Fr. t. 12, p. 706 : place ou terre [...] hypothequee foncièrement); 2. av. 1475 « à fond, complètement » (G. Chastellain, Chronique des ducs de Bourgogne, IV, 78, éd. J. Kervyn de Lettenhove, t. 3, p. 402); 3. av. 1755 « dans le fond, intimement » (Saint-Simon, Mémoires, éd. G. Truc, t. 2, p. 458 : foncièrement malhonnête homme [1705]). Dér. de foncier*; suff. -(e)ment2*. Fréq. abs. littér. : 188. |