| FOLÂTRER, verbe intrans. A.− S'agiter, jouer gaiement et en toute liberté. (Quasi-) synon. batifoler, s'ébattre (vx), se jouer.Les jeunes filles folâtraient sous l'œil des religieuses; le regard de l'impeccabilité ne gêne pas l'innocence (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 585): Il arriva d'abord près d'un lac (...)
Là, mêlant leurs beaux corps polis que l'onde arrose,
Des nymphes s'y baignaient, fuyant l'âpre chaleur,
Couronnant leurs cheveux de la divine fleur,
Rieuses, folâtrant, voguant sur les eaux calmes...
Banville, Exilés,1874, p. 71. − P. anal. ♦ [Le suj. désigne un animal] (Quasi-)synon. s'ébrouer.Une génisse sautait et folâtrait comme un chevreuil (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 181).Dans un dédale de tapis, ingénieusement entassés, folâtrait une famille de souris blanches (Gide, Si le grain,1924, p. 480). ♦ [Le suj. désigne une plante] Autour de ce bâton, dans des méandres capricieux, se jouent et folâtrent des tiges et des fleurs, celles-ci sinueuses et fuyardes, celles-là penchées comme des cloches ou des coupes renversées (Baudel., Poèm. prose,1867, p. 163). − Au fig. [Le suj. désigne l'objet d'une perception] Se propager de façon légère. La musique de la Grenouillère folâtrait toujours au loin (Maupass., Contes et Nouv., t. 1, Femme de Paul, 1881, p. 1231).Une rafraîchissante odeur de futailles éventrées folâtrait le long des grilles (Duhamel, Confess. minuit,1920, p. 60).Une dernière trace de lumière folâtrait autour de ses cheveux tondus (Malraux, Espoir,1937, p. 578). B.− Vieilli, rare. [Sans idée de mouvement] Divaguer, plaisanter. (Quasi-)synon. dire une, des folie(s).− Quel temps triste! (...) tous les arbres ressemblent à des cyprès et toute la campagne à un cimetière. On dirait que (...) − Non, ah! non (...) je vous en prie, Nathalie, interrompit madame de Palme, arrêtez-vous là. C'est assez folâtrer à jeun. Vous vous ferez mal (Feuillet, Pte Ctesse,1856, p. 87).Sa sincérité [d'Isabelle] me déconcertait. Pour ne pas l'invectiver, je folâtrais : − J'aime mieux être le premier dans mon village que le deuxième dans Rome, ou le troisième (Morand, Ouv. la nuit,1922, p. 145). Prononc. et Orth. : [fɔlɑtʀe], (il) folâtre [fɔlɑ:tʀ
̥]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. xves. (Térence en françoys, 66 ro, édit. 1539 ds R. Hist. litt. Fr. t. 12, p. 705). Dér. de folâtre*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 94. |