| FOLÂTRE, adj. [Qualifiant un subst. désignant (le comportement, un trait physique ou psychol. d') une pers.] Qui est d'une gaieté légère et un peu folle. Enfant folâtre. (Quasi-)synon. badin, enjoué, insouciant; anton. sérieux, posé, réfléchi.Elle vient se mêler à la troupe folâtre Des sylphes vagabonds, aux épaules d'albâtre (Baour-Lormian, Veillées,1827, p. 304).On croit communément que je suis léger, espiègle, folâtre (M. de Guérin, Corresp.,1828, p. 20):J'ai vu chez un homme, dont toutes les habitudes étaient mélancoliques au dernier point, des accès de fièvre quarte opiniâtre produire un changement complet d'humeur, de goûts, d'idées et même d'opinions. Du plus morne de tous les êtres qu'il avait été jusqu'alors, il devint vif, gai, presque folâtre : sa sévérité naturelle fit place à beaucoup d'indulgence. Son imagination n'était plus occupée que de tableaux rians et de plaisirs.
Cabanis, Rapp. phys. et mor.,t. 1, 1808, p. 452. ♦ Jeux, rires folâtres; danse, joie folâtre; idée folâtre. J'étais, dans ma jeunesse, d'un caractère gai, folâtre, sans souci, sans réflexion : ma sœur aînée, au contraire, était posée, réfléchie (Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p. 66).Parce qu'on la voit souvent d'une humeur enjouée et folâtre, on aurait tort de juger Mmede Sévigné frivole ou peu sensible (Sainte-Beuve, Portr. femmes,1844, p. 14). − Dans le domaine de la crit. artistique.[Qualifiant un subst. désignant une œuvre] Enjoué, léger. Les derniers vers si gracieux et si folâtres de Symétha (Sainte-Beuve, Corresp.,t. 1, 1818-69, p. 92).Ce qu'il y a de plus curieux [dans l'église St Antoine à Padoue] c'est un tombeau en marbre noir et blanc, dans le même goût évaporé et folâtre (Gautier, Italia,1852, p. 305).La gigue folâtre, amusante par le jeu de ses artifices et de ses arabesques (Écorcheville, Suites orch.,1906, p. 69). Rem. La docum. atteste de fréq. emplois par litote. La concierge qui n'est pas folâtre tous les jours (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Trou, 1886, p. 575). La pensée peu folâtre que cette misérable nation française est bien décidément vaincue de toutes les manières imaginables (Bloy, Désesp., 1886, p. 317). Ce n'est jamais folâtre, quelle que soit la saison, de veiller les morts (Audiberti, Quoat, 1946, 2etabl., p. 48). − P. anal. ♦ [En parlant d'un animal] Un lévrier folâtre aussi blanc que la neige (Lamart., Harm.,1830, p. 488). ♦ [En parlant d'une plante] Quelque plante svelte et folâtre qui épanchait sur l'abîme sa chevelure remuante (Flaub., Corresp.,1847, p. 41). Rem. 1. On relève ds la docum. qq. attest. d'un emploi subst. : Cette matinée-là pour pendeloques, à ses oreilles, la folâtre avait pendu deux cerises (Lamart., Cours litt., 1859, p. 259). 2. Le mot, ainsi que ses dér., est rare dans la lang. parlée. Prononc. et Orth. : [fɔlɑ:tʀ
̥]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1394 (Texte cité ds Du Cange, s.v. follis, p. 541b). Dér. de fol, v. fou; suff. -âtre*. Fréq. abs. littér. : 208. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 468, b) 555; xxes. : a) 176, b) 76. DÉR. Folâtrement, adv.,vieilli. De manière folâtre. Elle m'interrompit folâtrement, m'arracha le livre des mains et se mit à fuir, en semant à poignées des roses qu'elle arrachait aux touffes des bosquets (Sainte-Beuve, Volupté,t. 1, 1834, p. 93).Une multitude parée, riant et s'avançant folâtrement, formant cortège (Gide, Porte étr.,1909, p. 505).− [fɔlɑtʀ
əmɑ
̃]. − 1reattest. 1539 (Est.); de folâtre, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 6. |