| FOIRE1, subst. fém. A.− Manifestation commerciale ou attractive se tenant dans une ville, un bourg ou un village à une ou des époque(s) et en un lieu généralement fixes. 1. Grand marché de plein air où sont exposées et vendues toutes sortes de marchandises, de denrées, de produits locaux et qui donne souvent lieu à des fêtes et à des réjouissances. Aller à la foire; foire annuelle, de printemps; bonimenteur, camelot de foire. Le bateau était chargé de marchands qui se rendaient à la foire de Beaucaire (M. de Guérin, Corresp.,1837, p. 318).La rue de Rivoli, une foire de tous les produits imaginables étalés sur le trottoir (Goncourt, Journal,1871, p. 739): 1. On attendait, dans chaque famille, telle fête pour faire les provisions du ménage. Aussi les fêtes étaient plus riches et plus belles; les marchands, étant sûrs de vendre, arrivaient de fort loin. C'était le bon temps des foires de Francfort, de Leipzig, de Hambourg, en Allemagne; de Liège et de Gand, dans les Flandres; de Beaucaire, en France.
Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p. 158. 2. Les foires sont une affaire sérieuse : c'est là que se traitent les grands intérêts du négoce; c'est là aussi que le petit commerce, en toutes ses variétés, trouve occasion à de multiples profits. Mais les affaires de marché vont avec le divertissement : une foire est aussi une fête. Il y a des foires de petite ou moyenne importance, qui se tiennent fréquemment et un peu partout.
Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 66. ♦ Champ de foire. Lieu où se déroule habituellement la foire. Synon. région. foirail (cf. aussi champ1I C 2).Les bestiaux amenés sur le champ de foire (Sorel, Réflex. violence,1908, p. 324). − HIST. (entre 1 600 et 1 800 env.). Théâtre de la foire. Petit théâtre de genre bouffon qui se produisait dans certaines foires parisiennes et plus spécialement aux foires de Saint-Germain et de Saint-Laurent. Farce, parade de la foire. Ces pièces du théâtre de la foire qui mettent aux prises Arlequin, Colombine et le docteur pour de vils intérêts et des passions basses (France, Pt Pierre,1918, p. 77). − En partic. Grand marché spécialisé dans la vente d'un produit particulier, ou dans l'exposition et la vente de bestiaux. Foire agricole; foire aux oignons, aux pains d'épices, aux vins; foire au jambon; foire aux livres, aux santons; foire à la ferraille. La foire des livres est pour Francfort une source inépuisable de richesse (France, Rabelais,1909, p. 10): 3. ... ils décidèrent de partir à pied, et d'acheter un âne pour Mary. Shelley alla à la foire aux bestiaux et revint à l'hôtel avec un minuscule baudet...
Maurois, Ariel,1923, p. 173. ♦ Foire aux puces. Marché où l'on trouve à acheter toutes sortes d'objets d'occasion. Un type inédit de lecteur (...) qui courait (...) le dimanche matin la foire aux puces de Saint-Ouen (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 393). − P. anal., mod. [Dans l'enceinte de certains grands magasins] Vente saisonnière d'un type d'articles à des prix souvent réduits. Foire au blanc, aux bonnes affaires. − Syntagmes, loc. et expr. fig. et fam. a) Nous ne sommes pas à la foire. Ce n'est ni le lieu ni le moment pour chahuter, faire du bruit, ou pour faire du marchandage ou argumenter comme les camelots de foire. Le tribunal vous somme de vous renfermer dans une plaidoirie plus décente et plus convenable : nous ne sommes pas à la foire (Champfl., Bourgeois Molinch.,1855,p. 208). b) La foire n'est pas sur le pont. Il n'y a pas lieu de se presser, les choses peuvent attendre. Te décides quand tu seras sûr! (...). Y a pas la foire sur le pont (Céline,Mort à crédit,1936,p. 688). c) Acheter à la foire d'empoigne. Voler. Une poule au pot achetée à la foire d'empoigne (Arnoux,Zulma,1960,p. 26). d) Foire d'empoigne (cf. empoigne B). Moi ma vie, c'est (...) les engueulades, les bagarres. Et si ça se trouve, la foire d'empoigne (Aymé,Cléramb., III, 2,1950,p. 143). e) S'entendre comme larrons en foire. S'entendre à merveille, surtout pour accomplir un mauvais coup, faire une mauvaise farce (à quelqu'un). Ces deux hommes, tout en ayant l'air d'être très mal ensemble, s'entendent comme larrons en foire pour toutes les roublarderies du métier (Goncourt, Journal,1896, p. 901). 2. Mod., absol., ou foire-exposition, foire échantillon. Exposition industrielle et commerciale, annuelle ou bi-annuelle, généralement couverte et répartie dans divers pavillons spécialisés offrant au public de nombreux produits (alimentaires, agricoles, industriels, artisanaux, etc.) pouvant être achetés généralement sur commande. Foire internationale, nationale, universelle; la foire de Paris, de Lyon. Cette foire [l'Exposition universelle de 1900] confuse et poussiéreuse (Cocteau, Portr.-souv.,1935, p. 120). 3. Fête locale populaire, généralement annuelle, rassemblant en un lieu déterminé des attractions diverses (manèges, baraques de tir, loteries, montreurs de curiosités, etc.). Baraque, champ de foire; hercule, lutteur de foire; foire de Neuilly; foire du Trône. Un champ de foire convenablement fourni de chevaux de bois, de roues de fortune et de saltimbanques (Gautier, Italia,1852, p. 7).Synon. fête foraine; ducasse, kermesse (région.) : 4. Ce dimanche-là, c'était la fête du village, la fête annuelle et patronale qu'on nomme assemblée, en Normandie. Depuis huit jours on voyait venir par les routes, au pas lent de rosses grises ou rougeâtres, les voitures foraines où gîtent les familles ambulantes des coureurs de foire, directeurs de loteries, de tirs, de jeux divers...
Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Père Amable, 1886, p. 230. B.− Fam. [P. anal. avec le déballage des foires et/ou l'animation qui règne sur les foires] Désordre, pêle-mêle; tumulte, grande agitation. Garçon, veillez à notre paix. C'est une foire, ici! (Giraudoux, Folle,1944, I, p. 18). − Faire la foire. Faire la fête, mener une vie de réjouissances et de divertissements. Lorsqu'il avait fait « la foire » nous supportions tous sa mauvaise humeur et sa gueule de bois (Fombeure, Soldat,1935, p. 56). Rem. Dans cette expr., le mot foire est parfois remplacé par les substituts expressifs foiridon et foirinette, subst. fém. (cf. Riv.-Car. 1969, Le Breton Argot 1975, Car. Argot 1977). Prononc. et Orth. : [fwa:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1160 (Enéas, éd. J.-J. Salverda de Grave, Paris, CFMA, 2439). Du lat. pop. feria « marché, foire », lat. class. feriae, feria « jours consacrés au repos » d'où « jours de fête », spéc. feriae novendiales « marché [qui se tenait à Rome tous les neuf jours], les foires se déroulant en même temps que les fêtes religieuses » (TLL s.v. 503, 41 et 58); cf. lat. médiév. feria « foire » (viiie-ixes. ds Nierm.), v. aussi M. Bambeck ds Mél. Wartburg, t. 2, pp. 221-222. Bbg. Baudez (J.). La Fête foraine et son lang. Vie Lang. 1974, p. 622, 625. − Chautard (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 432. − Quem. DDL t. 13. |