| FLUX, subst. masc. A.− Écoulement d'un liquide organique. Flux de sang, de bile; flux menstruel, hémorrhoïdal. Mais le flux brûlant de ses larmes continuait de monter à ses yeux (Genevoix, Marcheloup,1934, p. 269).Alors, tout d'un coup, ton flux de ventre se guérit de lui-même (Arnoux, Solde,1958, p. 230). ♦ P. ext. Écoulement de matières liquides en général ou d'un fluide : 1. ... certain isolement. (Dont j'avais souffert sans bien en avoir conscience : le mineur qui, soudain, au fond de sa mine, respire un grand flux d'air frais, et qui s'aperçoit seulement alors qu'il peinait jusque-là dans une galerie mal aérée...)
Martin du G., Souv. autobiogr.,1955, p. LXII. − Au fig. Grande abondance, afflux, flot. Un flux de paroles. Flux de bouche (vx). Bavardage. Il parle de peinture avec outrance et bêtise. Sa parole est un flux continu qu'aucune objection, qu'aucune interrogation même, n'arrête (Gide, Journal,1912, p. 384): 2. De temps en temps, aux moments les plus « énergiques » du réquisitoire, dans ces instants où l'éloquence, qui ne peut se contenir, déborde dans un flux d'épithètes flétrissantes et enveloppe l'accusé comme un orage, il remuait lentement la tête de droite à gauche et de gauche à droite...
Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 328. B.− Marée montante. Regarder arriver le flux. L'heure du flux approchoit, mon libérateur tira du danger même le moyen de mon salut : il aperçut une nacelle des Francs échouée sur le sable (...). La mer ne tarda pas à couvrir ses grèves (Chateaubr., Martyrs,t. 1, 1810, p. 304).Parfois, on se fût cru en mer; ils imitaient le bruit des lames, celui du flux et du reflux (Michelet, Oiseau,1856, p. xxxi). − P. anal. [En parlant d'une masse d'individus en mouvement] Le flux et le reflux de la foule : 3. ... il était plus intéressé encore par la foule flottante des prêtres accourus de la chrétienté entière. (...). Ah! ce flux et ce reflux, cette continuelle marée, dans Rome, des robes noires, des frocs de toutes les couleurs!...
Zola, Rome,1896, p. 300. − Au fig. Mouvement semblable à celui de la marée montante. Le flux et le reflux d'opinions contraires : 4. ... dans une pièce voisine, j'entrevois des gens assis dans des fauteuils et qui surveillent un tableau pareil à ceux qui indiquent la position des équipes à la pelote basque, où se chiffrent en blanc et rouge le flux et le reflux des valeurs.
Morand, New-York,1930, p. 55. C.− PHYS. Flux énergétique*, magnétique*. Flux lumineux. Quantité de lumière émise par une source lumineuse en un temps déterminé : 5. Ainsi en faisant fonctionner une ampoule de 110 volts avec une tension de 150 volts environ, on arrive à quadrupler le flux lumineux. Cet avantage est acquis en sacrifiant la longévité de l'ampoule.
Arts et litt.,1935, p. 3013. − PHYS. NUCL. Nombre de particules d'un faisceau qui traversent une section de ce faisceau pendant l'unité de temps (cf. Nucl. 1964). D.− P. anal., ÉCON. Quantités économiques qui transitent (circulent) d'un secteur à l'autre de l'économie ou d'un groupe d'agents à un autre tout au long d'un circuit économique (cf. Combe-Cusset, 1974). Le défaut de complémentarité empêche les transmissions de flux réels d'un centre à un autre et celles des flux monétaires d'un groupe social à un autre (Univers écon. et soc., 1960, p. 3602). REM. Fluxer, verbe trans.,pétrochim. Rendre un produit lourd moins consistant par l'addition d'une huile plus fluide (cf. Barb.-Cad. 1963 et 1971). Pour la fabrication des émulsions, l'asphalte fluxé par des fuel-oils est émulsionné avec de l'eau par passage dans un homogénéiseur (Chartrou, Pétroles nat. et artif.,1931, p. 148). Prononc. et Orth. : [fly]. x ne se prononce pas dans prix, perdrix, crucifix, flux. Mais on recommande parfois la liaison dans flux et ses dérivés : un flux abondant [flyzabɔ
̃dɑ
̃]. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1306 méd. « écoulement d'un liquide organique » flux de ventre (G. Guiart, Branche des royaus lignages, éd. Wailly et Delisle, 11752); 2. ca 1470 « écoulement de liquide, ici eau » (Trahison de France, p. 172, chron. belg. ds Gdf. Compl.); 3. 1580 « mouvement de l'eau » (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, II, ch. 17, p. 716 : flux et reflux de la riviere du Nile); 4. fig. id. « abondance, afflux » (Id., ibid., III, ch. 6, p. 1005 : flux de caquet, flux impetueux par fois et nuisible). Empr. au lat. class. fluxus « écoulement d'un liquide ». Fréq. abs. littér. : 846. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 712, b) 857; xxes. : a) 855, b) 2 016. |