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FLEMME, subst. fém. et adj.
Fam. et pop.
A.− Subst. fém. Sentiment de paresse, désir de ne rien faire. Avoir la flemme. Synon. cosse (pop.), fainéantise.Plus de soucis, plus de vains désirs de travail, mais une sage entente de notre flemme (Miomandre, Écrit sur eau,1908, p. 160).Tu n'as pas le droit de frapper cet homme s'il ne veut pas travailler. Tu n'as jamais eu la flemme, dis? (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 175):
− Et moi, je bois à nos chères flemmes! On ne se rappelle guère une journée de travail... Mais oublierons-nous jamais le subtil ennui de telle soirée lasse, qui semblait s'étirer sous nos yeux comme la fumée de nos cigarettes, et pour laquelle il nous paraît avoir su ralentir le Temps?... − Tu récites? ... − Vivent les chères flemmes! et vivent les subtiles veuleries! Martin du G., Devenir,1909, p. 39.
Loc. pop. Battre sa flemme (vieilli); tirer, traîner sa flemme. Ne rien faire, s'abandonner à la paresse. Synon. flemmarder (pop.), paresser.N'ayant rien de mieux à faire, je tirais ma flemme au dodo (Courteline, Ah! Jeun.,Henriette, 1888, IV, p. 121).À l'ébahissement des pons Pelches traînant leur flemme d'après-midi sous un soleil qui faisait rage (Verlaine, Œuvres compl., t. 4, Mes pris., 1893, p. 374).La sieste (...) que je n'ai pu pratiquer ici jusqu'à ce bienheureux jour d'un battage de flemme si bien gagné (Verlaine, Œuvres compl., t. 5, Quinze jours en Hollande, 1893, p. 276).
B.− Subst. et adj., vieilli. Paresseux. Synon. cossard (pop.), fainéant.Est-ce que vous croyez que le linge se repasse tout seul?... En voilà des flemmes!... Houp! à l'ouvrage! (Zola, Assommoir,1877, p. 550).C'était un bonhomme comme nous, ni plus, ni moins − un peu flemme, c'est tout (Barbusse, Feu,1916, p. 144).Allons, quoi! grande flemme lève-toi (Genevoix, Nuits de guerre,1917, p. 34).
REM.
Flémingite, subst. fém.,pop. Accès de flemme, forte paresse. Flémingite aiguë. Tu vas pas voir des choses extraordinaires parce que j'ai la flémingite, et que la flemme, c'est sacré pour un gentilhomme (La Varende, Bric-à-brac,1953, p. 102).
Prononc. et Orth. : [flεm]. Attest. d'une graph. flème (cf. Courteline, Ronds de cuir, Lunettes, 1891, I, p. 172; Valéry, Corresp. [avec Gide], 1908, p. 414). Étymol. et Hist. Fin xviiies. en appos. (Boutanquoi, Souvenirs de Marie-Victoire Monnard, 1777-1802, p. 36 ds Brunot t. 10, p. 226 : elle avait le caractère « flemme »); 1821 subst. fém. flème qualifié de ,,barbarisme`` (J.C.L.P. Desgranges, Petit dict. du peuple à l'usage des quatre cinquièmes de la France, p. 45); 1828-29 batteur de flemme « désœuvré » (Vidocq, Mém., t. 3, p. 180). Empr. à l'ital. flemma « lenteur, placidité » (dep. xvies., Tansillo ds Batt.), d'abord « l'une des quatre humeurs fondamentales de l'organisme » (dep. xiiies., Brunetto Latini, ibid.), de même orig. que flegme*. Fréq. abs. littér. : 24. Bbg. Arveiller (R.). R. Ling. rom. 1965, t. 29, p. 377. − Hope 1971, pp. 445-446. − Pauli 1921, p. 21.