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FLEGME, PHLEGME, subst. masc.
A.− Vieux. Humeur glaireuse, liquide épais.
1. MÉD., gén. au sing. Une des quatre humeurs du corps dont la prédominance caractérisait une forme de tempérament. Synon. lymphe, pituite.Selon Hippocrate, les causes générales des maladies résultaient d'une perte d'équilibre entre les quatre humeurs cardinales : sang, phlegme ou pituite, bile jaune et bile noire (Le Gendre dsNouv. Traité Méd.,fasc. 7, 1924, p. 234):
1. Les vieux botanistes du seizième siècle les appréciaient, disant qu'elles [les hellébores] évacuaient le flegme et la colère et guérissaient la grattelle, l'impétigine, les rognes, les gales blanches et autres vices du sang ... Huysmans, Oblat,t. 1, 1903, p. 274.
Vieilli, gén. au plur. Mucosités que l'on rejette par la bouche, crachats. Il a jeté beaucoup de flegmes, des flegmes sanguinolents (Ac.1798-1878).Vomissemens de phlegmes (Geoffroy, Méd. prat.,1800, p. 168).
P. anal. Il me faudrait un courage profond. J'ai la tête pleine de flegmes et « d'humeurs crasses » (Flaub., Corresp.,1875, p. 180).
2. CHIM. Partie aqueuse insipide et inodore obtenue lors de la distillation des corps (d'apr. Ac. 1798, 1835). Toutes les substances vétégales, soumises à la distillation, fournissent les mêmes produits généraux : de l'eau, de l'huile, du phlegme, de la terre, etc. (Berthelot, Synth. chim.,1876, p. 39).Proportions de « phlegme et d'huile » recueillis dans [une distillation] (E. Schneider, Charbon,1945, p. 176).
3. − DISTILL. Produit, souvent toxique, obtenu au début de la distillation d'un liquide alcoolique (sirop fermenté, jus de betteraves ou de grains) (d'apr. Ac. 1878-1932). Les alcools, obtenus par la distillation simple et qui portent le nom de flegmes, ne sont (...) pas suffisamment concentrés (Ser, Phys. industr.,1890, p. 338).
B.− Au fig., cour., au sing. Caractère d'une personne calme et imperturbable, qui garde son sang-froid en toutes circonstances. Flegme imperturbable; ne pas se départir de son flegme; sortir de son flegme. C'est un homme qui a un grand flegme, qui est d'un grand flegme (Ac.1798-1932).Un ton de voix dont le flegme affecté cachoit la plus violente colère (Balzac, Annette,t. 2, 1824, p. 38).Impassibilité, qui peut aller de la douceur et de la maîtrise de soi à la froideur et au flegme (Mounier, Traité caract.,1946, p. 240).V. chiffre ex. 7 :
2. Il faut aussi convenir que dans la physionomie anglaise il y a un sang-froid, un flegme, qui est le caractère de la nation entière, et qu'on ne saurait rencontrer chez nous... Musset dsLe Temps,1831, p. 36.
Prononc. et Orth. : [flεgm̥]. Flegme, phlegme, doublets savants de flemme. ,,Le g devant consonne ne se rencontre que dans les mots savants : amygdale, apophtegme, augmenter (...). Tous ces mots se prononcent aujourd'hui avec g articulé`` (Buben 1935, § 112). Ds Ac. 1694 et de nouv. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. xiiies. a. liég. flegme « une des 4 humeurs de l'ancienne médecine » (Médicinaire liégeois du XIIIes., éd. J. Haust, 797); 1538 phlegme (Est., Lat. fr., d'apr. FEW, t. 8, p. 391b); 2. av. 1593 flegme « crachat » (G. Bouchet, 33eSeree [v. 40] ds Hug.); 3. 1651 fig. « caractère calme » (Scarron, Roman Comique, éd. A. Adam, II, 17, p. 768). Réfection étymol. de l'a. fr. fleume [1. 1256 fleume « l'une des quatre humeurs fondamentales, dans l'ancienne médecine » (Ald. de Sienne, Regime du corps, 45, 18 ds T.-L.); 2. 1314 fleugme sause [phlegma salsa] « sorte d'ulcère » (H. de Mondeville, Chirurgie, 1657, ibid.); 1510 fleume « crachat » (Gringore, Coqueluche [I, 186] ds Hug.)], du b. lat. phlegma « humeur, mucus », gr. φ λ ε ́ γ μ α. Fréq. abs. littér. : 130.