| FLANCHER, verbe intrans. A.− [Le suj. désigne une pers.] Perdre courage, ne plus persévérer dans son effort, dans ses résolutions, au moment décisif. Il nous reste six kilomètres ce soir. Je compte que personne ne flanchera (Benjamin, Gaspard,1915, p. 444): 1. Il [Hopkins] est resté fidèle jusqu'à la fin, mais en admettant qu'il ait jamais nourri des doutes sur la sagesse des décisions prises, il n'eût pas reculé, il n'eût pas avoué une défaite, car flancher dans une aventure qui engage tout le caractère de l'homme, cela ne ressemblerait pas à un Anglais de cette trempe.
Green, Journal,1944, p. 180. B.− [Le suj. désigne une chose] Faiblir, céder, cesser de fonctionner. Elle n'est pas morte de son infection, la pauvre. C'est le cœur qui a flanché (Mauriac, Génitrix,1923, p. 343): 2. Il s'imagine qu'il croit, parce qu'il continue à agir comme s'il croyait. Il n'est plus libre de ne pas croire. Si sa foi flanchait, mon vieux, mais ce serait la catastrophe! Un effondrement! Et songe que, du coup, ma famille n'aurait plus de quoi vivre.
Gide, Faux-monn.,1925, p. 1230. REM. Flanchage, subst. masc.Action de flancher. Le flanchage du communisme restitue au christianisme sa portée révolutionnaire (Gide, Journal,1938, p. 1327).Hier, flanchage du cœur, à la suite d'une injection de novocaïne pour procéder à l'extraction assez pénible d'une racine de molaire (Gide, Journal,1942, p. 128). Prononc. et Orth. : [flɑ
̃
ʃe], (je) flanche [flɑ
̃:ʃ]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1. 1835 arg. « jouer » (Raspail ds Le Réformateur, 20 sept.); 2. 1846 arg. « plaisanter » (L'Intérieur des prisons, p. 242); 3. 1862 « céder, faiblir » (Larch., p. 154). Mot d'orig. incertaine. D'apr. le FEW t. 16, pp. 213-214, il serait issu, par changement de conjugaison, de l'a. fr. flenchir « faiblir » (xiiies. ds T.-L.) [de l'a. b. frq. *hlankjan « plier, fléchir », cf. le m. h. all. lenken « id. » (Lexer)]. L'écart chronol. entre flenchir et flancher paraît difficilement surmontable. On a également avancé pour flancher une altération de flacher « mollir, céder », de flache* (Dauzat). Fréq. abs. littér. : 60. Bbg. Chautard (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 237. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 64, 217. |