| * Dans l'article "FIN2, FINE,, adj." FIN2, FINE, adj. I.− [Dans des expr.] A.− Emploi adj. Qui constitue l'extrémité ultime de quelque chose (souvent le tout début ou l'extrême fin). − Le fin bout de. Le fin bout des doigts. Née à Paris et Parisienne jusqu'au fin bout de ses ongles roses (Theuriet, Mariage Gérard,1875, p. 46). − Le fin fond de. Repris ma théologie entrecoupée de causeries De omni Re scibili avec l'abbé, et atteint ainsi le fin fond de la nuit (Barb. d'Aurev., Memor. A... B...,1864, p. 439).À la première de Santiago, j'étais debout au fin fond de l'orchestre entre les deux gardes municipaux (Montherl., Notes théâtre,1954, p. 1073). − La fine pointe de. Qu'elle allât dans les jardins dès la fine pointe du printemps (France, Lys rouge,1894, p. 142).Il y en a une [une voix] justement à la fine pointe de ce grand peuplier au-dessus de nous (Claudel, Lune,1949, p. 1282).L'acte même par lequel la fine pointe de notre esprit pénètre dans l'absolu (Teilhard de Ch., Phénom. hum.,1955, p. 244). − Au fig. Le fin mot de. Le mot qui donne la clé de quelque chose. Fabrice comprit le fin mot de tout ce qui lui arrivait (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 33). B.− Emploi subst. masc. à valeur de neutre. Ce qu'il y a de caché, le secret de quelque chose. Les faire naître [les conspirations], les étouffer, charger la mine, l'éventer, c'est le grand art du Ministère; c'est le fort et le fin de la science des hommes d'État (COURRIER, Pamphlets pol., Au réd. « Censeur », 1820, p. 39).Dans tous les cas, je saurai le fin de cette affaire (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 461). ♦ Le fin du fin. Nous allons pénétrer le mystère! Nous allons savoir le fin du fin! (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 765).V. infra II B 2. C.− Emploi adv. Tout à fait, complètement. Fin saoul. Et maintenant elle voit aussi fin clair que vous et moi (Claudel, Violaine,1901, III, p. 611).Quand vous reviendrez de votre tour de France, la maison sera fin prête (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 214). II.− Usuel A.− D'un volume très réduit. 1. [En parlant d'éléments très petits] Grain fin, fine gouttelette. Les quenouilles [des amarantes] pendaient, assombries, semant leurs fines graines rondes et noires (Genevoix, Raboliot,1925, p. 116). 2. Fait de particules d'un volume très réduit. Gravier, sel fin; cendre, poudre, poussière, limaille, neige, brume, pluie, pâte fine. Une touffe d'ortie au pied du mur était poudrée de fin plâtre frais (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 257).Un fin brouillard montait (Zola, Ventre Paris,1873, p. 679).Si le roc se dresse, elle [la caravane] l'évite, si le sable est trop fin, elle cherche ailleurs un sable dur (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 512). ♦ [En parlant d'un aspect sous lequel se manifeste une telle matière] Un crachoir (...) qui était rempli jusqu'aux bords d'un fin poudré de sable (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 342). − [En parlant d'un objet fait d'une substance fine; avec une idée de qualité supérieure de la matière] Porcelaine, poterie fine. Il existait dans ce village de banlieue tout proche de Sèvres, une fabrique de faïence fine sur laquelle on est très mal renseigné (G. Fontaine, Céram. fr.,1965, p. 84). − TECHNOL., emploi subst. fém. plur. Résidus peu volumineux, surtout poussier de houille. Aux mines de Bruay, enfin, les fines, épurées à sec, traversent deux fours tournants (E. Schneider, Charbon,1945, p. 314). − Emploi adv. Moudre fin. Une charcuterie succulente, où de blanches rivières de lard traversaient la chair brune du gibier, mêlée à d'autres viandes hachées fin (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Boule de suif, 1880, p. 151). 3. [Souvent avec une idée de qualité supérieure] Très réduit, particulièrement en ce qui concerne l'épaisseur. a) Dont l'apparence générale est particulièrement effilée.
α) [En parlant de l'élément lui-même] Et l'on a trouvé sur le pavé un lit de paille fine où la place d'un corps était encore marquée (Hugo, Rhin,1842, p. 409).Des aiguilles électriques montées sur un fin pivot branlent à la moindre variation de la chaleur ou de l'air (Taine, Notes Paris,1867, p. 133).Un annotateur anonyme avait souligné la dernière phrase et écrit en marge, de la pointe fine d'un crayon (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 427). SYNT. Cheveu, poil, fil, herbe, gazon fin(e); aiguille, épée, lame fine; projectile, scalpel fin; colonnette fine; pinceau fin. ♦ Emploi adv. C'est que l'habitude de filer fin existait déjà dans les campagnes de Reims; de filer la laine aussi fin qu'on filait le lin ailleurs (Michelet, Journal,1842, p. 466). − [En parlant de détails anatomiques] Le nez fin et recourbé, l'œil fort noir, la peau ivoirine, soixante ans sur tout cela (Green, Journal,1940, p. 27).Elle est fine et souple, mais elle ne sait même pas se tenir (Anouilh, Répét.,1950, III, p. 81): 1. Alors, un peu en arrière d'elle, il la regarda encore. Le buste et les bras d'une ligne gracile et pure, les hanches riches, les chevilles fines, dans sa belle forme d'amphore vivante, elle lui plut toute.
France, Lys rouge,1894, p. 152. SYNT. Figure, minois, visage, museau, menton, bouche, bec, gorge, tête, taille, jambe, main fin(e); doigts fins. − Dont les éléments composants sont minces et rapprochés. Peigne, treillis fin. Tamisage au travers d'un tamis très fin (Brajnikov, Pétrogr. et rayons X,1936, p. 25). ♦ Emploi adv. Du maïs en des paniers tressés fin (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 375).
β) [En parlant d'une forme, de l'aspect extérieur d'un élément] − Croissant, grainé, réseau fin. Le lacis fin des vergues sur le ciel (Samain, Chariot,1900, p. 36).Du fin liséré de moustache qui courait sur la lèvre (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 209). − Découpure fine, trou fin. Plus la masse M est élevée plus il est nécessaire d'employer une fente fine pour déceler une même différence de masse (MmeP. Curie, Isotopie,1924, p. 95). − Dessin fin. J'étais accoutumé à le voir rêver tout un jour sur cette petite écriture fine et élégante (Vigny, Serv. et grand. milit.,1835, p. 75). − Profil fin, silhouette fine, allongement fin d'un corps, galbe fin d'un visage. Le fin modelage de sa figure passée, perdu, enfoui dans sa pleine et grosse face de ces dernières années (Goncourt, Journal,1888, p. 763).Il avait une figure grasse aux traits fins (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 77). − Structures fines. La mécanique ondulatoire, sous sa forme primitive telle que nous l'exposons en ce moment, n'est pas relativiste (...) : c'est pourquoi elle ne peut rendre compte des structures fines (L. de Broglie, Théorie quanta,1959, p. 197). b) [En parlant d'un élément caractérisé par son étendue, mais sa faible épaisseur] J'ai pris du papier fin pour pouvoir mettre la lettre que je lui écris sous ce pli sans indiscrétion (Balzac, Corresp.,1837, p. 339).Il avait une chemise, une chemise de batiste si fine que je l'avais cru nu (Goncourt, Journal,1859, p. 629). SYNT. Écorce, cuir, membrane, peau fin(e); étoffe, tissu, dentelle, drap, gaze, laine, lin, mousseline, soie, toile, zéphyr fin(e). − [En parlant d'objets faits de tissu ou de cuir fin] Fait d'une matière très mince et par là même d'une qualité délicate. Chemise, mouchoir fin(e); lingerie fine; chaussure fine. Acheter à Lucien des souliers fins chez le meilleur bottier d'Angoulême (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 55).N'épargnant ni le linge fin à broderies fenestrées, ni la poudre d'iris, ni le musc (Gautier, Fracasse,1863, p. 239).Il réendossa sur le fin jabot sa vareuse qu'il boutonna solidement et sa blouse fripée (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 48). ♦ Emploi subst. masc. Linge fin. Blanchisseuse de fin. Bien connu à Montparnasse, ainsi que sa garce, Gabrielle, une repasseuse de fin (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 193). 4. P. anal. [Souvent avec une idée de qualité supérieure] Ténu, peu appuyé, délicat. − [En parlant de choses perçues par la vue] Étincelle, ombre fine; regard fin. Vieille tête de négociant, fatiguée et distinguée, sourire fin (Goncourt, Journal,1855, p. 207).Le tout peint dans des tons fins délicieux, dans une gamme de pâleurs argentées, de verts noyés de lait, de gris et de bleu discrets (Huysmans, Art mod.,1883, p. 55). − [En parlant de choses perçues par l'odorat ou le goût] Odeur, parfum, relent fin(e); goût fin. L'air était embaumé du parfum des lauriers-menthes, dont les bouquets de fleurs blanches, alors en pleine floraison, dégageaient les plus fines senteurs aromatiques (Verne, Enf. cap. Grant,t. 2, 1868, p. 185).L'Azalée aux fleurs d'or, dont son souffle comme un autre printemps, propageait le fin arome (Claudel, Poés. div.,1952, p. 308). − [En parlant de choses perçues par l'ouïe] Son fin. V. carillon ex. 2. − [En parlant de choses perçues par la pensée] Plaisanterie, satire fine. Une ironie si fine et si voilée, que souvent il était ironique pour lui-même et seul dans le secret de son rire intérieur (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 73). B.− Ne comportant pas d'élément qui en altère la qualité. 1. Domaine du concr. a) De la plus grande pureté. Or, argent, métal fin; diamant fin; pierre, émeraude fine. Un sac à tabac, brodé d'or et de perles fines (About, Roi mont.,1857, p. 81).Les outils sont d'acier fin, de fil ardent, résistants (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 154).On leur vendra pour de l'argent fin ce qui contient un tiers d'étain ou de plomb (Faral, Vie temps st-Louis,1942, p. 74). ♦ Couleurs fines. Il possède chez lui tout un assortiment de couleurs fines en tubes (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 137). b) [En parlant d'aliments] D'une qualité délicatement agréable, souvent recherchée. Beurre, gibier, bouteille, liqueur, bière, épice, épicerie fin(e); morceaux fins. Vous n'avez pas prodigué les vins fins et le veau froid à un ingrat (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 326).On lui gardait les plus fines pièces pêchées par la Marie-Rose (Hamp, Marée,1908, p. 62).Gâteau savoureux, pesant à la fois et feuilleté, imbibé de fine graisse d'oie (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 19). ♦ Fine fleur (de farine). Ce qui reste de la farine une fois épurée du son qu'elle contenait. Un pain fait spécialement pour moi, à la fine fleur de froment (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 321).Au fig. Ce qui est de la meilleure qualité, ce qui constitue l'élite. Je vous apporte à choisir, et en abondance, la fine fleur des rasoirs anglais, en acier d'argent (Lamart., Corresp.,1831, p. 193).C'était la fine fleur de la société savante (Duhamel, Maîtres,1937, p. 235). ♦ Fines herbes*. − Emploi subst. fém. Fine + compl. prép. de désignant la provenance.Huître de bonne qualité. Fine(-)de(-)claire(s). Huître de bonne qualité élevée dans une/des claire(s)*. [Avec compl. prép. de désignant un lieu] C'est le mélange d'eau douce et d'eau de mer qui fournit aux huîtres de Bélon leur saveur, leur parfum, leur finesse, ce qui permet de les appeler « fines de Bélon », plus précisément « fines de la rivière de Bélon » (H. Gault, C. Millau, Guide gourmand de la France,Paris, Hachette, 1970, p. 720). − Fin repas, souper fin. Un fin dîner, avec un potage au blé vert, des langues de rennes de Laponie, des surmulets à la provençale, une pintade truffée (Goncourt, Journal,1882, p. 157).Partie fine. Partie de plaisir en galante compagnie. Les parties fines chez le traiteur! Les bals masqués! Le champagne! (Flaub., Corresp.,1853, p. 238): 2. Un second narrait qu'il avait vu, le jour de sa capture, un général et son chauffeur manger sur la même petite table pliante, dressée des propres mains du général tandis que le chauffeur allait faire remplir deux gamelles à la plus proche « roulante ». Le souvenir de tant de parties fines où s'étaient distingués les officiers français, le luxe de leurs uniformes comparés aux nôtres, (...) échauffaient les aigreurs...
Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 44. c) [En parlant d'un travail, d'un objet fabriqué] D'une grande perfection. Ce sont tous trois d'excellents ouvriers, fournissant la plus fine coutellerie de la rue Richelieu (Goncourt, Journal,1860, p. 734).À huit ans ma fille me brodait ce napperon, tenez... Oh! ce n'est pas du travail fin, mais c'est gentil tout de même (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 267). 2. Domaine de l'abstr.Révélant de grandes qualités de distinction. Fine élégance. [J.-J. Ampère] s'y vit initié [à Rome] chaque jour à la plus haute et à la plus fine société (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 13, 1863-69, p. 195).Ce que j'admire toujours en lui, c'est sa race, sa qualité fine d'homme supérieur (Renard, Journal,1906, p. 1054). ♦ Le fin du fin. Le nec plus ultra. Être toujours présent et ne jamais déplaire, c'est le fin du fin d'un métier qui ne s'apprend pas : il y faut être né (Mauriac, Vie Racine,1928, p. 181).Il y a bien à Bucarest d'autres confiseries célèbres (...) mais le fin du fin, le véritable arcane, c'est Capsa (Morand, Bucarest,1935, p. 165).V. supra I B. C.− D'une très grande sensibilité aux moindres détails. 1. [En parlant des sens] Qui perçoit les moindres nuances.
Œil, odorat, ouïe fin(e). Il faut avoir la vue bien fine et le coup d'œil très-juste (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb.,1821, p. 188).L'oreille très fine du reporter perçut un glissement qui venait à lui, un léger craquement de branches (G. Leroux, Roul. tsar,1912, p. 98). ♦ Avoir le nez fin. Avoir un odorat sensible. Il avait le nez fin, il sentait de loin les bonnes choses (Zola, Faute Abbé Mouret,1875, p. 1366).Au fig. Être capable de découvrir ce qui est tenu caché. Synon. avoir du flair.J'ai le nez fin; je flairais depuis longtemps ce qui arrive aujourd'hui (Sandeau, Sacs,1851, p. 44): 3. − Ne vous tracassez donc pas, fit Joseph avec autorité. Sans doute, elle est sur le point de savoir et de comprendre, mais ce n'est pas fait encore. Il y a des tas de choses qu'elle a failli savoir et qu'elle a, pendant longtemps, fait effort pour ne pas savoir.
− Elle a le nez fin, chuchota Ferdinand. Cécile eut un geste d'impatience.
− Je suis de l'avis de Joseph. Il faut qu'elle ne sache rien. Alors?
Duhamel, Terre promise,1934, p. 189. ♦ Avoir l'oreille fine. Avoir un sens de l'ouïe particulièrement sensible. Le capitaine Cruchet, qui a l'oreille fine, se retourne, lèvres pincées (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 66). 2. [En parlant d'une personne ou de ses facultés ou activités] a) Qui manifeste une sensibilité particulièrement aiguë aux moindres nuances.
α) [En parlant d'une pers.] Doué d'une pénétration, d'un discernement, d'une justesse de jugement particulièrement aigu; capable d'une grande délicatesse de sentiment. Pour les âmes un peu nobles ou un peu fines, mieux valait la monotonie et la paix du cloître (Taine, Philos. art,t. 1, 1865, p. 79).Elle est trop fine pour n'avoir pas eu honte de son mari (Radiguet, Bal,1923, p. 195). − En partic. [Toujours antéposé] Qui témoigne d'une compétence particulière dans un domaine donné. Fin connaisseur, dégustateur, gourmet, limier, tireur; fine couseuse; fine gueule, fine lame. Et même ce qu'il dit de l'art n'est pas d'un dilettante délicat, fin appréciateur de l'art (Goncourt, Journal,1896, p. 912).Il ne peut exister à mon goût plus fin diseur de ces jolis riens qui sont tout (Rostand, Cyrano,1898, III, 1, p. 112).
β) [En parlant de facultés ou d'activités] Délicat, pénétrant, précis. − Domaine de l'esprit.Critique, intelligence, observation, pensée fine. La cadette a une sensibilité délicate, susceptible d'exaltation, des idées fines et profondes (Maine de Biran, Journal,1818, p. 158).Combien ses recherches, et les analyses très fines et très précises dont elles procèdent, avaient transformé à mes yeux le problème littéraire (Valéry, Variété II,1929, p. 188). − À propos du comportement. Jeu très fin, passe fine. Ce mastoc, même s'il cogne, ne peut avoir une boxe fine (Montherl., Olymp.,1924, p. 343). b) Malin, rusé.
α) [En parlant d'une pers.] Comme il était fin politique, pour parler le langage du tems, il usa de la plus grande fausseté (Baudry des Loz., Voy. Louisiane,1802, p. 130).Il est fin et cauteleux (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 395). − Expressions ♦ Fin matois, fin renard, fine mouche. La France est une fine commère, il n'est pas facile de la surprendre (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 405). ♦ Ma fine (appellatif pop.). Écoutez, ma fine, pourquoi ne s'arrangerait-on pas cette nuit, nous deux, gentiment? (Bernanos, Crime,1935, p. 730). ♦ Faire le fin, jouer au plus fin (avec emploi subst.). Il ne faut pas jouer au fin avec moi, lui dit Janin (Goncourt, Journal1857, p. 329).Pourquoi est-ce le ciel aujourd'hui qui joue au plus fin et au plus têtu avec moi! (Giraudoux, Sodome,1943, I, 4, p. 85).
β) [En parlant du comportement] Malgré ce trait de fine politique, jamais M. de Rênal n'avait voulu les recevoir chez lui (Stendhal, Rouge et Noir,1830p. 141).Nous croisâmes Bloch qui m'adressa un sourire fin et insinuant (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 879).
γ) P. antiphrase. Avoir l'air fin. N'empêche que, vous et moi, sans le moindre papier officiel pour les fouilles, on a l'air fin! (J. Dombrovski, Le Conservateur des antiquités, trad. par J. Cathala, Paris, Julliard, 1979, p. 224). 3. Fin voilier. Bâtiment allant bien à la voile au plus près du vent. À cette heure, le plus fin voilier de la Méditerranée n'eût certes pu rattraper la petite tartane qui cinglait à pleines voiles vers Livourne (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 266). REM. Finet, ette, adj.,vx et rare. Dimin. de fin2. a) [Correspond à fin2II A 2] Une belle année et de la farine finette, et voici des crêpes sautées au grand air (La Varende, Heur. humbles, Phoebé, 1942, p. 108).b) [Correspond à fin2II C 2 b] Celui-ci sera un beau soldat s'il continue (...) celui-là sera finet et entendu comme son père (Sand, Pte Fad.,1849, p. 208). Prononc. et Orth. : [fε
̃], fém. [fin]. Homon. faim, formes du verbe feindre. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 « qui présente un caractère de perfection, affiné (de l'or) » (Roland, éd. J. Bédier, 652); b) ca 1245 « qui discerne (ou présente) des nuances » (Ph. Mousket, Chron., 9715 ds T.-L.); ca 1320 « dont l'habileté s'accompagne de duplicité » (Ovide moralisé, Commentaire Copenhague, éd. C. de Bœr, t. 5, p. 408); 2. fin xiiies. finne emploi adv. devant un adj. « absolument » (Chastelain de Coucy, éd. J. E. Matzke et M. Delbouille, 151); 3. ca 1500 « qui est à l'extrémité » (Ph. de Commynes, Mém., éd. J. Calmette, t. 3, p. 265), subsiste dans des loc. telles que fin fons (1507-08 Eloy D'Amerval, Livre de la Deablerie, éd. Ch.-Fréd. Ward., 170a); 4. a) ca 1450 « qui est mince (opposé à épais) » (Myst. du Vieil Testament, éd. J. de Rothschild, XXXVIII, 36374); b) 1432 « qui est de petite taille » (Baudet Herenc, Doctrinal de la sec. rhét. ds Langlois, Seconde rhétorique, 109). Même mot que fin1*, dér. du sens « degré suprême de quelque chose » du lat. finis, d'où « accompli », « délicat », « qui est le point extrême ». Cf. le lat. médiév. finus « de belle qualité » (1058 ds Nierm.). Fréq. abs. littér. : 3 518. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 418, b) 4 810; xxes. : a) 5 824, b) 5 964. DÉR. Finer, verbe trans.Débarrasser une substance de ses impuretés. On fit venir à grands frais du plomb, de la poudre et du soufre, que les femmes finaient pour le service des canons et des couleuvrines (France, J. d'Arc,t. 1, 1908, p. 134).Rem. Finage, subst. masc.Opération consistant à débarrasser la fonte du silicium qu'elle contient. Synon. mazéage. Cf. Barnerias, Aciéries, 1934, p. 49. − [fine]. − 1resattest. début xives. part. passé adj. « affiné (de l'or) » (Hercule et Phileminis, Richel. 821, fo1dds Gdf.), 1466 finer « rendre plus fin » (Pierre Michault, Doctrinal du temps présent, éd. Th. Walton, XXXI, 24, p. 81). av. 1544 (Cl. Mar., Rond. responc. par Vict. Brodeau, éd. 1596 ds Gdf.); de fin2« qui est mince, de petite taille », suff. -é* puis dés. -er; à distinguer de finer altération de finir, cf. finance. − Fréq. abs. littér. : 1.BBG. − Duch. Beauté. 1960, p. 160. − Grundt (L.O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, p. 75, 80, 150; pp. 390-391, 407-410. |