| FINANCIER, IÈRE, adj. et subst. I.− Adjectif A.− Relatif aux grandes affaires d'argent, à ceux qui s'occupent de grandes affaires d'argent. Scandale financier; page financière d'un journal; opérations financières. Le père Goriot (...) allait à la Bourse et (...), suivant une expression assez énergique de la langue financière, carottait sur les rentes (Balzac, Goriot,1835, p. 34).[Les jeunes gens du Sud des États-Unis] s'occupent, en général, de questions financières : cours du coton, valeurs et obligations (Camus, Requiem,1956, 1repart., 2etabl., p. 828): 1. Le crédit viticole s'appuyait sur un excellent système financier : il prêtait aux cultivateurs la moitié du prix d'estimation de leurs biens, garantissait le prêt par une hypothèque, et touchait des emprunteurs les intérêts, augmentés d'un acompte d'amortissement.
Zola, Curée,1872, p. 417. − En partic. ♦ Vx. ``Écriture financière, écriture en lettres rondes. On dit de même, lettre financière,, ``(Ac. 1835, 1878). ♦ [En parlant d'un attribut, d'une manifestation de l'esprit hum.] Talents financiers. Mon goût financier Me refit caissier En Bohême (Dumas, Père, Noce et enterrement,1826, I, 5, p. 79).Chargé (...) de représenter la France (...) comme contrôleur de la Dette, en Égypte, où grâce à ses grandes capacités financières il avait rendu d'importants services (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 434). B.− Relatif aux ressources en argent 1. de l'État. En présence des lois financières qui se préparaient, la plus grande partie des gens qui avaient de l'argent le plaçaient à l'étranger (Goncourt, Journal,1895, p. 870).Alexander Sachs (...), spécialiste des crises financières, un homme que les pays d'Europe appelaient en consultation quand il fallait effectuer une dévaluation à chaud (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 32): 2. ... le pouvoir, loin d'être absolu, était tenu en échec par les parlements dont l'opposition aux réformes financières paralysait le gouvernement...
Bainville, Hist. Fr.,t. 1, 1924, p. 291. 2. d'un particulier. Embarras financiers. Elle [la jeune femme] avait réglé, avec une sûreté d'homme d'affaires, tous les détails financiers du ménage (Maupass., Bel-Ami,1885, p. 214).Ce ton de comptable dont il tentait de mesurer le volume financier de l'un des trente ou quarante hommes les plus riches du monde (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 174): 3. Malheureusement, mes affaires financières étaient alors assez embrouillées. Depuis que je m'étais livré à la muse, mon oncle le bonnetier m'avait fermé sa porte, et il parlait de me déshériter.
Reybaud, J. Paturot,1842, p. 8. C.− [En parlant d'une pers. phys. ou mor., d'un ensemble de pers.] Qui s'occupe de grandes affaires d'argent. Bourgeoisie, entreprise, société financière. Une oligarchie financière tenant (...) tout l'État dans sa main, l'argent était le roi et le dieu de Carthage (Michelet, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 190): 4. ... Paulo Prado, agent financier du gouvernement brésilien depuis que les récoltes du café garantissaient les emprunts d'État de la banque fédérale...
Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 346. − Qui s'occupe du budget. Directeur administratif et financier. La direction « arbitre », après consultations, pour donner ses instructions aux services de fabrication et aux services financiers (Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 554). D.− (Sauce, garniture) financière/à la financière. (Sauce, garniture) avec des truffes émincées, des quenelles, des ris d'agneau, des olives, des crètes et des rognons de coq, etc. (d'apr. Ac. Gastr. 1962). Vol-au-vent à la financière (Zola, Nana,1880, p. 1301).Poulet financière (Proust, Guermantes 2,1921, p. 503): 5. ... dans toutes les séries d'apprêts (...), il y en a toujours un ou plusieurs qui portent pour qualification : à la financière. Et on sait que ce n'était pas le roi, mais les fermiers généraux qui mangeaient autrefois le premier plat de petits pois (...). Les choses ne se passent pas autrement de nos jours : les tables financières continuent à offrir tout ce que la nature a de plus parfait, les serres de plus précoce, l'art de plus exquis...
Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 155. II.− Substantif A.− Masc. Celui qui s'occupe de grandes affaires d'argent. Il est riche comme un financier (Ac.1835, 1878).Voilà M. Grandet, excellent financier, qui comprend l'argent et ses mouvements (Stendhal, L. Leuwen,t. 3, 1836, p. 332).Le financier Laffite, un homme à qui tout avait réussi (Bainville, Hist. Fr.,t. 2, 1924, p. 154): 6. Collé avait placé une somme d'argent considérable, à fonds perdus et à dix pour cent, chez un financier qui, à la seconde année, ne lui avait pas encore donné un sou.
Chamfort, Caract. et anecd.,1794, p. 129. − En partic. [Sous l'Ancien Régime] Celui qui régissait des biens appartenant au roi. Le contrôleur général des finances, M. de Silhouette, après avoir fait rendre gorge aux financiers, se [vit] contraint de quitter sa charge (Guéhenno, Jean-Jacques,1952, p. 61). − P. méton. Personnage littéraire, en particulier de théâtre, qui s'occupe de grandes affaires d'argent. Jouer les financiers (Ac.). [Les financiers] sont toujours les mêmes. Aussi, au théâtre, le financier est-il un personnage épais, grossier et fastueux, avare avec les pauvres, prodigue avec les riches (Balzac,
Œuvres div.,t. 2, 1831, p. 410).Sauf le financier, plus rien (...) ne subsiste maintenant de l'épopée balzacienne (Léautaud, Essais,1899, p. 47). B.− Fém., rare, vieilli. Épouse d'un homme qui s'occupe de grandes affaires d'argent. Ce fut de sa main [de MmeLauwerens] que Renée reçut son premier ennui, le jeune duc de Rozan, que la belle financière plaçait très difficilement (Zola, Curée,1872, p. 424).La financière [Mmedu Moley], aux lundis où l'on ne recevait que des hommes à dentelles (...) est encore séduisante en ce portrait qui n'est plus celui de sa première jeunesse (Goncourt, Mais. artiste,1881, p. 146). Prononc. et Orth. : [finɑ
̃sje], fém. [-sjε:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1440 subst. financiere « personne qui possède, propriétaire » ([Achille Caulier] Hospital d'Amours ds A. Chartier,
Œuvres, éd. Duchesne, 1617, p. 749); 1494 subst. financier « celui qui manie les affaires d'argent » (Delavigne, Voyage de Naples de Charles VIII, p. 119 ds La Curne); 1549 « celui qui s'occupait, sous l'ancien Régime, des finances publiques » (Est.); 1776 « celui qui s'entend au maniement des affaires d'argent » (Volt., Lett. Vaines, 30 mars ds Littré); 1755 art culin. financière « espèce de grosse entrée, aux quenelles, champignons » (Menon, Soupers de la cour, t. 2, p. 83); 1694 typogr. adj. (Ac.); 1752 « relatif aux finances et aux financiers » (Trév.). Dér. de finance*; suff. -ier*. Fréq. abs. littér. : 1 007. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 081, b) 968; xxes. : a) 1 993, b) 1 642. DÉR. Financièrement, adv.Du point de vue des ressources en argent. Cet État est financièrement très malade (Ac.1932).Même financièrement parlant, il vaut mieux gagner cent louis dans un bon commerce de bois, dont on est le maître, que de recevoir quatre mille francs d'un gouvernement, fût-il celui du roi Salomon (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 213).Nous avons des frais énormes. Nous sommes obligés de faire appel aux collaborateurs pour nous aider financièrement à mettre sur pied une publication de cette importance (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 80).− [finɑ
̃sjε
ʀmɑ
̃]. Ds Ac. 1932. − 1reattest. 1829 (Boiste); de financier, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 17. BBG. − Encyclop. (46). Informatique (L') nouv. 1977, no82, p. 41. − Quem. DDL t. 12. |