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FILOUTER, verbe trans.
A.− Vieilli. Filouter qqc. (à qqn).Voler avec adresse. Synon. subtiliser.Il m'a filouté ma bourse (Ac.1835, 1878).Filouter une montre, un mouchoir (Lar. 19e).
B.− P. ext.
1. Escroquer, voler par ruse, par tromperie.
Filouter qqc. (à qqn).Clubin a coulé Durande pour me filouter de l'argent qu'il avait à m'apporter (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 418).Celui-là (...) est resté quinze ans petit employé de commerce, avant d'oser toucher à ses cent mille francs, dont son père, paraît-il, lui filoutait les intérêts... (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 120).Barthélemy nous en a joué une. Enfin, s'il nous a filouté la viande fraîche, nous nous paierons sur sa carcasse (Pourrat, Gaspard,1922, p. 101).
Au part. passé. Ses coreligionnaires (...) ne lui laissant aucune chance, même pas celle, combien dangereuse, d'écouler des bijoux truqués, filoutés ou volés (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 180).
Filouter qqn de qqc. (fam.).Il l'a filouté de cinquante francs (Ac.).
Absol. Oui, mon gendre est un filou, mais il filoute de telle manière qu'on ne peut le pincer (Goncourt, Journal,1888, p. 762).
2. En partic. Filouter qqn.Voler (quelqu'un) au jeu. Ne jouez pas avec lui, il vous filoutera (Ac.1835, 1878).Cf. aussi Littré et certains dict. du xxes.
C.− Au fig. Abuser, tromper. Il est un certain nombre de gens à qui l'on a persuadé que la Comédie-Française était le sanctuaire de l'art, et dont l'admirable bonne volonté est filoutée un jour sur sept (Baudel., Salon,1846, p. 179):
... de quoi mourut le fort de la Halle qui (...) gracieusement ouvert, sondé, déchiqueté brin à brin par messieurs de l'Hôtel-Dieu, a complètement frustré leur science, filouté leur scalpel, trompé leur curiosité, en ne laissant apercevoir la moindre lésion, ni dans ses muscles, ni dans ses organes, ni dans ses fibres, ni dans son cerveau? Balzac, Théor. démarche,1833, p. 621.
REM.
Filouteuse, subst. fém.En somme, quelqu'un de pas banal; menteuse, filouteuse, flagorneuse, traîtresse, elle saura se tirer d'affaire dans la vie, la grande Anaïs (Colette, Cl. école,1900, p. 14).
Prononc. et Orth. : [filute], (il) filoute [filut]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1656 « se conduire en filou » (Pascal, Provinciales, VI, éd. Lafuma, p. 392); 1688 « voler quelque chose » (Dancourt, Désolation des joueuses, 76 ds IGLF : avoir filouté mille écus). Dér. de filou*; avec t épenthétique comme clou, clouter; froufrou, froufrouter; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 31. Bbg. Mat. Louis-Philippe 1951, p. 254.