| FILOU, subst. masc. A.− Vieilli. Voleur professionnel qui agit avec ruse et adresse. Il venait d'apercevoir un filou qui enlevait la montre d'un dandy, pendant que celui-ci lorgnait un masque des secondes loges (Soulié, Mém. diable,t. 2, 1837, p. 231).Je vois bien que vous êtes un pick-pocket, c'est-à-dire un filou anglais, auprès duquel ceux de France sont des imbéciles (Ponson du Terr., Rocambole,t. 3, 1859, p. 194). B.− P. ext. 1. Homme malhonnête et sans scrupules qui trompe ou vole autrui. Combien de fois les patriotes réunis chez nous (...) ont-ils plaint cet honnête homme d'être au milieu de la race des filous, et forcé de prendre parti pour des gens qu'il méprisait (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 431).En fait Stavisky était un indicateur et un filou de grande envergure, qui avait versé des fonds, pour les élections cartellistes (L. Daudet, Brév. journ.,1936, p. 192): Par le reste de la terre, on ne l'appelait jamais que ce vieux filou de Bellaguet. Il avait acquis une célébrité de cet ordre en participant à une affaire d'escroquerie et de corruption qui couvrit le gouvernement de Juillet des éclats d'un fulgurant scandale.
France, Pt Pierre,1918, p. 108. ♦ [Employé comme injure] Toujours son éternelle mandolinade! Bête infecte, filou, animal rouge. Ah! si je pouvais te tenir et te mettre en morceaux (Renan, Drames philos.,Caliban, 1878, I, 1, p. 381). − Emploi adj. au masc. Les éditeurs et directeurs de théâtre même semblent encore plus bêtes que filous (Flaub., Corresp.,1861, p. 413).Il connaît des jockeys considérables (...) des ducs filous et voyous qui sont la crème de ce fumier et la fleur de ce crottin (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 336). 2. Fam. Enfant espiègle, rusé. Ce petit filou m'avait caché mes lunettes (Dub.). − En position d'attribut avec valeur d'adj. (région.). C't'enfant est-il filou (Martellière, Gloss. Vendômois,1893, p. 131). Rem. La docum. atteste la forme fém. filoute en emploi subst. Alors un second filou ou une filoute vient pour assortir un échantillon (Paillet, Voleurs et volés, 1855, p. 40). Prononc. et Orth. : [filu]. Ds Ac. dep. 1694. Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 2 1787 admettent : filous ou filoux au plur. Le plur. mod. est avec un s; dès Fér. Crit. t. 2 1787 ce plur. est jugé le meilleur. Étymol. et Hist. 1564 « celui qui vole avec ruse et adresse » (Chron. bordelaise, I, 125, Delpit. ds R. Hist. litt. Fr. t. 12, p. 703). Prob. forme dial. (v. FEW t. 3, p. 541b, note 63) de fileur, dér. de filer* lui-même du lat. class. filare « étirer en fil ». Fréq. abs. littér. : 175. |