| FILON, subst. masc. A.− GÉOL. Gisement de minerai(s) métallique(s) ou de minéraux, en masse allongée, qui se trouve au milieu de couches différentes. Rencontrer, suivre, exploiter un filon; filon pauvre, riche; filon de cuivre, d'étain, d'or. Aujourd'hui les compagnies (...) remontent à la source même, au filon qui produit les lamelles, les paillettes et les pépites (Verne, Enf. cap. Grant,t. 2, 1868, p. 154): 1. Entre les calcaires crétacés et les porphyres qui ont relevé ces calcaires, sur tout le flanc de la montagne, il y a là un filon d'argent sulfuré considérable, oui! une mine d'argent dont l'exploitation, d'après mes calculs, assurerait des bénéfices énormes.
Zola, Argent,1891, p. 63. − P. anal. Un jeune arbre, après avoir langui lontemps, prend tout à coup l'essor; (...) c'est que sa racine a enfin rencontré le filon de terre qui convient à sa substance (Duras, Édouard,1825, 1repart., p. 111).La Guillaumette, (...) tombé dans un filon glaiseux, amassait sous ses pieds d'énormes mottes d'argile (Courteline, Train 8 h 47,1888, 2epart., III, p. 121). − P. ext. Couche sédimentaire. Filon de houille (Ac.). Le couloir s'enfonçait directement vers le noyau de la chaîne, suivant un filon de calcaire d'une égalité et d'une pureté parfaites (Gautier, Rom. momie,1858, p. 165). B.− Au fig. [En parlant d'une activité quelconque] Mine de renseignements, de notions nouvelles à exploiter. Trouver un filon. J'ai même eu le bonheur de rencontrer (...) des filons inexplorés qui ont apporté à la science des faits imprévus et soulevé, je crois, des questions nouvelles et fécondes (C. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 20). − Fam. Situation lucrative ou moyen d'obtenir des avantages. Avoir, tenir le (bon) filon. J'aurai bien une course l'après-midi. J'entrerai aux Assises. Je trouverai le filon. Ça me connaît le système D (Bourget, Actes suivent,1926, p. 88): 2. ... le tout p'tit Frazy, qui est si mignon, c'chérubin, il a enfin trouvé un filon pour rester : on a demandé des tueurs de bœufs à l'abattoir, et il s'est fait embaucher là dedans par protection, quoique licencié en droit et malgré qu'i' soit clerc de notaire.
Barbusse, Feu,1916, p. 135. REM. 1. Filonner, verbe intrans.,fam. Chercher à obtenir une situation avantageuse. J'suis d'l'avis d'Volpatte; qu'i's filonnent, bon, c'est humain, mais qu'après i' viennent pas dire : « j'ai été un guerrier » (Barbusse, Feu,1916p. 139). 2. Filonneur, subst. masc.,fam. Celui qui cherche à obtenir une situation avantageuse (cf. Genevoix, Seuil guitounes, 1918, p. 266). 3. Filonien, ienne, adj.,géol. Qui contient des filons. Terrain filonien (Littré). L'idée fort ancienne de lier l'origine des gîtes métallifères filoniens à celle des roches ignées (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 489). 4. Filonnier, ière, adj.Qui tient du filon. Cette partie de la veine filonnière s'amincissait, à ce point que les haveurs, écrasés entre le mur et le toit, s'écorchaient les coudes (Zola, Germinal,1885, p. 1293). Prononc. et Orth. : [filɔ
̃]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1562 minér. (Du Pinet, Pline, XXXIII, 4 ds Delb. Notes mss). Empr. à l'ital. filone, attesté comme terme de minér. dep. av. 1537 (Biringuccio ds Batt.; aussi chez Mattioli, ibid., trad. par Du Pinet), dér. augmentatif de filo (fil*). Fréq. abs. littér. : 106. Bbg. Hope 1971, p. 195. |