| FIASCO, subst. masc. Échec total, en particulier s'il est notoire. C'est le fiasco le plus complet; être responsable d'un fiasco; s'exposer au fiasco; récolter un fiasco. La grève du 12 février fut un vaste et ridicule fiasco (L. Daudet, Police pol.,1934, p. 62).Bien que cette soirée eût été un minable fiasco, Zaza quelques jours plus tard m'en remercia d'un ton ému (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 327).♦ Faire (un) fiasco. Échouer totalement. Faire un fiasco complet. Le grand-duc Constantin a fait un fiasco complet et universel. On ne lui reproche que de l'impolitesse, de la maladresse, de la rudesse, etc. (Mérimée, Lettres ctesse de Montijo,1870, p. 77).Le vent tourna, M. Picquart eut beau remuer ciel et terre dans les audiences suivantes, il fit bel et bien fiasco (Proust, Guermantes 1,1920, p. 240).Pop. Faire fiasco à qqn. Ne pas respecter un rendez-vous, faillir à sa parole. Hier je devais dîner chez M. Cloquet, mais je lui ai fait fiasco; j'ai une répétition à huit heures du soir et ça me l'aurait fait manquer (Flaub., Corresp.,1842, p. 122). − Dans le domaine des représentations artistiques.Insuccès manifeste d'une œuvre, d'un auteur, d'un artiste auprès du public (cf. bide2, four). Il sera bien ravi si « Le Roi s'amuse » fait fiasco. C'est ainsi qu'il me paye les applaudissements frénétiques d'Othello (Hugo, Corresp.,1832, p. 514).Je suis fâché du fiasco d'Augier. Sa pièce [les Effrontés] m'avait plu à la lecture (Mérimée, Lettres Viollet-Le-Duc,1870, p. 73). − Dans le domaine des publ. littér.Si mon livre fait fiasco, je serai encore plus fané et plus démodé dans un an (Sand, M. Sylvestre,1866, p. 150).Avoir un succès sûr dans la main, et le remplacer par un fiasco, quel beau talent d'éditeur! « L'Homme qui rit » s'en relèvera, j'espère, mais Lacroix, point (Hugo, Corresp.,1869, p. 192). − En partic., dans le domaine des relations amoureuses.[À propos d'un homme] Échec d'ordre sexuel. N'ajoutons foi qu'avec prudence au récit de leurs prouesses [des jeunes gens]; il en est bien peu qui avouent leurs échecs [en amour], leurs fiascos, bien peu qui ne se soient parés, aux yeux de la galerie, du prestige des fausses victoires (Mauriac, Homme,1926, p. 43).Stendhal avait un mot rapide pour caractériser ces sortes d'accidents. Fiasco. (...) l'attente trop passionnée de l'amour pouvait le lui rendre impossible (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 206): Elle était adorable (...). Il n'y avait point trop de libertinage, excepté dans les yeux qui peu à peu redevinrent pleins de folie, et, si l'on veut, de passion. Je la manquai parfaitement, fiasco [it. ds le texte] complet. J'eus recours à un dédommagement, elle s'y prêta.
Stendhal, Souv. égotisme,1832, p. 27. ♦ P. ext. Échec sentimental. Au temps de ses premiers succès, Mirlababi a éprouvé divers coups de foudre. Toujours des fiascos (Arnoux, Crimes innoc.,1952, p. 221). Prononc. et Orth. : [fjasko]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1820 « échec » (Stendhal, Lettre à Mareste, 14 nov. ds Corresp., t. II, p. 220 d'apr. A. J. Greimas ds Fr. mod. t. 20, p. 302 : après les élections et le fiasco de Constant). Tiré de l'expr. ital. fare fiasco « essuyer un échec » d'abord en parlant d'une pièce de théâtre (dep. 1808, Pananti ds Batt.), où le sens de fiasco (fiasque*) serait un calque en ital. de bouteille « erreur », utilisé par les français pour désigner les fautes de langage commises par les comédiens italiens qui se produisaient en France au xviiies. (v. H. F. Rosenfeld ds Neuphilol. Mitt. t. 54, pp. 327-356; cf. aussi les expr. appiccare il fiasco a qualcuno « tromper quelqu'un » dep. av. 1388, A. Pucci ds Batt.; vestir fiaschi « achever une œuvre médiocre » dep. av. 1574, ibid.; v. FEW t. 15, 2, p. 138b). Fréq. abs. littér. : 52. Bbg. Hope 1971, p. 445. |