| FERTILE, adj. A.− [Sans prép.] 1. Domaine de la nature a) [En parlant de la terre et, p. méton., d'une région] Qui peut produire d'abondantes récoltes. Champ fertile; campagne, contrée fertile. Synon. fécond, productif, riche.L'île [Chypre] est fertile dans toutes ses parties : oranges, olives, raisins, figues, vignes, cotons, tout y réussit, même la canne à sucre (Lamart., Voy. Orient,t. 1, 1835, p. 158).Mon grand-père avait des biens étendus dans ce pays fertile où l'on ne voit que des plaines de blés jusqu'à l'horizon (Vigny, Mém. inéd.,1863, p. 41).Autour de la ville, la plaine est très fertile; elle s'étend en gras pâturages, coupés par des rideaux de peupliers (Zola, M. Férat,1868, p. 43): 1. En deux ans, les prés spongieux étaient transformés en terres fertiles, et MmeLoutre, qui est âpre au gain, trouvait des débouchés pour commencer une petite exploitation maraîchère.
Martin du G., Vieille Fr.,1933, p. 1050. − P. méton. [En parlant d'une époque] Abondante en récoltes. Une année fertile. Une herbe nouvelle qui fît espérer le retour des saisons fertiles (Fromentin, Dominique,1863, p. 171). b) [En parlant d'un élément végétal] Qui peut produire un fruit. Synon. fécond.Nul arbre parasite à leurs rameaux fertiles N'enlaçait au hasard ses branchages stériles (Lamart., Chute,1838, p. 922).Une tradition séculaire veut que seuls les yeux d'un sarment de l'année, né lui-même sur le bois de l'année précédente, puissent donner naissance à des pousses fertiles (Levadoux, Vigne,1961, p. 12). − P. métaph. : 2. Zacharie est l'image du sacerdoce hébreu, qui paraît condamné à finir sans postérité, et d'où sortira pourtant le rejeton sauvage, le Nazaréen Jean-Baptiste, sur lequel sera greffé Jésus, l'arbre nouveau, la tige fertile dont David devait fournir le germe, suivant les Prophètes...
P. Leroux, Humanité,t. 2, 1840, p. 805. c) [En parlant d'un élément naturel] Qui fertilise. L'apparition de l'étoile de Syrius préparait l'antique Égypte aux débordements fertiles du Nil (Maine de Biran, Influence habit.,1803, p. 87). 2. Au fig. a) [En parlant d'une pers. et, p. méton., de ses possibilités de création ou d'expression] Qui produit en grande quantité quelque chose qui n'est pas forcément de grande qualité. Un écrivain, un inventeur fertile. Le rodomont Scudery, à peine sorti du régiment des gardes, laissait couler pastorales et tragi-comédies de cette fertile plume, qui, selon l'expression d'un contemporain, n'avait jamais été taillée qu'à coups d'épée (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr.,1828, p. 254).Il était leste comme un gamin et avait l'esprit fertile, inventif comme tous les aigrefins (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 73).L'imagination fertile des alchimistes s'est donnée surtout libre carrière dans le domaine des allégories et des symboles (Caron-Hutin, Alchimistes,1959, p. 137). b) [En parlant d'un sujet, d'une matière] ,,Sujet sur lequel il y a beaucoup de choses à dire, matière qui fournit abondamment des idées`` (Ac. 1835-1932). B.− Fertile en + subst.Abondant, riche en. 1. [En parlant de la terre, d'un pays; le subst. désigne un produit de la terre] Région fertile en sucre, en tabac. Il [Hannibal] se retira dans le Picenum, pour refaire son armée dans ce pays riche et fertile en grains (Michelet, Hist. romaine,t. 2, 1831, p. 20). − Au fig. Après tout, la terre d'Égypte est fertile en soldats (Gautier, Rom. momie,1858, p. 143). 2. Au fig. a) [En parlant d'une pers.; le subst. plur. désigne un inanimé abstr. ou concr.] Il fallait de l'or; et le ministre, toujours fertile en expédients, en trouva un qui promettait une moisson abondante, une moisson sûre, une moisson journalière (Marat, Pamphlets,Dénonc. Necker, 1790, p. 85). b) [En parlant d'une époque, d'une activité hum.; le subst. plur. désigne un inanimé abstr.] Quel siècle en trahisons fut jamais plus fertile? (Delavigne, Messéniennes,1824, p. 24).Je fus en proie aux énervantes jouissances d'un amour fertile en plaisirs (Balzac, Lys,1836, p. 234).Nous vivons dans un âge fréquent en lâchetés, abondant en ignominies, fertile en crimes (France, Pierre bl.,1905, p. 56).Une passion que l'on imaginait volontiers grosse de ridicules désastres et fertile en scandales de plus d'une espèce (Milosz, Amour. initiation,1910, p. 196). REM. Fertilement, adv.D'une manière fertile. Attesté notamment ds Ac. 1798-1932, Littré, DG, Lar. Lang. fr. Prononc. et Orth. : [fε
ʀtil]. Enq. : /feʀtil/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin du xives. fertil « qui produit beaucoup » (Gloss. fr.-lat., ms. Paris BN lat. 7684, fo56 roet vods DG); 2. a) av. 1455 fig. (G. Chastellain, Dit de vérité ds
Œuvres, éd. J. Kervyn de Lettenhove, t. 6, p. 221 : [sacrifices] fertiles); b) 1558 esprit fertile (B. des Périers, Nouvelles récréations, p. 101 ds Hug.). Empr. au lat. class. fertilis « fertile, productif, abondant ». Fréq. abs. littér. : 624. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 654, b) 809; xxes. : a) 480, b) 519. |