| FAÇONNIER, IÈRE, adj. et subst. A.− 1. Celui, celle qui façonne, qui réalise un ouvrage. Façonnier en porcelaine (Encyclop. éduc.,1960, p. 165). − P. métaph. Que des écrivains aient traité en écrivain ce façonnier d'ordures [Émile Zola] (...) cela montre l'anarchie et la misère intellectuelle de tout un temps (L. Daudet, Stup. XIXes.,1922, p. 115). 2. Celui, celle qui travaille à façon. Façonnier à domicile. À Lyon, depuis le XVIesiècle, le « fabricant » était en réalité un négociant qui amenait la soie et exportait les soieries : il laissait le travail aux canuts, comme façonniers salariés (Lefebvre, Révol. fr.,1963, p. 40): 1. Longtemps simple commissionnaire, il n'avait des métiers à lui que depuis cinq ou six ans, et encore faisait-il travailler beaucoup de façonniers, auxquels il fournissait la matière première, et qu'il payait tant du mètre.
Zola, Bonh. dames,1883, p. 571. − Emploi en appos. Ces contrats collectifs (...) auxquels ne suppléeront pas des « contrats de culture » bizarrement imposés par l'État-entrepreneur aux paysans-façonniers (M. Déat dsL'Œuvre,23 janv. 1941). B.− Au fig. (Celui, celle) qui fait des façons, qui manque de simplicité. Que vous êtes façonnier! Cette femme est trop façonnière (Ac.).Allez seulement à deux lieues d'Alca, dans la campagne, pendant la moisson, et vous verrez si les femmes sont façonnières et se donnent de l'importance (France, Île ping.,1908, p. 340): 2. ... en étant en effet lui-même, et en usant à bon droit de sa manière de sentir pour s'exprimer avec une singularité souvent piquante, il [Marivaux] dépasse sans s'en douter la mesure, tombe insensiblement dans le raffiné, et devient maniéré, minaudier, façonnier, le plus naturellement du monde.
Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 9, 1854, p. 355. − P. ext. [En parlant d'un obj.] Surchargé, de mauvais goût. J'ai salué la chute des balustrades façonnières et de toutes les abominations mauresques qui déshonoraient le ciel de Passy (Green, Journal,1935, p. 41). Prononc. et Orth. : [fasɔnje], fém. [-njε:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1549 « ouvrier en drap » (Est.); 2. 1639 « qui fait des façons, exigeant » (Chapelain, Lettres, I, 359 ds Fabre, Lexique Chapelain, p. 365). Dér. du rad. de façon*; suff. -ier*. Fréq. abs. littér. : 20. Bbg. Gohin 1903, p. 233. |