| FAUTEUIL, subst. masc. A.− Siège à dossier, généralement à bras, pour une personne, et dans lequel on est assis confortablement. Fauteuil de/en bois, cuir, fer; fauteuil pliant, de jardin. Enfoui dans un fauteuil, Cyprien fumait des cigarettes sans répondre (Huysmans,Sœurs Vatard,1879,p. 259)Du geste, elle indiquait un fauteuil crapaud, l'unique siège, à part la chaise longue où elle était (Péladan, Vice supr.,1884, p. 284).Assise à sa fenêtre, dans un grand fauteuil d'osier, Marthe rêvait (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 160).Il fit un geste et s'effondra dans le fauteuil à bascule qui se mit aussitôt à le bercer, maternellement (Green, Moïra,1950, p. 81). − Loc. verb. fig., TURF et fam. Arriver/gagner (comme) dans un fauteuil. Gagner facilement une compétition. Pour dimanche à Longchamps, j'ai un tuyau épatant, un canasson infect qui est réservé pour le handicap (...). Ça gagnera dans un fauteuil (J. Lévy, Gosses Paris,1898, p. 8). SYNT. a) [Fauteuil + compl. déterm. indiquant sa nature] Fauteuil de/en bambou, paille, rotin, toile. b) [Fauteuil + apposition indiquant son style] Fauteuil Empire, Louis XIV, Régence, Voltaire. c) Fauteuil confortable, profond, rembourré. d) Avancer, offrir, présenter un fauteuil; s'affaler, s'écraser, s'enfoncer, se jeter dans un fauteuil. Rem. Thomas 1956 atteste : ,,On dit s'asseoir dans un fauteuil (et non sur un fauteuil), mais s'asseoir sur une chaise, sur un divan etc.``; cependant la docum. atteste la constr. s'asseoir sur un fauteuil. Assis sur un fauteuil à vis (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p. 139). − En partic. Siège à dossier et à bras, pour une personne, comprenant diverses parties réglables, escamotables et dont la forme est adaptée à un usage particulier. Fauteuil de bureau, de coiffeur, de malade; fauteuil roulant. Le Maure tué sur son fauteuil de dentiste (Malraux, Espoir,1937, p. 780).Je vais voir une dame malade depuis de longues années et clouée sur un fauteuil à roues (Green, Journal,1948, p. 219). B.− P. méton. 1. SPECTACLE. Fauteuil (de balcon, d'orchestre). a) Place dans une salle de spectacle, située en avant du parterre. Acheter, louer, réserver un fauteuil. La Faloise examina surtout Daguenet, qui avait un fauteuil d'orchestre, deux rangs en avant du sien (Zola, Nana,1880, p. 1103).Mariéton, qui a payé 25 francs un parterre, a vu payer 190 francs chaque les deux derniers fauteuils d'orchestre (Goncourt, Journal,1888, p. 881). b) [Souvent au plur.] Personne(s) qui occupe(nt) cette/ces place(s). Un dimanche après-midi, au Châtelet. cet homme replet qui s'incline : c'est, réprouvé par les fauteuils pour crime de wagnérisme, Édouard Colonne − frénétiquement acclamé par nous autres, les troisièmes galeries (Febvre, Combats pour l'hist.,1935, p. 46). 2. Au fig. Titre, charge, place dans une assemblée. Fauteuil présidentiel; céder le fauteuil à un autre. Il était très pratique, et s'il eût trouvé un fauteuil de sénateur à acheter, il en aurait âprement débattu le prix (Zola, Curée,1872, p. 395).Le débutant modeste, opiniâtre et doué, finit toujours par occuper un tabouret... en attendant le fauteuil directorial (Coston, A.B.C. journ.,1952, p. 9). − Occuper, tenir le fauteuil. Présider. ♦ En partic. (Académie française). [P. réf. aux fauteuils dans lesquels siègent les académiciens lors de leurs séances publiques] Place à l'Académie française. Briguer un fauteuil, être élu au fauteuil de; présenter sa candidature au fauteuil vacant : Monsieur le Secrétaire perpétuel,
Je vous prie de vouloir bien annoncer à l'Académie française que j'ai l'honneur de me présenter au fauteuil vacant par la mort de M. Guillaume.
Veuillez agréer, Monsieur le secrétaire perpétuel, l'assurance de mes sentiments respectueux.
Barrès, Cahiers,t. 4, 1905, p. 72. REM. Faudesteuil, subst. masc.,hist. de l'art. Siège parfois pliant, à bras et généralement à dossier, pour une personne, et dont la partie inférieure rappelle la chaise curule. Le célèbre trône de Dagobert, de la Bibliothèque Nationale, est un faudesteuil (Quillet1965).Cf. Rheims 1969. Prononc. et Orth. : [fotœj]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 faldestoed (Roland, éd. J. Bédier, 115); 1165-70 faudestuel (Chr. de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 4747); 2emoitié du xiiies. faudestueil (Douin de Lavesne, Trubert, éd. G. Raynaud de Lage, 1699); 1589 fauteuil (E. Bonnaffé, Inventaire des meubles de Catherine de Médicis, p. 64 ds IGLF); 2. 1688 [tenir le] fauteuil « [avoir la] présidence d'une assemblée, d'une société » (La Bruyère, Caractères, éd. G. Servois, 1922, t. 2, p. 196); 3. 1898 dans un fauteuil « sans peine » (J. Lévy, loc. cit.). De l'a. b. frq. *faldistôl, proprement « siège pliant », cf. l'a. h. all. faldstuol « id. » (Graff t. 3, col. 514), m. h. all. valtstuol « id. » (Lexer). Fréq. abs. littér. : 4 670. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 200, b) 8 740; xxes. : a) 8 297, b) 6 602. Bbg. Janneau (G.). Le Fauteuil. Vie Lang. 1973, p. 141. − Quem. DDL t. 12, 13. − Walt. 1885, p. 77. |