| FAUSSETÉ, subst. fém. A.− Qualité, caractère de ce qui est faux. 1. [Correspond à faux1I A] Fausseté de qqc. a) Caractère contraire à la vérité, à la réalité. Fausseté d'une doctrine, d'une explication, d'une hypothèse, d'un principe; fausseté d'une nouvelle, d'un prétexte, d'un récit. Santonello, Vasconcellos ne soupçonne pas la fausseté des confidences que vous lui faites sur nous? (Lemercier, Pinto,1800, I, 13, p. 42).L'enfant royal n'alla pas même jusqu'à la septième maison, et sa mort attesta la fausseté d'un horoscope (France, Rabelais,1909, p. 160).Ce dogme [de l'égalité démocratique] s'effondre aujourd'hui sous les coups de l'expérience des peuples. Il est donc inutile de montrer sa fausseté (Carrel, L'Homme,1935, p. 328): 1. La malfaisance d'une idée prouve-t-elle sa fausseté? Supposons que l'on puisse cacher au marquis de Jussat la mort de Charlotte, il s'apaiserait dans l'idée que sa fille est vivante. Cette idée lui serait salutaire. En serait-elle vraie pour cela? ...
Bourget, Disciple,1899, p. 21. − Emploi abs. Je trouve cette accusation ridicule à force de fausseté (Balzac, Corresp.,1840, p. 53).Les dangers de l'imagination maîtresse d'erreur et de fausseté (Bachelard, Poét. espace,1957, p. 143). b) Caractère de ce qui n'est pas tel qu'il convient. − Manque de justesse, de rectitude (dans les choses de l'esprit). L'inégalité des capacités (...) résulte de l'ignorance générale, de l'insuffisance des méthodes, de la nullité ou de la fausseté de l'éducation (Proudhon, Créat. ordre,1843, p. 291).Comme elle sentait, à cette heure, la fausseté de cette imagination, qui lui faisait croire qu'elle vivait dans une sphère bien heureuse de jouissance et d'impunité divines (Zola, Curée,1872, p. 575).La maladresse est une sorte d'équivalent de la fausseté du jugement dans le comportement pratique (Mounier, Traité caract.,1946, p. 80): 2. Il disait que (...) dans les affaires, on avait besoin d'un associé (...) qui vous fît quelquefois toucher du doigt la fausseté d'un calcul sur lequel on fondait de l'espérance...
Delacroix, Journal,1854, p. 149. − Caractère équivoque, anormal (d'une position, d'une situation). Par le soin qu'il prend de n'entrer à la préfecture que par une porte dérobée, Monsieur Guitrel semble se rendre compte lui-même de la fausseté d'une situation qu'il prolonge néanmoins (France, Orme,1897, p. 28). − Manque de justesse ou de naturel. ♦ MUS. Fausseté d'une note. Je vous entends (...) rire, causer, chanter (...) avec cette belle fausseté de voix qui est l'indice des consciences calmes (Courteline, Boubouroche,1893, I, 3, p. 41).Absol. Il fredonnait, entre les dents, avec une fausseté, ou une justesse approximatives (Arnoux, Zulma,1960, p. 131). ♦ LITT., THÉÂTRE. Fausseté d'un dialogue, des attitudes, des gestes, des mots. Les auteurs ont grandement raison; la fausseté de l'habit prépare à la fausseté du dialogue (Stendhal, Racine et Shakspeare,t. 1, 1825, p. 93): 3. ... on a recours aux robes à traîne et à gigot, avec l'espoir que cette exactitude dans l'ajustement des personnes rendra le spectateur moins sensible à la fausseté des sentiments et aux outrances du style.
Mauriac, Journal 3,1940, p. 251. c) Rare. Caractère non fondé, vain. Je lui disais que son imagination était troublée; qu'elle reconnaîtrait la fausseté de ses frayeurs (Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 109). 2. [Correspond à faux1I B] Apparence, caractère trompeur, fallacieux. a) Rare. [En parlant d'un objet] Manque d'authenticité. Je suis hanté par l'idée de la fausseté des objets d'art qui m'entourent, par la fausseté des peintures (...) qui me semblent, la plupart du temps, sortir de l'atelier d'un faussaire (Goncourt, Journal,1889, p. 983). b) Usuel. [En parlant d'une pers.] Trait du caractère qui porte à dissimuler ses pensées, à mentir. Synon. hypocrisie, fourberie; anton. franchise, sincérité.Ce ne sont point ici, chère Adèle, de ces stupides louanges dont la fausseté des hommes abuse si souvent la vanité des femmes (Hugo, Lettres fiancée,1821, p. 56).Un sourire gauche qui augmentait l'air de fausseté et presque de friponnerie naturel à sa physionomie (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 15).Ta fausseté, (...) ta fausseté absurde qui te fait persévérer à nier des choses que je sais (Proust, Swann,1913, p. 363): 4. Louis XVI n'était pas faux : il était faible; la faiblesse n'est pas la fausseté, mais elle en tient lieu et elle en remplit les fonctions...
Chateaubr., Mém.,t. 1, 1948, p. 223. B.− P. méton., vieilli. Chose fausse, assertion fausse. Synon. erreur et plus partic. mensonge.Croire, dire des faussetés. La plupart [des récits de voyage] sont écrits par des hommes sans lumières ni savoir, et sont remplis de faussetés et d'invraisemblances (Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p. 1757).Si ce qu'on m'a dit qu'elle [Fadette] est enceinte est une fausseté, nous le saurons bien, et nous la défendrons comme il faut (Sand, Pte Fad.,1849, p. 259).Je vous ai écouté sans vous interrompre (...) j'ai voulu voir jusqu'où vous portiez le talent d'inventer des histoires et de soutenir des faussetés (Kock, Compagn. Truffe,1861, p. 199): 5. ... il me donna (...) un superbe certificat certifiant une fausseté, à savoir qu'il m'avait fait subir un nouvel examen pour mon admission à l'École polytechnique et que je m'en étais tiré supérieurement.
Stendhal, H. Brulard,t. 2, 1836, p. 393. Prononc. : [foste]. Étymol. et Hist. Ca 1120-50 falseté « mensonge » (Grant mal fist Adam, I, 100 ds T.-L.); ca 1165 « tromperie » (B. de Ste-Maure, Troie, 1616, ibid.). Dér. de faux1*, suff. -eté*, d'apr. le b. lat. falsitas « fausseté, mensonge ». Fréq. abs. littér. : 377. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 887, b) 301; xxes. : a) 431, b) 425. |