| FAUNE1, subst. masc. A.− MYTH. LAT. Divinité champêtre représentée avec un torse humain, des oreilles pointues, des pieds et des cornes de chèvre. (Quasi-)synon. satyre, sylvain.Les nymphes lascives (...) d'un éclat de rire agaçaient sur les rives Les Faunes indolents couchés dans les roseaux (Musset, Rolla,1833, p. 1).S'enivrer, lascif, Aux blanches nudités des nymphes peu vêtues, Le faune aux pieds de chèvre, aux oreilles pointues! (Hugo, Contempl.,t. 1, 1856, p. 93).Je regrette le temps (...) des faunes animaux, Dieux qui mordaient d'amour l'écorce des rameaux Et dans les nénufars baisaient la Nymphe blonde! (Rimbaud, Poés.,1871, p. 40).Cf. aussi bruni, ie ex. 1 : 1. Frappant sur la mousse des bois la corne de leurs pieds, les faunes à bouche fendue suivent le vieux Pan des pasteurs, qui claque dans ses mains au milieu de son troupeau; ils ricanent, ils sont velus; leur front rugueux est couvert de boutons roses comme les bourgeons de tilleuls à la saison du printemps.
Flaub., Tentation,1849, p. 474. − L'Après-midi d'un faune. Églogue de Mallarmé. Un petit poëme, trop annoncé sur la couverture de la République des Lettres, l'Après-midi d'un Faune (Mallarmé, Corresp.,1876, p. 115).Prélude à l'Après-midi d'un faune. Poème symphonique de Debussy. − P. méton. Statue représentant un faune. Un faune en marbre. Le Faune Barberini, la plus admirable traduction, par le marbre et l'art statuaire, d'une humanité contemporaine des dieux (Goncourt, Journal,1860, p. 813). Rem. Le faune, étant dans la myth. lat. un des symboles de la fécondité, il connote souvent l'espièglerie libidineuse, la lubricité. B.− P. compar. et fam. Homme présentant des ressemblances physiques avec un faune, ou ayant un comportement libidineux ou lubrique. Il [Fondan] fit le lapin comme il disait, avançant la bouche, frisant le nez, dans un remuement du museau entier. Sa tête de faune canaille suait le vice (Zola, Nana,1880, p. 1286).La femme criait à Maupassant : « A moi, mon faune! » − se jetait sur lui et lui suçait la verge (Goncourt, Journal,1892, p. 324): 2. Graslin avait un nez retroussé, une bouche à grosses lèvres lippues, un front cambré, des pommettes rieuses, des oreilles épaisses à larges bords corrodés par l'âcreté du sang; enfin c'était le satyre antique, un faune en redingote, en gilet de satin noir, le cou serré d'une cravate blanche.
Balzac, Curé vill.,1839, p. 25. REM. 1. Faunin, subst. masc. et adj.a) Subst. masc. Petit faune. [La bacchante] (...) mollement renversée en arrière, s'appuie d'une main sur l'épaule d'un petit faunin, se haussant sur la pointe du pied (E. de Goncourt, Mais. artiste,1881, p. 13).b) Adj. Qui tient du faune. De petits paysans faunins chevauchant des chèvres (E. de Goncourt, Mais. artiste,1881p. 14).Un buste de Verlaine placé au milieu d'une marche, souriait, de son visage faunin (Montesquiou, Mém.,t. 3, 1921, p. 190).Les formes fauniaque et faunien, ienne, adj. enregistrées par Besch. 1845 et Rob., ne sont pas attestées dans la docum. 2) Faunerie, subst. fém.État d'une personne qui ne s'occupe que des faunes ou d'actions (libidineuses ou lubriques) généralement attribuées aux faunes. Cf. érotique ex. 4. Prononc. et Orth. : [fo:n]. Enq. /fon, D/. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. 1372 (Corbichon, Propr. des choses, XVIII, 46, édit. 1522 ds R. Hist. litt. Fr. t. 12, p. 697). Empr. au lat. Faunus, nom d'un dieu champêtre, dieu de la fécondité des troupeaux et des champs, plur. Fauni « petits génies champêtres ». |