| FATRAS, subst. masc. Fam., gén. employé au sing. A.− Amas confus, désordonné, de choses hétéroclites. Un fatras de livres, de paperasses. Synon. fouillis.J'ai fait toutes ces découvertes dans l'énorme fatras des papiers de mon père (Courier, Lettres Fr. et It.,1816, p. 873).Un fatras de chaises réduites à l'état de fagots (Malraux, Espoir,1937, p. 847): 1. Hier, en essayant de mettre un peu d'ordre dans le fatras de ma bibliothèque, j'ai retrouvé le vieux livre dans lequel ma mère m'a appris à lire.
Coppée, Bonne souffr.,1898, p. 88. B.− Au fig. Ramassis d'idées, de paroles et surtout d'écrits, formant un ensemble disparate et incohérent. Fatras académique, philosophique, scientifique. C'est [un poème de V. Hugo] un fatras, un fouillis, un amoncellement de littérature (Péguy, V.-M., comte Hugo,1910, p. 763).L'univers intellectuel était pour moi un vaste fatras où je me dirigeais à tâtons (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 343): 2. Il est bien vrai cependant que si l'on réduisait cette immense collection au petit nombre de livres qui contiennent des idées neuves, des vues utiles, des vérités incontestables; que si l'on vendait à la livre, au profit du goût et du bon sens, les compilations indigestes, les assomans commentaires, l'amas des controverses, les contrefaçons des plagiaires, l'énorme fatras des romanciers, la masse épouvantable de tant de poésies soi-disant légères; il est vrai, dis-je, que si l'on faisait cette réduction, on pourrait loger toute la Bibliothèque dans une des galeries du palais...
Jouy, Hermite,t. 3, 1813, p. 142. − [Avec une valeur de neutre] Le fatras. Aspect confus et fastidieux d'une œuvre, d'un style. Il y a [chez Villiers] le fatras, l'ironie un peu énorme et longue (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p. 155). SYNT. [S'appliquant à A et B] Fatras incroyable, indigeste, infect, obscur; énorme, immense, vaste fatras. Prononc. et Orth. : [fatʀa] ou [-tʀa]. [ɑ] ds les dict. anc. de Fér. 1768 à DG; aussi ds Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930, Dub. Mais [a] ds Pt Rob., Warn. 1968 et Lar. Lang. fr. Contrairement à ce que note Buben 1935, § 9, il y a aussi hésitation entre [a] et [ɑ] dans ce mot. Cf. -as. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. [Cf. le dér. fatrasie* ca 1220; l'a. fr. fastroillier « baragouiner » xiiies. ds T.-L.] début xives. fastras (Watriquet de Couvin, Dits, 284, 24 ds T.-L.). Orig. obsc.; peut-être issu d'un dér. en -aceus du b. lat. farsura, var. de fartura (de farcire, fartum, v. farcir) « action de bourrer, de farcir »; v. aussi fatrasie. Fréq. abs. littér. : 149. DÉR. 1. Fatrasser, verbe intrans.,,Se plonger dans des fatras`` (Ac. 1932); ,,S'occuper à des niaiseries`` (Lar. 19e-20e, Littré). − Seules transcr. ds Fér. 1768 et ds Littré : fa-tra-sé. Le mot est admis ds Ac. 1932. − 1reattest. xvies. (Oudin, Dict. ds Littré); de fatras, dés. -er. 2. Fatrassier, ière, subst. et adj.(Celui, celle) qui aime le désordre ou qui en fait. Tel critique hérissé et coupe-jarret, (...) tel autre aisément fatrassier (Sainte-Beuve, Portr. littér.,t. 2, 1844-64, p. 324).Lar. Lang. fr. relève un ex. chez Maurois à valeur d'adj. Les hommes! (...) animaux impurs et fatrassiers. Rem. Attesté ds plusieurs dict. comme synon. de fatrasseur (Littré, Guérin 1892, Lar. 20e).− [fatʀasje]. Ds Ac. 1878 et 1932. − 1reattest. 1611, Cotgr. − 1636, Monet; repris depuis Littré; de fatras, suff. -ier*. BBG. − Lew. 1960, p. 186. − Thomas (A.). Nouv. Essais Paris, 1904, p. 360. |