| FASCISME, subst. masc. A.− HIST. Doctrine que Mussolini érigea en Italie en système politique et qui est caractérisée par la toute puissance de l'État (intervention de l'État dans l'économie, étatisation des appareils idéologiques, développement de l'appareil répressif dominé par la police politique, prépondérance de l'exécutif sur le législatif, etc.) et par l'exaltation du nationalisme. Montée du fascisme. Le fascisme d'aujourd'hui se voue tout entier à ce but bien matériel : sauver l'État bourgeois de la faillite. Il est évident que ceux qui poursuivent un tel objectif ne sauraient que s'entendre avec les capitalistes et devenir leur instrument (Humanité,15 mai 1921, p. 3).La vertu secrète du fascisme à leurs yeux [des modérés], et même du nazisme, c'était de neutraliser les masses, de les rendre inoffensives (Mauriac, Nouv. Bloc-notes,1961, p. 254). B.− P. ext., HIST. et mod. 1. Régime politique établi en Allemagne par Hitler. (Quasi-) synon. nazisme.Il existe en Allemagne tous les éléments d'un nouveau fascisme, (...) beaucoup d'Allemands sont tout prêts à suivre un nouveau Führer (Green, Journal,1950, p. 343).On chercherait en vain la Bible du fascisme − Mein Kampf n'est que l'Ancien Testament du nazisme. Le phénomène historique n'a pas été précédé et préparé par une lignée de théoriciens − (...) le mot même, fascisme, rend bien la nature du phénomène historique : un rassemblement de forces diverses, dont l'unité, sinon même l'idée, découlent du fait accompli (H. Michel, Les Fascismes,Paris, P.U.F., 1977, p. 5): Le fascisme se situe dans le stade impérialiste du capitalisme (...). Certains des facteurs souvent considérés comme les causes fondamentales et sine qua non du fascisme, à savoir les crises économiques particulières que traversaient à l'époque de son établissement, l'Allemagne et l'Italie, les particularités nationales de ces deux pays, les séquelles de la Première Guerre mondiale, etc., ne constituent pas les causes premières du fascisme. Ils ne revêtent d'importance que par rapport au stade impérialiste, comme élément d'une des conjonctures possibles de ce stade.
N. Poulantzas, Fascisme et dictature,Paris, éd. du Seuil, 1974 [1970], p. 13. 2. Toute doctrine qui vise à instaurer dans un pays un État d'exception de type mussolinien; cet État lui-même. Fascisme espagnol, français; le fascisme ne passera pas. J'ai vu les démocraties intervenir contre à peu près tout, sauf contre les fascismes (Malraux, Espoir,1937, p. 530).Le fascisme, c'est le mépris (...). Inversement, toute forme de mépris, si elle intervient en politique, prépare ou instaure le fascisme. Il faut ajouter que le fascisme ne peut être autre chose sans se renier lui-même (Camus, Homme rév.,1951, p. 225).À Montluçon les cheminots socialistes et communistes s'unissent : contre le fascisme pour un gouvernement de progrès social (Humanité,19 janv. 1952, p. 4, col. 1). − P. exagér. Toute attitude totalitaire, hors du domaine politique. Fascisme littéraire. Le rêve de Wells, c'est un fascisme économique et scientifique, quelque chose comme la dictature de l'Institut de France que souhaitait Renan, mais une dictature appuyée sur la sensualité (Maurois, Édouard VII,1933, p. 290).Il est nécessaire de dénoncer (...) le fascisme professionnel de quelques hommes [les médecins de fous] (H. Bazin, Tête contre murs,1949, p. 346). Prononc. : [faʃism̥] prononcé à l'ital. Mais aussi [fasism̥]. à la fr., qui est la seule prononc. donnée ds Barbeau-Rodhe 1930 (fas(s)-) et qui paraît, à titre de var., ds Dub. et ds Pt Rob. Étymol. et Hist. 1921 (Humanité, loc. cit.). Empr. à l'ital. fascismo, mouvement pol. ital. fondé en 1919 par B. Mussolini, devenu parti pol. en 1921, au pouvoir en Italie d'oct. 1922 à juil. 1943, dér. de fascio « faisceau », pris au sens de « union de forces politiques réunies dans un but commun » (v. Batt.; cf. P. de Quirielle, L'Italie et la guerre ds Le Correspondant, 25 mars 1918, pp. 1107-1108 ds Quem. DDL t. 15 : Fascio di difesa nazionale, « Ligue (faisceau) de défense nationale »), du lat. class. fascis « faisceau » (faix*). Fréq. abs. littér. : 117. Bbg. Arickx (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, no3, p. 129. − Dub. Dér. 1962, p. 35. − Maulnier (Th.). Le Sens des mots. Paris, 1976, pp. 94-96. − Quem. DDL t. 3. |