| FARD, subst. masc. A.− Composition colorée qu'on applique sur différentes parties du visage pour en rehausser l'éclat. Boîte à fard. Des filles énormes et bouffies, aux cheveux jaunes, plâtrées et grasses de fard, dévisageaient les passants avec de sales regards (Rolland, J.-Chr.,Antoinette, 1908, p. 865).Après la représentation, Bouchotte, dans sa loge, ôtait son fard (France, Révolte anges,1914, p. 278): 1. ... bien qu'elle eût (...) allongé jusqu'aux tempes la ligne noire de ses yeux, avivé sa joue de fard, jamais Poëri n'avait semblé y faire attention. Pourtant Tahoser était bien belle...
Gautier, Rom. momie,1858, p. 244. − P. anal. Tu as mon châle jaune! Ah! cette couleur est le fard des brunes (Balzac, Cous. Bette,1847, p. 37): 2. La poussière rose couvrait ses mains, et, volant quelquefois jusqu'à son visage, saupoudrait ses joues et ses lèvres d'un léger fard, qui faisait paraître ses yeux plus bleus et plus resplendissants.
Lamart., Confid.,Graziella, 1849, p. 216. ♦ Fam. Piquer un fard. Rougir sous l'effet d'une émotion. Anaïs, qu'est-ce que tu racontais donc à Marie Belhomme pour lui faire piquer des fards, que ceux de la Bastille sont pâles à côté! (Colette, Cl. école,1900, p. 151). B.− Au fig., littér. Apparence trompeuse qui dissimule la vérité. L'être débarrassé de ses fards (Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 5): 3. ... il tenait à la nièce de Jupien des discours aussi sentimentaux (...) qu'étaient d'une bassesse sans fard, les théories qu'il avait exposées à M. de Charlus au sujet de la séduction, du dépucelage.
Proust, Prisonn.,1922, p. 52. ♦ Agir, parler sans fard. Sans dissimulation. Un aveu sans fard. Cette gaieté (...) me révélait sans fard tous les changements qui étaient survenus en moi! (Balzac, Chabert,1832, p. 51). − Vx, littér. Faux ornements. Le manque de simplesse réelle, le fard trop ingénieux du style (Huysmans, En route, t. 1, 1895, p. 39). Prononc. et Orth. : [fa:ʀ]. Littré souligne que le d ne se lie pas mais que quelques-uns lient l's du plur. Ds Ac. 1694-1932. Homon. far, fart, phare. Étymol. et Hist. 1. Ca 1190 fart « procédé par lequel on essaie de dissimuler ou d'embellir la vérité » (Renart, éd. M. Roques, 8867); 2. 1213 fard « produit qu'on applique sur le visage pour en changer l'aspect naturel » (Les Faits des Romains, éd. F. L. Flutre et K. Sneyders de Vogel, t. 1, p. 627, ligne 2). Déverbal de farder*. Fréq. abs. littér. : 320. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 194, b) 571; xxes. : a) 494, b) 591. Bbg. Brüch (J.). Die Sippe des frz. baudrier, frz. coffin, frz. fard. Z. rom. Philol., 1922, t. 42, pp. 226-227. |