| FANFARE, subst. fém. I. A.− MUS. Air vif et rythmé joué notamment à l'occasion de fêtes militaires ou civiles, exécuté par des instruments de cuivre, en particulier trompettes et cors. Une fanfare guerrière; une étude en forme de fanfare. Cursy saisit un cor et se mit à sonner une fanfare (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 63).L'étendue sonore de la fanfare est délimitée au grave par le « fa dièze » (...) et à l'aigu par le « ré » (Arts et litt.,1935, p. 4002): 1. Cette embarcation, plus frêle et plus élégante que les autres, était montée par des musiciens dont tous les instruments étaient de cuivre. Ils sonnèrent une brillante fanfare et ces voix de métal, si sonores et si pénétrantes, vinrent du fond des ondes bondir sur les murs du pavillon.
Sand, Lélia,1833, p. 218. 1. Spéc., VÉN. ,,Air qu'on sonne au lancer de la chasse ou après la curée`` (Ac. 1932). Sonner la fanfare. Il avait rencontré une troupe joyeuse de jeunes cavaliers qui s'en retournaient à la ville, en grand équipage de chasse, au bruit des fanfares (Sandeau, Mlle de La Seiglière,1848, p. 41). − Loc. En fanfare. Réveil en fanfare. Pour les civils, réveil brusque. ♦ Au fig. Réveil en fanfare. Réveil brutal à la réalité. Ils [Chaussard et Prossard] avaient confiance dans l'anesthésie définitive du peuple français, au lieu que nous, royalistes, avons toujours confiance dans le réveil en fanfare de nos concitoyens (L. Daudet, Police pol.,1934, p. 173). 2. P. anal. Ensemble de bruits, de sons éclatants. Ces étranges et sonores fanfares étaient produites par ces gallinacés que l'on nomme « tétras » aux États-Unis (Verne, Île myst.,1874, p. 50).C'est au son de cette grandiose fanfare du mistral que Numa fit son entrée en gare (A. Daudet, N. Roumestan,1881, p. 326).La drôlesse triomphante sonnait la fanfare de son rire de cabanon (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 252). − P. métaph. Une exubérance de campagne, éparpillant ses tons violents, sonnant d'éclatantes fanfares de verts clairs soutenues par le vert bleu des choux (Huysmans, Art mod.,1883, p. 258): 2. Les bleus presque noirs des eaux mortes, la forêt des bannières rouges, les rouges et les verts mariés par un frottis d'or, la fanfare des ciels, des mers, des édifices, des grandes robes chamarrées, les bleus, les verts, les noirs sur l'accompagnement profond et soutenu des rouges...
Faure, Hist. art.,1914, p. 435. B.− Orchestre de fanfare ou fanfare. Orchestre composé d'instruments de cuivre, auquel s'adjoignent souvent des instruments à percussion; p. méton. ensemble des musiciens formant cet orchestre. Fanfare municipale, militaire; entrer dans la fanfare. Les acclamations le suivirent dans la rue; la fanfare l'attendait à la porte de sa prétendue (Jouy, Hermite,t. 1, 1811, p. 268).Elle déplorait qu'il eût supprimé la fanfare du patronage (Mauriac, T. Desqueyroux,1927, p. 234): 3. Doutteville se fait reconnaître par un aide de camp; nous nous rangeons derrière la fanfare, et nous voilà poussant de bon cœur mille exclamations : « Vivent les alliés! »
Adam, Enf. Aust.,1902, p. 164. C.− 1. Au fig., vieilli. Démonstration, manifestation tapageuse; vantardise (cf. fanfaronner B). Le préambule de Cousin [à un morceau inédit de Pascal] a eu d'ailleurs peu de succès, il manque de sérieux, et on y sent trop la fanfare (Sainte-Beuve, Corresp.,t. 5, 1843, p. 286).Pour me remettre, chez MmeGalant, j'ai goûté une brillante fanfare de chauvinisme (Frapié, Maternelle,1904, p. 196): 4. Ajoutez que presque toujours, chez les deux grands lyriques, le doute s'éteint dans la fanfare d'un acte de foi. Musset est évidemment plus malade dans l'Espoir en Dieu; mais son mal vient du cœur plutôt que du cerveau.
Lemaitre, Contemp.,1885, p. 47. ♦ Loc. fam. Sale coup pour la fanfare. Sale histoire; affaire qui tourne mal. Juste, tout bien compté et tant or que monnaie, de quoi s'emplir une dent creuse. Sale coup pour la fanfare! (Courteline, Train 8 h 47,1888, 2epart., 9, p. 197). 2. Arg. (des gens de lettres), vx. Publicité pour un livre, une pièce de théâtre. Leurs journaux sont remplis d'annonces lucratives, Fanfares d'écrivains, réclames laudatives (Pommier, Colères,1844, p. 105). II.− Reliure à la fanfare. Reliure dont le modèle remonte au xviesiècle, comportant une abondante ornementation de feuilles, d'arabesques ou de volutes qui entoure, au centre, un ovale généralement laissé sans décoration. Les guerres de religion auraient marqué en France le déclin de la reliure d'art si, vers 1560, un autre type de décor n'était apparu : celui de la reliure à la fanfare, entièrement décorée de médaillons et de feuillages (Encyclop. univ.,1972, p. 47). Prononc. et Orth. : [fɑ
̃fa:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1542 les fanfares de Rome (Rabelais, Pantagruel, éd. Saulnier, VII, p. 38, 68, note); 1548-52 « parade (d'un cheval) en musique » (Id., Le Quart Livre, éd. Marichal, XXXIX, p. 172); 1587 « manifestation bruyante et ostentatoire » (La Noue, Discours politique et militaire, p. 122 ds Gdf. Compl.); 1658 vén. (Scarron d'apr. FEW). Prob. origine onomatopéique (FEW t. 23, p. 145b). Fréq. abs. littér. : 417. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 393, b) 1 063; xxes. : a) 763, b) 408. Bbg. Sain. Sources t. 2 1972 [1925], pp. 11-12; p. 52, 55, 315. |