| FANATISME, subst. masc. A.− Vx. Comportement, état d'esprit de celui qui se croit inspiré par la Divinité. Fanatisme d'illuminé (Rob.). B.− P. ext. dans la lang. mod., souvent péj. Comportement, état d'esprit d'une personne ou d'un groupe de personnes qui manifestent pour une doctrine ou pour une cause un attachement passionné et un zèle outré conduisant à l'intolérance et souvent à la violence. Fanatisme politique, religieux; fanatisme de qqc., pour qqc., contre qqc. J'y ai vu [dans « Servitude et grandeur militaires »] une dépréciation systématique du dévouement aveugle (du culte de l'Empereur par exemple), du fanatisme de l'homme pour l'homme (Flaub., Corresp.,1846, p. 418).Si nous sommes enfin délivrés de toutes les superpositions misérables et de tous les fanatismes répugnants, c'est quand même à la fermeté d'un sage rationalisme que nous le devons (Duhamel, Maîtres,1937, p. 39): 1. En politique, en morale, en sociologie, en religion, en philosophie, le conservateur de la doctrine ancienne et le révolutionnaire le plus acharné à détruire les vérités présentes se confondent dans l'identité d'une même foi. Leur fanatisme est de même ordre; car ils croient l'un et l'autre qu'il existe une vérité objective, propre, à l'exclusion de toute autre conception, à assurer le bonheur humain.
Gaultier, Bovarysme,1902, p. 298. SYNT. Fanatisme brutal, farouche, féroce; fanatisme catholique, chrétien, militaire, national, patriotique, républicain; fanatisme de secte; les fureurs du fanatisme; combattre, exciter le fanatisme. − P. hyperb. Intérêt, goût passionné et parfois excessif pour quelque chose ou quelqu'un. Fanatisme littéraire, scientifique; le fanatisme de l'art; aimer avec fanatisme. Que tu es bizarre, avec ton fanatisme pour ce jeune vicomte de Joyeuse! (Dumas père, Henri III,1831, III, 3, p. 166).Les nombres ne sont en général que des illusions, et le fanatisme de l'exactitude quantitative est un grand écueil de la méthode expérimentale (C. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 200): 2. Les Juifs, dans le monde moderne, sont un élément nouveau d'illusion, de duperie, mais aussi d'énergie et de durée. Ils ont le fanatisme de la félicité publique, de la justice sur terre, de l'avenir de la société.
J.-R. Bloch, Dest. du S.,1931, p. 271. Prononc. et Orth. : [fanatism̥]. Ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1688 « disposition d'esprit des fanatiques qui se croient inspirés de la divinité » (Bossuet, 3eavertissement, § 26 ds Rob.); 2. 1729 « excès en faveur d'une foi religieuse ou d'une croyance » (Meslier, Mémoire, t. 1, p. 100 : le christianisme n'était dans son commencement qu'un pur fanatisme); 3. 1730 « passion excessive que l'on porte à une personne ou à quelque chose » (La Motte, Disc. sur Trag., discours 2, p. 173 : Romulus pousse la valeur jusqu'à la témérité et la confiance en ses propres forces jusqu'au fanatisme [qu'on me permette ce terme pour exprimer l'excès de la confiance]). Dér. du rad. de fanatique*; suff. -isme*. Fréq. abs. littér. : 548. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 250, b) 571; xxes. : a) 530, b) 638. Bbg. Richthofen (E. von), Kuhn (A.). Z. rom. Philol. 1954, t. 70, p. 399. − Schalk (F.). Über fanatique und fanatisme. Rom. Forsch. 1947, t. 60, pp. 206-214. |