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FALAISE, subst. fém.
A.− Usuel. Escarpement rocheux assez élevé, vertical ou presque, surplombant la mer ou des terres plus basses. Falaise abrupte; falaise de granit; le bord, le pied de la falaise. De là, nous gagnons très vite les premières falaises du désert où sont assises les pyramides (Barrès, Cahiers,t. 6, 1907-08, p. 178).C'est seulement à 11 h 30 qu'elle [la 42edivision] a atteint la grand'route de Sézanne. Elle franchit la falaise de Champagne et descend dans la plaine (Foch, Mém.,t. 1, 1929, p. 128):
1. Je ne me mêle jamais au public de votre plage ou de votre casino. Je vis sur les falaises, j'adore positivement ces falaises d'Étretat. Je n'en connais pas de plus belles, de plus saines (...). C'est une admirable route (...) de gazon, qui court sur cette grande muraille, au bord de la terre, au-dessus de l'Océan. Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Homme de mars, 1889, p. 1179.
P. métaph. J'ai revu le soleil, la falaise lumineuse que formait devant lui la hêtraie, tout m'a paru si tendrement beau (Gide, Journal,1906, p. 216).Du nouveau souverain, on ne voyait que le front immense, falaise sur laquelle déferlaient les cheveux noirs bouclés (Morand, Flagell. Séville,1951, p. 51):
2. Et, soudain, présentant aux terrains vagues ses falaises de meulière brute, surgissait un immeuble de quatre étages, avec un épicier perdu, des fenêtres à brise-bise, de la literie rose tendre qui respirait sur des balcons. Duhamel, Terre promise,1934, p. 36.
P. ext. Élévation naturelle non rocheuse. À cette baie fait suite une falaise de glace très élevée, toute creusée de grottes et étrangement découpée (Charcot, Expéd. antarct. fr.,906, p. 108).
B.− Spéc., GÉOGR. et GÉOMORPHOLOGIE. Paroi à très forte pente, exempte de végétation, marquant le contact entre la mer et la terre. Falaise vive (actuellement battue par la mer), falaise morte (séparée de la mer par une zone de dépôts). En France, les galets s'étendent du Havre à l'embouchure de la Somme. Ils proviennent des nodules siliceux des falaises crayeuses (Bourde, Trav. publ.,1929, p. 203):
3. Selon que le résultat du travail de la mer est surtout une érosion ou surtout une accumulation, la forme correspondante est une falaise ou une plage. Les deux formes se rencontrent sur une même côte, où une plage peut se construire dans un secteur abrité et une falaise se former par érosion sur un point exposé. M. Derruau, Précis de géomorphologie,Paris, Masson, 1974, p. 387.
Vieilli. Des lignes d'occupation précoce qui signalent le bord oriental de la falaise lorraine (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 208).
Rem. Dans ce domaine, les spécialistes n'admettent plus le terme falaise pour les escarpements rocheux continentaux, et s'en tiennent à la définition d'A. Guilcher : « qui est dû à l'action ou à la présence marine » (Morphologie littorale et sous-marine ds George 1970 et ds Derruau, op. cit.).
Prononc. et Orth. : [falε:z]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1155 faleise « escarpement qui borde la mer » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 481). Mot norm. à l'origine que le FEW t. 15, 2, p. 104b fait remonter à un germ. *falisa « rocher » avec déplacement d'accent d'apr. les subst. en -ésa (le fr. n'ayant pas de proparoxyton en -esa), et dont le EWFS2rend compte par le germ. *falisia avec déplacement d'accent de -isia en -isia; cf. lat. médiév. falisia (xes. Namur « rocher » ds Nierm.). Fréq. abs. littér. : 743. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 463, b) 1 540; xxes. : a) 1 286, b) 1 165.