| FAIBLIR, verbe intrans. Devenir faible. A.− 1. [Le suj. désigne une pers. ou une partie du corps] Perdre de ses forces, de sa résistance physique. Mon Dieu, mon Époux, ô sacré cœur du Sauveur, je faiblis (Jouve, Paulina,1925, p. 165).Il quitta le cadet, traversa la rue hors du champ de tir des assiégés. Il gagna le toit. L'homme qui s'accrochait au faîte faiblissait : il le remplaça (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 254): 1. Son noble front se penche vers la terre, ses membres foiblissent et se dérobent sous lui; sans courage et sans ressort, il tombe et attend dans une langueur invincible qu'un air plus doux le ranime...
Nodier, J. Sbogar,1818, p. 110. 2. P. anal. a) [Le suj. désigne une chose] Perdre de sa solidité. Le plancher faiblit de jour en jour (Lar. 19e) : 2. Des poutres avaient déjà faibli, son cousin lui mentait, en ne parlant que de deux ou trois planches déclouées.
Zola, Joie de vivre,1884, p. 926 b) Au fig. Mollir, fléchir, céder. − [Le suj. désigne une pers.] Ah! Jonathan! Ma force ne me suffit pas pour te quitter; il faut aussi la tienne. Ne faiblis pas (Gide, Saül,1903, IV, 1, p. 357).Il (...) est parti, il reviendra demain... Il ne pouvait se détacher de moi, et j'avais peur de faiblir, je le repoussais de mes bras étendus (Colette, Vagab.,1910, p. 171): 3. ... je parlai des nombreux changements que j'avais été obligé de faire dans le commandement, dont beaucoup avaient été cruels à mon cœur, mais que j'avais exécutés sans hésitation. Et je déclarai que mon intention était de poursuivre sans faiblir cette épuration de nos cadres.
Joffre, Mém.,t. 1, 1931, p. 478. − [Le suj. désigne une chose abstr.] J'ai là un petit papier..., dit le comte, sentant faiblir son courage (Montherl., Célibataires,1934, p. 774). B.− P. ext. et au fig. Perdre de sa force, de sa puissance; diminuer (d'intensité, d'importance, etc.). La tempête, le vent faiblit. Sa voix faiblissait de plus en plus, n'était plus qu'un murmure de prière ardente (Zola, Conquête Plassans,1874, p. 1104).L'odeur des amandiers faiblissait dans la nuit dans la senteur de chocolat qui s'exhalait dès les premières maisons de Sérianne (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 302): 4. ... un corps sans mouvement autre que celui d'une respiration oppressée, qui faiblissait dangereusement, par paliers.
Arnoux, Seigneur,1955, p. 124. [En parlant des facultés intellectuelles d'une pers.] Baisser, diminuer. Il [Malherbe] est de ceux, comme Buffon, qui n'ont pas faibli et dont le talent a duré et grandi jusqu'à la fin (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 13, 1863-69, p. 395).− Spécialement ♦ Perdre de sa valeur, de son prix. Les moules et coquillages avaient un peu faibli, 56,750 kilos, [aux Halles] (L'Œuvre,10 fév. 1941). ♦ [En parlant du vin] Perdre de sa force, de son bouquet. Ce vin faiblit (Ac.1835, 1878). Rem. On rencontre ds la docum. faiblissement, subst. masc. Action de faiblir; état qui en résulte. La moindre faute, le moindre faiblissement de l'adversaire est épié, exploité aussitôt (Romains, Hommes bonne vol. 1938, p. 70). On s'explique, dans ces conditions, que le je-ne-sais-quoi puisse passer pour une illusion : c'est comme un faiblissement de l'esprit fort, un certain état de vague à l'âme (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 37). Prononc. et Orth. : [fεbli:ʀ], [fe-]. Demi-long. de la voyelle de la 1resyll. ds Passy 1914. Timbre fermé ds Dub. et, à titre de var. ,,courante``, ds Warn. 1968. Ds Ac. dep. 1835. Étymol et Hist. 1. 1188 « faire perdre de sa vigueur, de sa force physique » trans. (Aimon de Varennes, Florimont, 2413 ds T.-L. : Mai flebis fut del sanc qu'il pert); « perdre de sa fermeté, de sa force morale » intrans. (Id., op. cit., 7634, ibid.); 1677 « perdre de sa valeur (en parlant des qualités intellectuelles) » (Corneille, Au Roi, Sur Cinna..., éd. Marty-Laveaux, t. 10, p. 312); 2. 1764 « perdre de sa force, de son intérêt » cette pièce ... faiblit de scène en scène (Volt., Comment. sur Corn., Rem. Othon ds Rob.); 1797 « perdre de son intensité » (Voy. Pérouse, t. 3, p. 96 : les vents passerent au Nord et faiblirent). Dér. de faible*; dés. -ir. Fréq. abs. littér. : 445. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 358, b) 872; xxes. : a) 720, b) 684. |