| FACULTÉ1, subst. fém. A.− 1. PHILOS. Une des propriétés fonctionnelles communes de l'être ,,considérées comme constituant chacune un pouvoir spécial de faire ou de subir un certain genre d'action`` (Lal. t. 1 1932). Faculté créatrice, motrice, sensitive; facultés intellectuelles. Les deux facultés d'idéer et d'imaginer sont très-distinctes l'une de l'autre. La source de beaucoup d'erreurs est de les confondre (Bonald, Législ. primit.,t. 1, 1802, p. 245).Si le premier besoin de tout animal est celui d'exercer ses facultés (...) il est évident que les phénomènes ou les produits de leur énergie (...) ne peuvent être les mêmes pour l'homme dont les facultés sont si différentes (Cabanis, Rapp. phys. et mor.,t. 1, 1808, p. 294): 1. ... lorsqu'il s'agit de déterminer le bien moral, on doit tenir compte d'un élément spécial (...). C'est la conscience. Par ce mot, on n'entend pas une faculté distincte de la volonté ou de la raison, mais un acte, ou plutôt des actes, par lesquels nous appliquons la connaissance rationnelle à notre conduite, afin de la juger.
Gilson, Espr. philos. médiév.,1932, p. 147. SYNT. Faculté critique, dialectique, dominante, locomotive, perceptive, physiologique, psychologique, représentative, religieuse; facultés corporelles. 2. En partic., lang. cour., au plur. Ensemble des fonctions physiologiques et mentales dont l'exercice manifeste l'équilibre de l'être. Appliquer, exercer ses facultés; intégrité des facultés; garder ses facultés intactes. Je me trouvai assez rétabli dans l'usage de mes facultés (Constant,Cahier rouge, 1830, p. 66).Savez-vous bien, mon brave, que je commence à me demander si vous jouissez de vos facultés, ou si vous vous bornez à vous moquer du monde? (Courteline, Gend. sans pitié,1899, 1, p. 150).Les facultés baissent... baissent... (Bernanos, Imposture,1927, p. 507): 2. Mon habitude, qui était sédentaire et n'était pas matinale, faisait défaut, et toutes mes facultés étaient accourues pour la remplacer, rivalisant entre elles de zèle (...) de la plus basse à la plus noble, de la respiration, de l'appétit, et de la circulation sanguine à la sensibilité et à l'imagination.
Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 656. SYNT. Facultés mentales, morales, psychiques. B.− Aptitude naturelle ou acquise à concevoir, à sentir, à accomplir ou à produire quelque chose. 1. Au sing. ou au plur. [Le déterm. est représenté, selon les cas, par] − [un inf. régi par de] Faculté d'écrire, de mentir, de souffrir : 3. J'ai une curieuse faculté de donner ma démission de moi-même sur le plan intellectuel et créateur dès que je désespère de quelque chose sur un autre des plans, quel qu'il soit.
Du Bos, Journal,1924, p. 156. − [un subst.] Faculté d'action, d'analyse, de discernement, d'invention, de travail. Ce qu'il faut au romancier (...), ce sont des facultés de critique beaucoup plus que de créateur (Bourget, Nouv. Essais psychol.,1885, p. 161): 4. Il faut que l'évidence du fait ait sur les cerveaux rationalistes un pouvoir sans limites. Il faut aussi que la nature humaine ait une faculté d'adaptation démesurément extensible, pour que l'on soit capable de s'habituer même à cela : à l'idée qu'on va être dépossédé de sa vie avant d'avoir eu le temps de vivre...
Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p. 912. − [un adj.] Facultés aimantes. Chaque jour j'y vois plus clair; mais la belle avance si la faculté imaginative ne va pas de pair avec la critique! (Flaub., Corresp.1852, p. 358).Hugo, Lamartine, ne font que transporter, sur les matières et les thèmes dits politiques, leur faculté lyrique ou descriptive (Sainte-Beuve, Cahiers,1869, p. 27). a) [Le détenteur est une pers.] Pour mon compte, j'ai rudement abusé de la faculté de commettre des fautes! (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 102).J'admire sa faculté d'avoir sur toutes choses des théories à lui (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 313). Rem. Dans le sens de « ensemble des dons, des qualités, qui confèrent à quelqu'un une capacité particulière dans un domaine », le subst. s'emploie souvent au plur. Il était resté soumis devant sa femme, dont les facultés commerciales le frappaient de respect (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 430). b) Vieilli. [Le détenteur est une chose, une matière] Faculté coagulable du sang. La terre a la faculté de transformer et de rendre propres à notre usage une foule de matières qui nous seraient inutiles sans elle (Say, Écon. pol.,1832, p. 404).Les lèvres drues avaient une curieuse faculté de gonflement (Gracq, Argol,1938, p. 17). 2. Droit reconnu (ou retiré) par la loi à l'individu d'accomplir certains actes, de jouir de certains privilèges. Faculté de louer, de tester; faculté de rachat. Une faculté légale (Proudhon, Propriété,1840, p. 157).Elle [la loi] exproprie tout citoyen français de la faculté de disposer de ses biens, quels qu'ils soient (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. 192): 5. La faculté d'adopter ne pourra être exercée qu'envers l'individu à qui l'on aura, dans sa minorité et pendant six ans au moins, fourni des secours et donné des soins non interrompus...
Code civil,1804, art. 345, p. 64. 3. Vieilli, au plur. Biens, disponibilités financières. En proportion des facultés respectives. Ils [les juges] condamneront le mari à lui payer une pension alimentaire proportionnée à ses facultés (Code civil,1804, art. 345,p. 48): 6. La chose pressait, et l'on résolut de se servir de la rude autorité des bouchers pour réussir plus tôt à rassembler quelque finance. Des commissaires furent nommés pour taxer chacun selon ses facultés...
Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 3, 1821-24, p. 349. Prononc. et Orth. : [fakylte]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. V. faculté2. |