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EXULTER, verbe intrans.
[Constr. avec un compl. prép. de]
A.− [Le compl. désigne un sentiment de joie] Éprouver intensément et manifester sans retenue. Exulter de bonheur, d'allégresse. (Quasi-)synon. déborder, éclater de; être transporté de.Il exultait de joie, il criait que c'était son meilleur morceau de peinture (Zola, Œuvre,1886, p. 118).
P. ell. Éprouver et manifester une joie extrême. (Quasi-)synon. jubiler.Marie Belhomme exulte et ne peut retenir un glapissement d'allégresse (Colette, Cl. école,1900, p. 108).Les dames exultaient, les hommes applaudissaient frénétiquement (Jammes, Mém.,1922, p. 126):
... j'exultais, j'étais ivre... Je me sentais maître d'un univers! des sensations de Dieu!... J'ai eu comme une éruption d'idées... Elles fourmillaient, elles se bousculaient, elles grimpaient les unes par-dessus les autres... J'en étais étourdi... C'est que je sens si bien, mon vieux, tout ce qui nous reste à créer!... Martin du G., Devenir,1909, p. 23.
B.− [Le compl., subst. ou inf., désigne un événement heureux] Se réjouir intensément de. Elle le regardait exulter du prochain triomphe (Zola, Argent,1891, p. 243).Il [Rémy] exultait de me voir ainsi, rétif et consentant à la fois, car une réussite trop facile lui eût gâté son plaisir (Green, Autre sommeil,1931, p. 91).
[Constr. en incise ou introduisant un discours dir.] Raboliot heurta du pied un oreillard rasé hors de la zone illuminée (...). − Ah! les gars! exulta-t-il. Et il tira, toute son inquiétude oubliée (Genevoix, Raboliot,1925, p. 267).Agnès exulta : − Oh! mais nous allions partir (Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1939, p. 70).
C.− P. ext., littér. [Le suj. désigne un moyen d'expression] Déborder de. Le Gloria in excelsis (...) exultait d'allégresse (Huysmans, En route,1895, Paris, Plon, p. 33).Les voix d'appel (...) montaient (...) parfois soulevées d'ardeurs furieuses, exultant d'un délire sauvage (Genevoix, Rroû,1931, p. 114).
Rem. 1. On rencontre ds la docum. qq. attest. des constr. a) Exulter en + subst. désignant une manifestation concr. du sentiment éprouvé. Fontaine, qui se répand et qui exulte en louanges pour toutes les autres dames patronnes et amies de Port-Royal, se tait sur madame de Sablé (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 5, Paris, Hachette, 1912 [1859], p. 52). Ses trilles [de la fauvette] exultent en fusées vives (Genevoix, op. cit., 1931, p. 85). b) Exulter, trans. avec un sens proche de exalter. Exultez le temps mes vers (Mallarmé, Vers de circonstance, 1898, p. 152). 2. La docum. atteste a) Exultance, subst. fém. La grosse joie et l'exultance de leur triomphe politique (Goncourt, Journal, 1877, p. 1208). b) Exultateur, trice, adj. Je ris avec mon maître de cet orgueilleux, de ce grand exultateur, de ce Nabuchodonosor (Barrès, Cahiers, t. 2, 1898-1923, p. 243). V. aussi Mallarmé, Poésies, 1898, p. 66.
Prononc. et Orth. : [εgzylte], (j')exulte [εgzylt]. Cf. é-1. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. xives. trans. « glorifier, magnifier » (Trad. Aimé du Mont Cassin, Ystoire de li Normant, éd. V. de Bartholomaeis, chap. 39, p. 51 : li Redemptor de lo monde rachata la umane generation et exulta la char); 1516 intrans. « être transporté de joie » (J. Lemaire d'apr. Delboulle ds DG). Empr. au lat. class. ex(s)ultare signifiant proprement « sauter, bondir » (fréquentatif de saltare « sauter, bondir »), d'où « manifester vivement des sentiments, sa joie »; en lat. chrét. le verbe est également trans. au sens de « célébrer, glorifier ». Fréq. abs. littér. : 117.