| EXSANGUE, adj. A.− MÉD. Qui a perdu beaucoup de sang, qui n'est plus irrigué par le sang. Chair exsangue. (Quasi-)synon. anémique.Les effets vaso-constricteurs locaux de l'adrénaline sont (...) employés pour rendre la conjonctive, la muqueuse nasale exsangues pendant plusieurs heures (Josué, Goldlewski dsNouv. Traité Méd.,fasc. 8, 1925, p. 366). Rem. La plupart des dict. techn. récents enregistrent a) Exsanguination, subst. fém., méd. Extraction de la totalité du sang d'un sujet généralement associée à une transfusion de sang ou de plasma provenant d'un autre sujet. b) Exsanguinotransfusion, subst. fém., méd. Remplacement de tout ou partie du sang d'un sujet par du sang normal, frais, cette opération étant pratiquée en particulier dans les cas d'incompatibilité sanguine entre le fœtus et la mère. − P. ext. [En parlant d'une pers., en partic. de son visage, de ses mains] Qui est très pâle, qui semble avoir peu de sang. Blancheur, pâleur exsangue. (Quasi-) synon. anémique, blafard; (quasi-)anton. sanguin, rubicond.Il n'ajouta pas « ou j'en mourrai », mais on sentait trembler la fin de la phrase au bout de ses lèvres exsangues (G. Leroux, Myst. ch. jaune,1907, p. 24).Tout près du sien, un jeune visage était exsangue sous le fard (Mauriac, Baiser Lépreux,1922, p. 184).Cherchant à refermer son col de sa main énervée et nue, qui paraissait exsangue auprès de ses joues en feu (Martin du G., Thib.,Consult., 1928, p. 1098): 1. Et il ne suffisait sans doute pas que ses traits fussent beaux (...) mais de plus, complètement exsangue, la matière dont il était fait ne semblait pas de la chair humaine, mais bien quelque substance éthérée, quelque paraffine translucide, et nacrée, quelque pulpe immatérielle; on eût dit une chair d'hostie.
Gide, Journal,1949, p. 336. − P. anal. [En parlant de choses qui semblent douées de vie, ou de végétaux] Qui est sans couleur, étiolé. Les dernières feuilles exsangues se détachaient d'elles-mêmes (Rolland, J.-Chr.,Révolte, 1907, p. 628).Devant ces flammes exsangues des bougies de plein jour il pencha sa tête de loup gris (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 324). B.− Au fig. Vidé d'énergie, de force, de vitalité. 1. [En parlant d'une collectivité humaine, en partic. de ses effectifs, de ses activités] L'armée française, après quatre ans de guerre et de rudes épreuves, est aujourd'hui épuisée, et encore anémiée, exsangue (Foch, Mém., t. 2, 1929, p. 167).Et, comme lui et comme chacun de ces hommes, l'Espagne exsangue prenait enfin conscience d'elle-même (Malraux, Espoir,1937, p. 858).L'armistice a trouvé le mouvement syndical exsangue (P. Thomas dsL'Œuvre,9 avr. 1941). 2. [En parlant de productions intellectuelles, philos. ou artistiques] M. Léon Bourgeois répondit en trois mots... Nul n'écoutait cette phrase exsangue (Barrès, Leurs fig.,1901, p. 164).C'est substituer à Lewis une image, c'est me changer en fantôme et notre passé en souvenirs exsangues (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 501): 2. La vérité, anonyme et sans signature, restait comme inhumaine, rien qu'une idée décharnée et exsangue. Mais elle devenait contagieuse et changeait le cœur des hommes dès qu'un homme entre tous la signait de sa vie et qu'il signifiait qu'il était prêt à se perdre pour elle.
Guéhenno, Jean-Jacques,1952, p. 97. Prononc. et Orth. : [εksɑ
̃:g]; var. usuelle [εgzɑ
̃:g]. Cf. é-1. L'adj. est admis ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. 1. 1549 « privé de sang » (Tagault, Inst. chir., p. 380 ds Hug.); 2. 1611 « pâle » (Cotgr.). Empr. au lat. class. ex(s)anguis « qui n'a pas de sang; pâle, blême, livide; sans force, faible (au propre et au fig.) ». Fréq. abs. littér. : 129. Bbg. Arickx (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand, 1972, no3, p. 128. − Gohin 1903, p. 314. |