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EXPECTORER, verbe trans.
A.− MÉDECINE
Rejeter hors de la bouche les mucosités des voies respiratoires (cf. cracher). La sputation périodiquement expectorée par les fumeurs (Balzac, Gaudissart,1834, p. 44).Expectorer des crachats granulaires et noirâtres (Queneau, Enf. du limon,1938, p. 206):
1. La toux se fit de plus en plus rauque et tortura le malade toute la journée. Le soir enfin, le père expectora cette ouate qui l'étouffait. Elle était rouge. Camus, Peste,1947, p. 1407.
Emploi abs. Ce sirop fait expectorer (Ac.1932).Soudain il expectora violemment à cause d'un rire puissant qui venait de le saisir (Queneau, Enf. du limon,1938p. 86).[Goiran] tousse et expectore sans arrêt (Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p. 966).
B.− P. ext. Rejeter hors de la bouche. [Nosor] expectorait avec le sable qu'il avait aspiré, des chicots saignants (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 292).Ils gémissaient, ils criaient, ils sifflaient, en expectorant des jets de vapeur comme une haleine essoufflée (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Passion, 1882, p. 824):
2. ... pendant la traversée (...) nous saurons distraire les nautonniers de Calais en expectorant, sous leurs yeux, nos entrailles, si nous daignons jouir du mal de mer. Villiers de L'I.-A., Corresp.,1879, p. 265.
P. métaph. ou au fig., péj.
Dire, proférer difficilement des paroles. Ses compliments de taverne, expectorés par le trou des deux dents brisées, arrivaient aux filles au milieu d'une mitraille de salive (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, MlleFifi, 1881, p. 162).Les cours de littérature molle expectorés en Sorbonne par le crétin distingué qui a nom Deschamps (Bloy, Journal,1903, p. 161).
Dire avec colère ou mépris. Soudain, elle expectora, avec le mouvement qu'on fait pour cracher : − Oh! ... cochon ... cochon ... cochon (Maupass., Bel-Ami,1885, p. 113).
[Le compl. d'obj. désigne la colère, le mépris] Cf. bouche ex. 71.Eh! comment, en voyant cette humanité vile, Ne point avoir besoin d'expectorer sa bile? (Pommier, Colères,1844, p. 11).
Prononc. et Orth. : [εkspεktɔ ʀe], (j')expectore [εkspεktɔ:ʀ]. Cf. é-1. Ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1664 pronom. « communiquer, parler franchement » (Chapelain, Lettres, t. II, p. 348 ds Fr. mod. t. 16, p. 215); 2. 1752 méd. expectorer, part. prés. subst. expectorant (Trév.). Empr. au lat. attesté à l'époque arch. expectorare (de ex et pectus « poitrine, cœur ») puis à l'époque chrét., toujours au sens fig. de « chasser de la poitrine, du cœur ». Fréq. abs. littér. : 18.