| EXONÉRER, verbe trans. A.− [Avec un obj. premier désignant une pers., plus rarement une chose et un compl. second prép. de désignant une charge matérielle ou morale] 1. Emploi trans. Décharger (quelque chose/quelqu'un) de quelque chose, qui est onéreux. Exonérer quelqu'un d'une taxe, d'un devoir; exonérer un citoyen du service militaire. (Quasi-)synon. affranchir, dispenser, exempter, libérer; anton. assujettir.Il eût fallu (...) exonérer les tribus d'Israël de la corvée (Renan, Hist. peuple Isr.,t. 2, 1889, p. 184).Leur disant que l'on ne pouvait exonérer entièrement Nietzsche de toute responsabilité dans la guerre (Du Bos, Journal,1924, p. 42).L'État se contentait de les exonérer de certains impôts (Encyclop. éduc.,1960, p. 8). Rem. L'emploi de exonérer aux 1respers. du prés. de l'ind. est performatif. − [Sans compl. prép. introd. par de] Une espèce de (...) plaidoyer, par lequel en exonérant Azarius, elle aurait pu trouver une satisfaction personnelle (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 407). ♦ Spéc., DOUANES. Exonérer une marchandise (Ac.1878-1932).La dispenser des droits auxquels elle est normalement soumise par les tarifs. 2. Emploi pronom. réfl., littér. Se décharger (de quelque chose). S'exonérer d'un travail, d'une dette, d'une lourde responsabilité. (Quasi-)synon. se libérer, s'exempter.Expliquons comment les Thénardier étaient parvenus à s'exonérer de leurs deux derniers enfants, et même à en tirer profit (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 143).Un certain nombre d'industriels sont disposés à faire un sacrifice (...) en s'exonérant de la charge qui leur incomberait normalement (Chardon, Trav. publ.,1904, p. 184). − [Sans compl. prép. introd. par de] L'homme répond de toutes ses réponses, s'exonère par tous moyens (Valéry, Tel quel II,1943, p. 13). ♦ Spéc. DR. Acquitter une dette (Ac. 1878-1932). MÉD. Faire ses besoins naturels. La faute d'hygiène la plus lourde (...) est celle qui a trait à la dissémination des matières fécales (...) par les gens qui s'exonèrent au hasard (Widal, Lemierre, Abrami dsNouv. Traité Méd.,fasc. 3, 1927, p. 46). B.− Rare. [En parlant d'une réalité considérée comme une charge morale] Ne pas tenir compte de (quelque chose). Exonérer les maladresses, les bévues de qqn. (Quasi-)-synon. pardonner.Les peccadilles sont terriblement châtiées, les grosses fautes sont presque exonérées (Frapié, Maternelle,1904, p. 162). Prononc. et Orth. : [εgzɔneʀe], (j')exonère [εgzɔnε:ʀ]. Cf. é-1. Alternance [e]/[ε] reflétée dans l'orth. par un changement d'accent. Enq. : /egzoneʀ/, (il) exonère. Ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1450-1520 (Archives du Nord, B 1714, fol. 57 ds IGLF : pour icelle [sa conscience] exhonerer), attest. isolée; 1680 d'apr. Bl.-W.3-5; 1789 (Rep., Gap aux États Dauphiné, Le Saix, Abbé Guillaume, p. 505 ds Brunot t. 6, p. 477, note 8). Empr. au lat. class. exonerare « décharger, dégager d'un fardeau; libérer d'une charge (fiscale) ». Fréq. abs. littér. : 12. Bbg. Dub. Dér. 1962, p. 56. |