| EXFOLIER, verbe trans. A.− Emploi trans., rare. 1. [En parlant de plantes] Dépouiller de ses feuilles ou de ses pétales. Synon. défeuiller, effeuiller.Et le vent de l'automne exfolie et saccage La vigne nue (Régnier, Poèmes anc.,1890, p. 66).Il se baissa pour cueillir des fleurs, la secousse qu'il donna à la plante fut trop forte, il ne lui resta aux mains que des tiges exfoliées (Kahn, Conte or et sil.,1898, p. 243). 2. Domaine des sc. et des techn.Enlever, détacher par feuilles, par lamelles, la surface de (quelque chose). Exfolier une roche, un tronc d'arbre. Des groupes d'ouvriers en chapeau, manœuvrant des machines, exfoliant la terre comme une légion de malfaisantes fourmis (Loti, Galilée,1896, p. 178).[Des rayons] (...) ajoutaient au charme et à la complexité de la décoration mobilière en semblant exfolier la soie fleurie des fauteuils et détacher leur passementerie (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 704). B.− Emploi pronom. S'exfolier (parfois suivi de en + subst.). 1. [Correspond à A 2] Domaine des sc. et des techn.Se détacher en lamelles, en feuilles minces. a) BOT. Certains bois s'exfolient quand on les travaille (Ac.).Et l'écorce rude, divisée en écailles pentagonales par de profondes fissures d'où suinte abondamment la résine, s'exfolie en fortes couches (Claudel, Connaiss. Est,1907, p. 79). b) GÉOMORPHOLOGIE, MINÉR. Les flancs de ces collines s'exfolient et se brisent par l'action des hivers (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 174). c) MÉD. [En parlant d'éléments atteints de nécrose] L'os, le tendon, le cartilage commence à s'exfolier (Ac.1835, 1878).La muqueuse utérine s'exfolie aussi. Le froid conserve pendant très longtemps les propriétés physiologiques des tissus (C. Bernard, Notes,1860, p. 121).Les ongles sont secs, décolorés, ils peuvent s'exfolier, même tomber (Perrin dsNouv. Traité Méd.,fasc. 4, 1925, p. 363). d) MÉTALL. On a (...) cherché à se débarrasser de la salissure en appliquant sur la coque [des navires] des compositions capables de s'exfolier comme le cuivre (Croneau, Constr. nav. guerre,t. 2, 1892, p. 505).L'usure du métal fondu est plus uniforme que celle du fer laminé, qui a tendance à s'exfolier (Haton de La Goupillière, Exploitation mines,1905, p. 687). 2. P. compar., p. métaph. ou au fig. [En parlant d'un inanimé abstr.] Ici, les questions s'exfoliaient, pour ainsi parler, en énigmes innombrables (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 679).La Raison s'exfolia comme une vertèbre frappée de nécrose (Bloy, Salut par Juifs,1892, p. 193). Rem. On rencontre ds la docum. a) Exfoliant, ante, part. prés.
α) Emploi adj. Au lieu d'une couche protectrice, on a maintenant une « croûte exfoliante » et c'est la pierre elle-même que l'on voit tomber ainsi peu à peu (Lambertie, Industr. pierre et marbre, 1962, p. 88).
β) Emploi subst. fém. Le fameux dermatologiste diagnostiquait sans traîner un psoriasis, un purpura, une « exfoliante », ces révoltes et excroissances du revêtement cutané (L. Daudet, Dev. douleur, 1931, p. 67). b) Exfoliateur, trice, adj. Qui provoque l'exfoliation. Recouverts de la même composition exfoliatrice, les bâtiments de guerre se salissent plus que les navires de commerce (Croneau, op. cit., p. 506). Ne pas oublier l'action irritante et exfoliatrice sur l'épiderme de cet agent (Barbier ds Nouv. Traité Méd., fasc. 2, 1928, p. 856). L'aspect lisse est localisé dans la glossite exfoliatrice marginée (Quillet Méd. 1965, p. 183). Prononc. et Orth. : [εksfɔlje], (il)exfolie [εksfɔli]. Cf. é-1. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1560 « détacher par lamelles » (Paré, éd. Malgaigne, 1. XVI, chap. 34, p. 591 : on aidera à nature à exfolier, séparer et jetter hors l'os corrompu). Empr. au b. lat. exfoliare « effeuiller ». Fréq. abs. littér. : 11. Bbg. Gohin 1903, p. 364. − Valter (R.). Einige Bemerkungen zum romanischen Wortschatz gelehrtlateinischer Herkunft. Beitr. rom. Philol. 1972, t. 11, p. 146. |