| EXCITATION, subst. fém. Action d'exciter quelque chose ou quelqu'un; état qui en résulte. A.− [L'action ou l'état considéré concerne un inanimé] 1. En gén. Action tendant à provoquer une réaction physique ou morale, à stimuler l'activité d'un processus physique ou psychique. Excitation des instincts, de l'intérêt, des sens; l'excitation du mouvement musculaire. N'est-il pas évident que l'intelligence ne se peut développer sans l'excitation préalable de quelque sensation externe ou interne? (Cousin, Philos. Kant,1857, p. 350).Il semble que l'apparition de ces images dans la conscience comporte un pouvoir d'excitation de l'énergie individuelle (Gaultier, Bovarysme,1902, p. 56): 1. Je ne suis pas éloigné, en présence de tous ces faits, de conclure que la sensibilité chez les modernes est en voie d'affaiblissement. Puisqu'il faut une excitation plus forte, une dépense plus grande d'énergie pour que nous sentions quelque chose, c'est donc que la délicatesse de nos sens, après une période d'affinement, se fait moindre.
Valéry, Variété III,1936, p. 268. 2. En partic., dans les lang. techn. a) PHYSIOL. Action exercée par un agent d'origine externe ou interne (sur un système organique excitable) et qui après transmission au système nerveux, déclenche la réponse de l'organisme. Excitation auditive; excitation d'un nerf; recevoir une excitation. La sensation « d'intensité sonore » est en rapport avec l'intensité de l'excitation sonore et avec la sensibilité de l'oreille pour la fréquence considérée (Arts et litt. dans la société contemp.,1935, p. 3407).Qu'est-ce qu'un réflexe? C'est une réaction involontaire causée directement par une excitation externe. Sur la patte d'une grenouille décérébrée, on place une goutte d'acide; la patte se retire, voilà un réflexe moteur (J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p. 88): 2. L'action qui viendra après l'excitation sensorielle ne dépendra donc pas seulement de la petite quantité d'énergie captée par les sens ou de celle qui est libérée dans les muscles, mais aussi de la structure de l'image, des liaisons cérébrales que cette image implique, en d'autres termes, de la conscience.
Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 168. SYNT. a) Excitation directe, indirecte; excitation extérieure, intérieure, interne; excitation chimique, électrique, mécanique, physique; excitation cérébrale, visuelle; excitation génésique, sexuelle; excitation d'un muscle, de la rétine. b) Degré, seuil, temps d'excitation. c) Produire, provoquer une excitation; réagir, répondre à une excitation. − État d'activité plus grande d'un système organique excité, s'accompagnant de phénomènes électriques et physico-chimiques. Excitation générale, locale. Excitation hypophysaire (QuilletMéd.1965, p. 475).La variété des objets tient les organes de la sensation dans une excitation et une activité perpétuelle (Bonstetten, Homme Midi,1824, p. 117).La mesure des microcourants électriques produits par l'excitation nerveuse ou la contraction musculaire (Bariéty, Coury, Hist. méd.1963, p. 633). b) PHYS. (électromagnétisme et électronique) − ,,Production, au moyen d'un courant électrique, d'un flux d'induction dans un circuit magnétique`` (Siz. 1968). Excitation composée ou excitation compound; excitation en série. Les (...) moteurs à courant continu applicables à l'extraction sont (...) ceux qui sont excités en dérivation ou qui possèdent une excitation indépendante (Haton de La Goupillière, Exploitation mines,1905, p. 129). ♦ RADIO. Production d'oscillations électriques dans un circuit. [Dans le poste émetteur à lampes] l'excitation peut être directe (...), l'antenne joue le rôle de circuit oscillant dans l'oscillateur (J. Mercier, Radio-électr.,t. 1, 1937, p. 266). − Absorption (par un système corpusculaire) d'une certaine quantité d'énergie qui opère le passage d'un électron à un niveau d'énergie supérieur. Excitation d'un atome, d'un ion, d'une molécule. Nous avions déjà rencontré (...) un autre exemple de possibilité d'excitation par régions nettement distinctes pour une même émission de fluorescence (M. Curie, Luminescence,1934, p. 38). B.− [L'action ou l'état considéré concerne une pers.] 1. [Le plus souvent suivi d'un compl. construit avec à] Action de pousser quelqu'un (à une action, à un état, à un sentiment). Excitation à la débauche, à la haine. Rien de plus inintelligent et de plus triste que cette excitation vaine à l'originalité (Leconte de Lisle, Poème ant.,1852, p. xii).Une vaste entreprise de démoralisation et d'excitation à l'obéissance, mais d'obéissance à l'ennemi (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 154). Rem. On rencontre chez Sainte-Beuve excitation suivi d'un compl. à l'inf. construit avec de : C'est quelque appel lointain, une excitation affectueuse de se hâter et d'avoir confiance à l'entrée des jours ténébreux (Volupté, t. 1, 1834, p. 125). − P. méton. Chose (parole, acte, fait) qui excite, pousse (à telle action ou à tel état). On voyait trop bien vers quels crimes et vers quels châtiments leurs éloquentes excitations avaient poussé de pauvres crédules (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 115): 3. Toutes ces femmes nues dans les tableaux, toutes ces amoureuses dans les romans (...), tous ces maris ou ces tuteurs trompés ne sont rien moins que des excitations à la chasteté et à la vie de famille.
Delacroix, Journal,1854, p. 229. 2. État d'activité anormalement intense des fonctions psychiques tendant à se manifester par une grande exubérance de gestes et de paroles. Excitation joyeuse, fébrile; excitation intellectuelle, mentale; l'excitation des esprits; cris d'excitation. Une excitation, une perte du sang-froid de la tête, une ivresse légère pareille à la griserie d'un petit enfant qui aurait bu de l'eau de Seltz à jeun (Goncourt, Mme Gervaisais,1869, p. 264).Elle avait un langage incohérent, et passait des larmes à une excitation de gaieté hystérique (Rolland, J.-Chr.,Buisson ard., 1911, p. 1295): 4. C'est [le sympathicotonique] par excellence et au sens plein du mot l'homme éveillé, dégagé des torpeurs de la vie végétative, en état presque constant d'érection affective et d'excitation psychomotrice : le flux des idées est accéléré, la sensibilité stimulée, ainsi que l'activité psychomotrice. L'agitation est le ton dominant. L'humeur est susceptible et violente.
Mounier, Traité caract.1946, p. 173. Rem. On rencontre ds la docum. excitement, subst. masc., synon. partiel de excitation, vx. Attesté. a) En physiol. ,,Rétablissement de l'énergie et de l'action du cerveau, interrompues par le sommeil ou quelque cause débilitante`` (Nysten 1814). Tour à tour comprimé et libre, le cerveau y est tour à tour en excitement ou en collapsus, suivant que le sang le soulève et l'agite avec plus ou moins de facilité (Bichat, Rech. physiol. vie et mort, 1822, p. 262). b) Dans la lang. gén. L'excitement des esprits (Littré). L'énervement, l'excitement des savantes et perverses et à jamais en tout cas, ô oui! inoubliables caresses de tant de femmes (Verlaine,
Œuvres compl., t. 5, Confess., p. 120). Prononc. et Orth. : [εksitasjɔ
̃] ou [e-]. Cf. é-1. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin xves. [ms.] « action d'exciter; de pousser à faire quelque chose » (H. de Gauchi, Trad. du Gouv. des princes de G. de Colonne, Ars. 5082, fo111 vods Gdf. Compl.); 2. 1817 « état d'agitation ou d'irritation » (Maine de Biran, Journal, p. 31 : je passe fort rapidement de l'abattement à l'excitation). Empr. au b. lat. excitatio « état de ce qui est excité; vivacité, ardeur », formé sur le supin excitatum de excitare, exciter*. Fréq. abs. littér. : 928. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 892, b) 1 135; xxes. : a) 1 427, b) 1 718. Bbg. Holzer (W.), Ramson (P.). Vocab. du laser. Banque Mots. 1970, no7, p. 92. |