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EUROPÉEN, ÉENNE, adj. et subst.
A.− [Relatif à l'Europe en tant que continent]
1. Qui appartient à l'Europe, à certains de ses pays, à ses habitants.
a) Adj. Continent européen; l'Est, l'Occident européen; conflit, équilibre européen; puissances européennes. Des troupeaux de vaches européennes pâturaient des herbages entourés de claires-voies (Chateaubr., Mém.,t. 1, 1848, p. 275).Barque portant pavillon européen (Du Camp, Nil,1854, p. 105):
1. ... la prairie européenne par (...) ses humbles petites fleurs aux senteurs faibles et douces, a un caractère de jeunesse, et je dirai plus, d'innocence, qui s'harmonise à nos pensées et nous rafraîchit le cœur. Michelet, Oiseau,1856, p. 163.
b) [P. ell. du subst. manière] À l'européenne. Habillé à l'européenne. Beau divan percé de vingt-quatre fenêtres et meublé à l'européenne (Lamart., Orient,t. 2, 1835, p. 446).
c) Spéc., adj. et subst. (Celui, celle) qui est originaire d'Europe, qui y habite. Européen civilisé. L'organisateur européen de la grève, l'Allemand Klein (Malraux, Conquér.,1928, p. 32).
Un(e) Européen(enne) du continent. (Celui, celle) qui est originaire de la partie continentale de l'Europe (par opposition aux îles Britanniques), qui y habite. C'est le club (...) de ceux des gentlemen que ne dégoûte pas l'idée de dîner (...) à côté d'un Européen du continent (Morand, Londres,1933, p. 170).
2. P. ext., adj.
a) Qui se situe à l'échelle de l'Europe; plus particulièrement, qui a de l'influence, de la renommée en Europe, dont la valeur est reconnue en Europe. Renommée européenne. Il [M. Guizot] est devenu européen par ses écrits avant de l'être par son rôle d'homme public (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 1, 1851, p. 315).Pierre Dubois composa son fameux mémoire sur la politique française et le rôle européen de la Monarchie (Bainville, Hist. Fr.,t. 1, 1924, p. 85).
b) [En parlant d'une chose, plus rarement d'une pers.] Qui présente des caractéristiques propres à l'Europe, à ses habitants. Comment voulez-vous qu'il soit heureux (...), lui si distingué, si européen! Elle si vulgaire, si bruyante! (Morand, Champions du monde,1930, p. 187):
2. La maison du commandant (...) tranche au milieu des autres constructions arabes par la symétrie presque européenne de ses fenêtres et le badigeonnage de sa façade... Fromentin, Été Sahara,1857, p. 119.
B.− Adj. [Relatif à l'Europe, entité supranationale]
1. [En parlant d'un inanimé, en partic. d'une instit.] Propre à un ensemble organisé formé par les pays de l'Europe; plus particulièrement, au XXesiècle, propre à l'ensemble des pays d'Europe occidentale ou de certains d'entre eux s'organisant peu à peu à différents niveaux (économique, juridique, politique, technique). Je parle naturellement du fédéralisme européen de l'Europe occidentale (Scelle, Fédéralisme eur.,1952, p. 34):
3. ... il faut faire (...) le groupe français le plus fort possible, afin qu'il résiste, dans le parlement des États-Unis d'Europe, au groupe allemand, et qu'il impose la langue française à la fédération européenne. Hugo, Corresp.,1870, p. 263.
Spéc. [À propos d'une organ. réduite de l'Europe occidentale, l'Europe des Six, comprenant l'Allemagne de l'Ouest, la Belgique, la France, l'Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, qui reste ouverte à d'autres pays] Assemblée parlementaire européenne; intégration européenne. La perte de cette qualité [l'appartenance à un parlement national] entraînait celle du mandat européen (Ginestet, Ass. parlem. europ.,1959, p. 80):
4. ... le rapport des chefs de délégation (...) servit de base aux traités signés à Rome le 25 mars 1957 par lesquels étaient constituées la Communauté économique européenne, couramment dénommée Marché commun, et la Communauté européenne de l'énergie atomique, ou Euratom. Ginestet, Ass. parlem. europ.,1959p. 37.
Communautés* européennes.
2. [En parlant d'une pers., d'une collectivité, d'un état d'esprit] Qui considère les choses à l'échelle de l'Europe, en dépassant le cadre des frontières de son pays, plus particulièrement qui est favorable à une Europe organisée, qui travaille en ce sens; qui désire l'intégration de son pays à l'Europe des Six. Le « Mercure », qui avait avant la guerre un certain esprit européen, est devenu aujourd'hui une revue d'un nationalisme presque étroit (Léautaud, Journal littér.,4, 1922-24, p. 112).
Emploi subst. (Être) bon Européen. Probablement, le climat international de l'époque [milieu du XXesiècle] a-t-il aussi facilité les efforts des « européens » (Meynaud, Groupes pression Fr.,1958, p. 268).
Prononc. et Orth. : [øʀ ɔpeε ̃], fém. [-εn]. Ds Ac. 1762-1878. Étymol. et Hist. 1563 adj. europien (Bonivard, Advis et devis des lengues, p. 23 ds Gdf. Compl.); 1721 subst. Européen (Trév.). Dér. de Europe (lat. Europa); suff. -éen (v. -ien). Le lat. class. connaît l'adj. europaeus et le b. lat. europensis. Fréq. abs. littér. : 2 232. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 305, b) 2 921; xxes. : a) 1 618, b) 3 280.
DÉR. 1.
Européanisme, subst. masc.Tendance à considérer les choses à l'échelle de l'Europe, à leur donner un caractère européen; plus particulièrement, tendance favorable à l'unification de l'Europe; doctrine correspondante. Un chauvinisme à la Déroulède qui n'est adouci par aucun européanisme (R. Château dsL'Œuvre,15 avr. 1941).Rem. Qq. dictionnaires (Gilb. 1971, Giraud-Pamart Nouv. 1974) enregistrent une autre forme synon., européisme, subst. masc. Jeunesse allemande et « indice d'européisme » : une statistique sur l'attachement des Allemands à l'idée d'unification de l'Europe (M. 3.1.68 ds Gilb. 1971). V. aussi antécédent, ente, ex. 2. [øʀ ɔpeanism̥]. 1reattest. 1807 européanisme (Napoléon ds Madelin, Talleyrand, II, XVIII, p. 190); dér. avec suff. -isme* du rad. lat. corresp. à européen.
2.
Européennement, adv.a) À la manière de l'Europe, des Européens. Les aventures de milord Édouard sont une des idées les plus européennement délicates de cette œuvre (Balzac, Fille yeux d'or,1835, p. 387).b) À l'échelle de l'Europe, par toute l'Europe et ses habitants. Les œuvres (...) universellement ou du moins européennement significatives sont l'objet d'un intérêt passionné (Valéry, Entr.[avec F. Lefèvre], 1926, p. 89). 1reattest. 1833 (T. Gautier, Jeunes Frances, 78 ds Mat. Louis-Philippe, p. 327); de européen, suff. -ment2*.
BBG. − Darm. 1877, p. 122 (s.v. européennement).Dub. Dér. 1962, p. 35 (s.v. européisme).Quem. DDL t. 1 (s.v. européennement).